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Le doute et la conviction

À Richard Martineau qui, dans sa chronique de cette semaine, dit qu'il est d'accord avec moi sur le fait qu'il faille douter (ma chronique de la semaine dernière se portait à la défense de ceux qui n'écartent pas du revers de la main toute théorie de complot) en précisant qu'il faut aussi douter de la gauche. Bien d'accord aussi. Et c'est vrai que la tendance à voir la paille dans l'oeil du voisin mais jamais la poutre dans le notre est bien enracinée, réduisant trop souvent les débats à des guerres de clans qui n'avancent à rien. Mais il y a néanmoins un réflexe qui m'agace, c'est de faire tout s'équivaloir. Y'a des crosses à gauche comme à droite, bien sûr. Y'a des conflits d'intérêts et de la démagogie aussi chez les écolos. Le PQ n'a pas été exemplaire dans son financement. Al Gore a des liens avec l'industrie du sucre. Mais est-ce une raison pour se dire que tous les politiciens sont des pourris et ne plus voter, ne jamais manifester ?

Si on cherche la pureté, on va chercher longtemps. Et le cynisme n'a jamais rien fait changer. En bout de ligne, c'est peut-être triste à dire, on a la responsabilité de choisir le moins crosseur. Ou, pour être plus précis, le crosseur qui nous rendra collectivement le plus grand service.

Qui est le plus dangereux, celui qui organise une manifestation contre le Suroît et qui a des parts dans une compagnie d'éoliennes, ou celui qui nous dit qu'il faut scrapper Kyoto parce que ça ne marche pas et qui a des parts dans une compagnie pétrolière ? J'ai lu quelque part qu'au Brésil, ce qui a fait la différence en faveur de la fin de l'esclavage, ce fut le lobbying de fabricants de tracteurs. Eh oui, des fois, pour tirer une belle idée, ça prend le tracteur de l'intérêt personnel…

Cela dit, gardons l'oeil ouvert. Et le bon.