L'ex-ministre péquiste Jacques Brassard y est allé d'une lettre d'opinion assez raide hier (31 août) au sujet de plusieurs souverainistes. Richard Martineau y fait d'ailleurs référence sur son blogue.
M. Brassard écrit
…j'ai toujours été mal à l'aise avec les postures et les lieux communs tiers- mondistes, anti-américains, pacifistes et antisionistes du mouvement souverainiste.
Ben oui, il y en a, à gauche, qui, pour toutes sortes de raisons autant idéologiques que psychologiques, dénigrent systématiquement et sans trop analyser la situation toute position américaine. Mais attention, quand on parle d'anti-américanisme. Les vrais anti-américains, ils gueulent "mort à l'amérique!" avec des kalashnikov à la main. Ce n'est pas parce qu'on critique le régime Bush qu'on est anti-américain. Est-ce que Ralph Nader est anti-américain? Je sais bien que certains ténors républicains le soutiennent mais ça ne tient pas la route. Pour moi, un anti-américain est quelqu'un qui déteste TOUS les américains justement parce qu'ils sont Américains. Qu'on parle alors d'anti-républicains (au sens étatsunien du terme). Est-ce que ceux qui s'opposent aux politiques de Charest sont antiquébécois? Ne travestissons pas des positions politiques, même simplistes, en positions racistes.
Moi, ce qui m'énerve, c'est de voir à quel point on cherche plus à trouver des ennemis que des solutions. À quel point on cherche la faille dans l'esprit du voisin. Satan ne s'est jamais si bien porté. Pour une bonne partie de la droite, c'est Ben Laden, le Hezbollah, Castro, Chavez. Pour la gauche, c'est Bush, le gouvernement israélien, Harper, Charest. Et chacun de fouiller le cuir chevelu de son prochain pour voir s'il n'aurait pas un 666 quelque part. Vous soutenez la théorie du complot sur le 11 septembre, la défaite référendaire de 95 ou la mort du char électrique? Vous êtes un sombre suppôt des forces de l'ombre, au mieux par une dangereuse naïveté. Vous êtes pour la guerre en Irak, pas souverainiste et contre les avenues piétonnières? Vous êtes un méchant impérialiste anglo-saxon assoiffé de pétrole.
C'est d'ailleurs ce que fait Jacques Brassard en assimilant la présence de Boisclair et Duceppe à la manifestation pour la paix au Liban à des réflexes antiaméricains et anti-Israël. Sans doute qu'ils ont été un peu désinvoltes face aux drapeaux du Hezbollah. Mais on a aussi appris récemment que le Hezbollah n'était pas qu'une organisation terroriste. C'est en même temps une organisation sociale qui aide les classes les plus défavorisés du Liban. Ainsi donc, son succès ne tiendrait pas au fait que les musulmans soient génétiquement prédisposés au fanatisme mais bien que le Hezbollah répond à des besoins alors que personne d'autre ne s'en occupe. C'est le FLQ en même temps que l'armée du Salut. Faut quand même penser à ça quand on parle du Hezbollah. Et puis, "Satan" Nasrallah a quand même admis qu'il regrettait d'avoir ordonné l'enlèvement des deux soldats israéliens. Même si ce n'est qu'un geste de relations publiques, ça faisait du bien de voir ça. Puis-je le dire sans passer pour un anitsioniste? (qui, en passant, semble ici servir d'euphémisme pour autre chose…)
Mais on est tellement bombardés d'informations de toutes parts qu'on ne sait plus où donner de la tête. Personne n'a le temps de s'informer à fond sur tous les dossiers qui captent notre attention. Alors, on réagit par esprit de clan, délit de faciès. Sharon a l'air d'un gros dégueulasse? C'est donc un boucher raciste. La gueule de Chavez vous donne des frissons? C'est donc une réincarnation latino de Staline.
J'ajouterai ceci, cependant. De ces deux "postures", il en est une, clairement, qui bénéficie d'appuis en haut lieu. Quand on critique les excès de la gauche, on se retrouve à La Presse, dans les grands partis politiques, dans les grosses jobs. Quand on critique les excès de la droite, on est confiné à L'Aut'Journal, à l'Option Citoyenne et aux spectacles-bénéfices d'organismes sans but lucratif. Je veux bien croire que, dans un cas comme dans l'autre, il puisse y avoir aveuglément idéologique et conformisme de clan. Mais faut quand même admettre qu'il y a un conformisme qui rapporte plus que l'autre…
Alors, au-delà de toute pensée indépendante et rationnelle, se développe une sorte de canyon idéologique. D'une part, on s'embourgeoise dans le mépris de tout ce qui exprime une révolte, dénonce une injustice, ou qui veut changer l'ordre établi. D'autre part, on se complait dans la victimisation, on se fait des gros partys de "wishful-thinking" et on se radicalise.
Si on laissait un peu la lutte entre le bien et le mal à la lutte, justement, genre WWF. Je propose une autre grille d'analyse. La lutte entre le mieux et le pire. Les Talibans chassés du pouvoir en Afghanistan, c'est un mieux. La guerre civile et une pépinière à terroristes en Irak, c'est un pire.
Pour faire plus québécois, j'aurais pu parler de la lutte entre le "pas mieux" et le "pas pire", mais ça deviendrait un peu mélangeant…
Quand on critique les excès de la droite, on se retrouve aussi dirigeant ou fonctionnaire syndical, professeur d’université ou de cégep ou d’école secondaire (prêt à endoctriner les étudiants contre le libéralisme avec des documents préparés par le syndicat), fonctionnaire d’une ONG, journaliste au Devoir ou à Radio-Canada ou à Radio-Québec (si on affirme que seul le point de vue de la droite se retrouve dans La Presse, on peut dire que seul le point de vue de la gauche se retrouve dans ces médias), écrivain, chanteur « engagé » (il y a une belle part de marché à aller chercher).
Il y a là aussi un conformisme qui peut rapporter gros.
J’exécre toutes les tendances manichéennes qui veulent que tout ne soit que noir ou blanc. Du genre des faucons de Busch qui lui ont soufflé son fameux « si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous ». Comme si on ne pouvait pas être plus nuancé.
Je ne suis pas anti-américain. Je suis anti-droite-chrétienne ou anti-républicain. Je ne suis pas anti-sémite, je suis anti-likhoud.
Est-ce que ça se peut qu’on soit contre tout les partis qui se fondent sur la religion? En tous cas, c’est ce qui anime ma position face aux politiques belliqueuses de tous ceux qui se réclâment de Dieu pour gouverner…
C’est asez simple…USA, Israël, Afghanistan, Iran,pour moi c’est du pareil au même. Un tas de fanatiques qui gouvernent par la terreur…
Merci M. Parenteau d’exprimer si bien ce que je pense aussi.
Bravo!
Les Vulgaires Machins:
« Je m’appelle Guillaume »
J’me christ ben de Bouddha
J’me christ ben des marxistes
J’me christ ben que tu te christ
de mon nihilisme, de mon athéisme
J’me christ ben de l’islam
J’me christ ben de Jésus Christ
J’me christ ben que tu te christ
de mon nihilisme, de mon athéisme
C’est inutile qu’on me lapide
je n’ai pas de ciel
de deuxième vie
ou de ténèbres
c’que tu vois comme
un lieu d’attente c’est mon paradis
j’ai pas besoin d’me repentir
je suis innocent
je connais le vice
je ne suis pas complice
et dans le temple
les seuls dieux sont les banquiers
J’me christ ben des sionistes
J’me christ ben des communistes
J’me christ ben des tamtams
et des socialistes, et des anarchistes
si y’a pas de juste milieu
si y’a pas de modèle valable
si tout l’monde a raison
chacun dans sa vision
et bien je m’en christ
chus peut-être trop naïf
peut-être trop pacifiste
chus peut-être trop naïf
peut-être trop neutraliste
chus peut-être trop naïf
de rêver aussi fort
chus peut-être trop naïf
y’é peut-être déjà trop tard
Je relis ma réaction d’hier matin et me sens un peu mal à l’aise de ne vous avoir transmis que ce qui m’a irrité de votre billet. Il est excellent. Je suis bien d’accord avec le fond, soit qu’il faut cesser de démoniser l’autre camp.
Une solution pourrait être de convenir que malgré qu’il y ait des salauds d’un côté et de l’autre, l’immense majorité des gens poursuivent tous le même objectif, soit l’amélioration de la société. C’est sur les moyens pour y arriver que nous divergeons d’opinions.
Je trouve que Brossard exprime à sa façon un malaise que j’éprouve de voir des extrémistes même chez nous. Je préfère les gens qui nous aident à refléchir que ceux qui se savent qu’attiser la haine. Peut-on remettre en question certaines idées reçues ?
– les catégories gauche-droite sont peut-être dépassées
– un gouvernement peut être détestable, abominable mais il ne devrait pas être assimilé au peuple entier.
– les religions établies ont causé et causent encore trop de divisions et de conflits qu’elles devraient être questionnées autant que les sectes-bidons
– la cassette des politiciens et des ex-politiciens devrait aussi être scrutée plus attentivement pour en montrer la manipulation.
Quand on critique les excès de la droite on se retrouve au Devoir, sur le plateau de « Tout le monde en parle », à la fête « Nationale »,etc.. Vous voyez M. Parenteau, cette perception de « parti pris » vaut pour les deux camps et nous n’en démordons pas. J’ai des problèmes avec des dirigeants totalitaires qui d’une part enlèvent toutes libertés individuelles sous peine de sévices cruels et qui d’autre part, aident les défavorisés (en autant qu’ils se soumettent à leurs diktats car un défavorisé pris à voler, se fera lui aussi couper la main). Il existe un système de justice en Occident imparfait certes mais qui arrive tout de même à éviter le chaos dans notre monde civilisé où la liberté d’autant de citoyens disparates pourrait facilement nous faire sombrer dans l’anarchie.
…je trouve que voir des gens de droite faire autant de sparages pour éviter d’être assimilés à la droite, c’est symptomatique… et c’est déjà une victoire morale.
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