Depuis qu'Harper est au pouvoir, on entend pas mal plus souvent parler d'armée. Ça ne devrait surprendre personne, comme en fait foi le livre "Le vrai visage de Stephen Harper" (paru aux édtitions Trois-Pistoles) qu'a publié Pierre Dubuc, directeur de L'Aut'journal et ex-candidat du SPQ-Libre à la course à la chefferie du PQ. L'ouvrage détaille les positions qu'a défendues Stephen Harper par le passé. Très instructif. Ça fait voir le casque de Darth Vader au-dessus du visage poupon.
En réponse à ce militarisme évident, au Québec, plusieurs se targuent qu'on soit ici des champions du pacifisme et y voient même la preuve d'une sorte de caractère national pouvant servir de motivation à faire l'indépendance.
Je veux bien mais serions-nous en fait plus pissous que pacifistes? Ou encore, est-ce que le refus de toute violence, plus répandu ici que presque partout ailleurs, on dirait, ne traduirait pas une crainte de s'affirmer? Et si oui, est-ce que ça ne viendrait pas de notre histoire?
J'ai beau être anti-militariste, des fois, le discours de certains pacifistes qui refusent de considérer toute forme de violence me déprime. Il y en a, franchement, t'as l'impression que si les plantes disaient "ayoye!" quand on les coupe, ils préfèreraient mourir de faim. Or il me semble que c'est nier une part essentielle de l'humain.
Un des icônes des apôtres de la non-violence est bien sûr Gandhi. Mais en surfant sur le net, j'ai fini par retrouver une citation qu'il me semblait bien que j'avais entendue de lui.
Là où le choix existe seulement entre la lâcheté et la violence, il faut se décider pour la solution violente. J'aimerais mieux que l'Inde défendît son honneur par la force des armes plutôt que de la voir assister lâchement et sans se défendre à sa propre défaite. Mais je n'en crois pas moins que la non-violence est infiniment supérieure à la violence.
Évidemement, la question qui se pose, c'est celle du diagnostic. Il n'existe pas beaucoup d'occasions où les seuls choix soient la violence ou la lâcheté. Plus souvent qu'autrement, la violence remplace (et très mal) la patience, la négociation et la solidarité. C'est pourquoi je suis fier qu'au Québec, on aie eu de telles manifestations contre la guerre en Irak.
Mais quand j'en entend dire qu'il faut s'interdire d'emblée l'usage de la violence sous quelque prétexte que ce soit, il me semble qu'on ouvre la porte à toutes les agressions. Être plus pacifiste que Gandhi, quand même, c'est encore plus un exploit que d'être plus Catholique que le pape! C'est en fait presque suicidaire. Et c'est drôle, nous sommes aussi des champions là-dedans…
Regardez ce qui se passe au collège Dawson présentement. Tant qu’on n’a pas la violence sous les yeux, on ne réalise pas vraiment à quel point c’est dégueulasse et non naturel. Tout ça, ça n’arrive qu’aux autres et on devient indifférent à la souffrance. Quand donc s’ouvrira-t-on les yeux et le coeur ?
La seule guerre valable à mon avis, c’est celle que chacun devrait faire à ses propres défauts. J’ai réalisé que je m’aide et que j’aide les autres quand je m’attaque à ma propre paresse, à ma propre bêtise, à mon égoïsme, à ma propre propension à juger l’autre, à mon pessimisme, à mes manques d’amour, à mes préjugés, etc. Et croyez-moi, j’en ai plein les bras !
Un héros, c’est celui qui aide son pays par des actions qui vont faire en sorte que ses habitants se portent mieux qu’avant. Le patriote, c’est :
– le médecin qui va sauver une vie
– le chercheur qui va trouver un remède à une maladie
– l’enseignant qui va trouver des façons pour faire aimer l’école et pour faire de ses étudiants des champions
– l’entrepreneur qui va offrir des emplois gratifiants et va enrichir le pays
– le soldat qui va aider les autres pays à être moins dans la misère
– le politicien qui va apporter une qualité de vie meilleure à ses électeurs
– etc.
Un soldat mort, même pour représenter le pays, ne pourra plus aider les gens. Il aura sacrifier ce qu’il a de plus précieux, sa propre vie, pour quel motif au juste ? Le soldat qui revient lourdement handicapé ne pourra pas aider, du moins pas avant un certain temps : il devra plutôt être aidé. C’est sûr qu’il faut leur rendre hommage. Mais il n’en demeure pas moins que la guerre n’apporte que la destruction, le désespoir, des veuves et des orphelins. Sans compter que les ressources naturelles seront encore pillées pour reconstruire les maisons détruites, au lieu de servir à bâtir des habitations pour loger les sans-abris ou aider les familles à faibles revenus.
L’humanisme n’est pas une utopie, mais une NÉCESSITÉ.
Prenez Martin Gray, cet homme extraordinaire. Il a combattu les SS durant la guerre et a survécu. C’est loin d’être une « moumoune » ! Il a aussi été assez fort pour survivre au massacre de 110 membres de sa famille durant la guerre et de la mort de 5 des siens lors de l’incendie de forêt. Qui peut arriver à en faire autant ? Pas moi, en tout cas. Aujourd’hui, il s’investit auprès des jeunes et dans d’autres oeuvres humanitaires. Les bonnes oeuvres, ce n’est pas juste pour les mémés de 80 ans qui tricotent !
La force qui l’habite est incroyable. L’amour aussi.
Il prône plus que jamais la paix. Il répète dans son dernier livre que l’amour est plus puissant que la violence. L’écouterons-nous ?
Quelqu’un qui s’attaquerait à Martin Gray aurait le monde entier contre lui. La force du bourreau deviendrait donc une grande faiblesse.
Vous me direz que les Tibétains, ces grands pacifistes, sont attaqués par la Chine qui, elle, ne fait pas dans la dentelle. Ils ne mobilisent que quelques défenseurs. Vous me direz qu’Amnistie Internationale fait état de cas où des pacifistes sont torturés dans l’indifférence générale. Vous me direz qu’au Rwanda et au Darfour, peu de gens se sont levés pour arrêter le massacre. C’est vrai. Et tellement absurde. C’est cette faiblesse qui rend les bourreaux plus fort. Mais s’élever pour contrecarrer toute cette merde, ça prend des couilles. Et c’est ça, la force.
Je souhaite que cette vraie force finisse par nous habiter. La soi-disante force qui veut nous détruire est une faiblesse. Gagnera-t-elle sur celle qui nous fera grandir ?
Un homme a déjà dit :
Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire.
Tout le monde devrait écouter cet homme. Cet homme est nul autre que Einstein.