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C’est la faute aux écolos

Non mais, on croit rêver. Depuis des années que les compagnies forestières exploitent le bois, font de la coupe à blanc, montant toujours plus au Nord, jusqu'à la limite des arbres. Et maintenant qu'arrive finalement l'alignement de planètes qui fait que la récolte n'est plus rentable, ils viennent quêter au gouvernement et se plaignent des écologistes. Des fois, quand je vois leur porte-voix se faire aller, ils me font penser à Dave Hilton face à son procès et à sa condamnation. Ils nient, ils nient, ils nient, ce n'est pas de leur faute, c'est un complot des écolos qui veulent nous ramener à l'âge de pierre, vous ne comprenez rien à la forêt, rien à l'économie…

Et bien sûr, les otages de ce chantage, ce sont les travailleurs à salaire, ces précaires qu'on vire quand on n'en a plus besoin, dès qu'il n'y a plus de bois ou qu'il ne se vend plus parce qu'il n'est plus compétitif. La revendication, ici, est simple: "Laissez-nous prendre tout ce qu'on veut au rythme qu'on veut sinon, on vire tout le monde et on crisse toute la région dans le marasme pour des décennies." Et il y a du monde pour les trouver crédibles.

C'est vrai que, souvent, quand il est question de protection de la forêt ou de tout autre écosystème ou richesse naturelle, les artistes et autre portes-parole écologistes pèchent par angélisme. Dans les spectacles-bénéfice de toutes ces causes, on dénonce les exploiteurs, on défend les oiseaux, les grenouilles et les orignaux, ne tuons pas la beauté du monde, j'ai planté un chêne et toutes ces nobles considérations. C'est bien beau mais ça donne parfois l'impression que ces militants souhaiteraient ramener tout le Québec au bon vieux temps des lampes à l'huile et des campes de chasse. Et puis, ça donne une prise aux crosseurs cravatés de tout acabit qui peuvent ensuite les pointer du doigt comme de fieffés nostalgiques qui préfèrent sauver un porc-épic plutôt qu'un emploi.

Mais ce n'est pas de ça qu'il s'agit. Je n'ai rien contre le fait d'exploiter la forêt. Je ne veux juste pas qu'on nous la vole. J'ai l'impression que si on avait confié la gestion de la forêt à une coop de travailleurs, ils auraient mieux protégé la ressource. Parce que c'est leur gagne-pain. Ils auraient sans doute choisi de couper moins, de couper mieux, de moins travailler mais de conserver leur emploi, leur mode de vie, leurs villages. Mais les compagnies forestières veulent maximiser leurs profits pour leurs actionnaires. Quand il n'y aura plus de bois, ils iront en trouver ailleurs, n'importe où dans le monde, ou ils investiront les millions qu'ils auront sucé dans nos forêts dans quelque chose d'autre de plus rentable. Next!

Et pour s'assurer qu'on ne les astreindra pas à plus de responsabilité, ils profiteront de chaque crise, de chaque prétexte, de chaque impression de ralentissement pour discréditer ceux qui proposent un autre modèle que leur exploitation pressée.

Les Guy Chevrette, les Jacques Brassard, et maintenant le ministre Jean-Pierre Blackburn qui accusent les écologistes participent tous à cette logique. Ce qu'il nous disent c'est: "si vous essayer de nous empêcher de maganner les régions comme on veut, on va les tuer". Si c'était rien que de moi, je leur fermerais tous la gueule en nationalisant. Ouste. Ne touchez plus à notre bois. La prise d'otage est terminée…