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A quand les élections, Monsieur Charest?

Alors que gronde dans la rue la clameur provoquée par des dizaines de milliers d’étudiants toujours en grève, on a perçu un murmure d’un tout autre ordre la semaine dernière dans les corridors de l’Assemblée nationale, soit la rumeur que des élections pourraient être déclenchées au Québec dès le début de l’été. Le gouvernement Charest fêterait en décembre prochain la fin de sa quatrième année au pouvoir, mais il semble que le premier ministre n’envisage pas d’ajouter une cinquième année à ce mandat… il se voit plutôt célébrer Noël avec la confiance renouvelée des Québécois; ou les deux pieds sur le poêle, à la retraite, en fonction de la décision qu’il prendra de se représenter ou non, et du choix que le Québec prendra à son tour de le réinvestir dans ses pouvoirs ou non.

Ces murmures à saveur électorale nous sont pourtant familiers, puisque pas plus tard qu’à l’automne 2011 on ruminait de possibles élections qui se seraient tenues en ce moment même. Force est de constater que M. Charest a changé d’idée. Au Québec, la prérogative du déclenchement des élections est réservée au premier ministre. Et à lui seul! Ses ministres nous ont assez rappelés au cours des dernières semaines que c’est M. Charest qui déciderait du moment où il se rendra chez le lieutenant-gouverneur Pierre Duchesne pour lui demander de dissoudre l’Assemblée nationale.

Cette manière de fonctionner fait en sorte que, dès le moment où un gouvernement passe le cap du mi-mandat, on commence à spéculer sur la date des prochaines élections. Les experts lancent alors dans la discussion un paquet de facteurs susceptibles d’influencer le principal intéressé : dossiers chauds à venir dans l’actualité, position de force ou de faiblesse chez les adversaires politiques, les saisons (qui voudrait d’élections en pleines vacances de la construction?), le Canadien en série (ou pas), tout y passe! Dans le cas qui nous occupe, la lune de miel que François Legault a vécu avec l’électorat à l’automne dernier a probablement incité M. Charest à se montrer un peu plus patient pour un nouveau mandat… et à prendre quelques semaines pour faire le tour du Québec (et du monde) pour bâtir une conjoncture favorable autour du Plan Nord, qui risque d’être un des thèmes centraux de la prochaine campagne libérale. Une belle campagne de publicité payée à même les fonds publics! C’est chien, mais c’est légal, comme on dit.

La solution à toutes ces incongruités est bien connue, il s’agit d’instaurer au Québec des élections à date fixe, comme cela se fait d’ailleurs dans la plupart des provinces canadiennes et pour les élections fédérales. Les participants au dernier Sommet Générations d’idées ont d’ailleurs statué en faveur de la proposition pour des élections à date fixe. La proposition est aussi suggérée par les principaux partis d’opposition provinciaux (PQ, CAQ, QS). En attendant une réforme plus complète de notre mode de scrutin, un système d’élections à date fixe est un incontournable premier pas dans l’amélioration de notre système démocratique. Fini le jeu du chat et de la souris avec la date des élections, les points de presse du premier ministre pourront désormais être consacrés aux enjeux plus fondamentaux… Qu’en pensez-vous, M. Charest?