Il y a quelques semaines à peine, je soulignais dans ce même blogue le troublant hasard entre l’apparition simultanée dans l’actualité de Pierre Poutine, fraudeur fictif pendant la dernière élection générale au Canada, et son lointain cousin Vladimir, lequel était redevenu président de la Russie après quelques tours de passe-passe constitutionnels, qui faisait face à des manifestations monstres dans les rues de Moscou. Je me trouvais bien drôle…
Je la trouve pas mal moins drôle aujourd’hui.
Cette fois, c’est notre désormais indigne premier ministre Jean Charest qui a cru bon s’inspirer de son mentor Poutine pour imposer une loi spéciale qui verse dans l’autoritarisme au Québec. Alors que M. Poutine, ancien directeur du KGB, entreprend d’encadrer sévèrement le droit de manifester via un recours à des amendes grotesques (12 500 € pour des personnes physiques), M. Charest et son armée de pantins bien dressés agissent de manière semblable au Québec avec une loi dénoncée de toute part. Pas rassurant, quand on est rendu à comparer le Québec et la Russie, qui n’est pas particulièrement un havre de démocratie.
J’ai eu pendant quelques heures le naïf espoir que quelques soldats libéraux quitteraient la barque, dégoûtés de la dérive autoritaire de leur chef et de son état-major. J’ai fait pression sur ma député libérale, Maryse Gaudreault, en me disant qu’elle faisait probablement partie des « mous » qui ont peut-être réussi à garder un semblant de préoccupation pour la démocratie… Je n’avais même pas envisagé que l’escadron caquiste se rallierait, queue entre les jambes et langue à l’air, après quelques petites modifications cosmétiques au projet de loi, juste pour dire. Les individus qui ont appuyé ce projet de loi en porteront l’odieux pour les années à venir! Honte à eux.
L’amiral Charest a créé la crise de toutes pièces en la laissant pourrir, tout le monde s’entend là-dessus. Il est l’ultime responsable. Il n’est plus question de la hausse des frais de scolarité, mais bien de protéger les institutions démocratiques qui nous distinguent des pays totalitaires comme la Russie. Vendredi, le président du Barreau du Québec a dénoncé toute la journée ce qui n’était alors qu’un projet de loi, expliquant clairement les atteintes aux libertés fondamentales garanties par la constitution et les chartes. En direct à la radio au moment où le vote se terminait, M. Masson a soudainement changé radicalement son discours, visiblement mal à l’aise, pour se rallier à l’ordre établi et appeler au respect de la loi. En soirée à Gatineau, les gens de tous âges hésitaient à venir manifester leur désaccord, se questionnant sur les conséquences de l’application de la loi. Vous trouvez ça normal?
À ceux qui donnent leur appui à cette loi matraque, tannés de voir les étudiants dans les rues, je rappelle que les limitations aux droits fondamentaux s’appliquent à eux aussi, à ceux qui voudront protester contre le Plan Nord, pour la fierté gaie ou pour leurs conditions de travail. Aujourd’hui ça fait votre affaire, mais il arrivera un jour où vous voudrez sortir dénoncer quelque chose. C’est maintenant qu’il faut s’assurer que cela reste légal!
À la junte libérale au pouvoir, à caporal Gaudreault ma député et à tous les autres, qui ont pris 30 mois pour s’attaquer à reculons à la gangrène de la corruption qui les dévore de l’intérieur, mais qui crachent volontiers au visage d’une génération et qui ridiculisent sans gêne sa population en affirmant vouloir rétablir l’ordre social : FOUTAISES! Vous ne faites qu’envenimer les choses, nous savons que vous en êtes conscients et je vous en tiens personnellement responsables. La Loi 78 est une véritable déclaration de guerre et je refuse de sacrifier une partie de mes libertés fondamentales pour apaiser la soif de vengeance de l’amiral Charest. Je vais prendre les moyens pour lui faire savoir.
Je vous invite à faire de même!
La Loi 78 empêche les gens de manifester leur mécontentement selon leurs convictions les plus légitimes. En cela, elle limite nos droits de manifester. Toutefois, rien ne nous empêche d’exercer notre droit de parole. Lorsque la prochaine campagne électorale débutera, je propose que les opposants au parti libéral, en particulier ceux qui ont été brimés dans leurs droits fondamentaux, constituent, en petits groupes de deux ou trois, des « commandos de parole ». Rien ne sert plus de manifester dans les rues, même en accord avec la loi 78, si la population ne comprend pas ce qui se passe. Les libéraux croient la majorité derrière eux. Mais si, au cours de la prochaine campagne, les gens entendent un peu partout (dans le métro, dans les centres commerciaux, dans les autobus) deux ou trois personnes échanger sur les dossiers chauds de la corruption, du mensonge éhonté et de la désinformation au sujet de la hausse des droits de scolarité, du caractère anticonstitutionnel de la Loi 78) , cela aura peut-être u impact direct sur l’opinion publique autrement manipulée par La Presse et le Journal de Montréal. Le gouvernement ne pourra pas interdire ces commandos de la parole. Avez-vous remarqué combien les wagons de métro sont souvent silencieux? Laissez libre cours à la parole informée, nuancée, à la pédagogie politique. Petit à petit, cela aura un impact beaucoup plus fort si le nombre y est que n’importe quelle manifestation. C’est bien ce que les dissidents soviétiques avaient compris, et c’est ce qui a contribué à mener à l’implosion du totalitarisme : la culture souterraine est impossible à mater.
Wow. Re-Wow.
Et en plus Charest se sert des » médias » » de son papy Desmarais pour nous insérer dans le coco un sondage des plus douteux sur le taux d’ appréciation de sa loi 78 . ET le plus effarant c’est que cela semble fonctionner ! La majorité des gens ne lisent jamais les détails des sondages se contentant de lire le GROS titre et d’ avaler la couleuvre immédiatement !
» 65 % des québécois sont POUR la loi 78 ben moué çi d’abord »
Quelle tristesse !
Salut M.Léveillé
La pelote à terre.
Le simple fait que Charest s’incruste au pouvoir allant jusqu’a soliciter un 4e mandat est assez inusité au Québec surtout avec le taux d’insatisfaction qui le poursuit dans les sondages.
Faut avoir du front tout le tour de la tête ou une bonne dose de Poutine dans le ventre pour être aissi méprisant.
Tel qu’indiqué clairement dans votre déclaration de guerre, Soldat Léveillé, les citoyens qui, désireux de faire valoir leur droit de manifester pacifiquement, ne sont pas que des étudiants.
Ils sont aussi des pères de famille, des comptables, des avocats, des infirmières, des policiers, des prestataires de l’aide sociale..ah et également certains sont étudiants.
Ces gens, en manifestant, désirent affirmer une chose, autrement leurs manifestations ne devraient pas êtres légales : » JE / NOUS ne sommes pas en accord avec la décision XYZ. » que ce soit à l’encontre d’une autorité gouvernementale ou d’une entreprise privée.
Or comment voulez-vous, dans une société éduquée, juste et démocratique, que ce JE ou ce NOUS ne puisse être pris en compte par l’autorité contestée si les gens qui désire s’affirmer se couvrent le visage, clâmant désirer garder l’anonymat ?
Quel est l’avantage de manifester et donc d’aller défendre ses convictions personnelles en public, en se cachant le visage, si ce n’est que pour faire de la casse / manifester malgré une interdiction inscrite dans un engagement suite à une accusation précédente ? ..Je me le demande bien.