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Au-delà des beaux discours

Dès le début de cette campagne électorale, le thème de la lutte contre la corruption a pris toute la place. De plus, l’entrée en scène de Jacques Duchesneau comme candidat braque davantage les projecteurs sur ce thème. Sans vouloir amoindrir l’importance du récent conflit étudiant, il est de bonne guerre que le sujet qui a retenu l’attention du public au cours des 3 dernières années se retrouve au cœur de la campagne. Des dossiers tels que les gaz de schiste, l’affaire Tomassi, le scandale des garderies, la collusion dans le monde de la construction et la nomination des juges (Commission Bastarache) ne doivent pas être passés sous silence à l’heure de faire le bilan du dernier mandat du gouvernement libéral.

Dans un tel contexte, tous les partis politiques se présentent en champions de la lutte contre la corruption. Mais les mesures concrètes qui sont proposées sont-elles à la hauteur des beaux discours? Rien n’est moins certain.

Outre la candidature de Jacques Duchesneau, la CAQ propose de déposer un projet de loi omnibus sur l’intégrité (la loi 1 de la CAQ). Ce projet de loi propose une série de mesures peu détaillées : créer un poste de commissaire responsable de l’intégrité de la vie publique, abaisser à 100$ par personne la contribution maximale à un parti politique, obliger les municipalités de plus de 50 000 personnes à créer un poste de Vérificateur Général (ce seuil est actuellement à 100 000 personnes) et forcer la divulgation publique de tout dépassement de coûts pour les contrats publics. Finalement, « les municipalités pourront annuler des appels d’offres lorsqu’aucun soumissionnaire n’aura présenté de prix raisonnable par rapport aux estimations initiales.”

Quant à Jean Charest, il s’accordait lui-même la note de 8 sur 10 pour la prestation de son gouvernement en matière de lutte contre la corruption. Nous ne pouvons pas nous empêcher d’esquisser un sourire en entendant une telle déclaration dans la bouche de l’homme qui a tout fait pour empêcher la création d’une Commission d’enquête sur le milieu de la construction. Nous notons au passage qu’il se place dans une situation de conflit d’intérêt en se donnant des notes à lui-même. En ce qui a trait à la plateforme électorale des Libéraux, elle ne fait pas mention de la lutte contre la corruption. Les Libéraux ne semblent pas partager avec la majorité des Québécois la volonté de faire de la lutte contre la corruption l’un des objectifs principaux du prochain gouvernement du Québec.

Sur sa plateforme électorale, le PQ s’engage quant à lui à « s’assurer que la Commission Charbonneau fasse toute la lumière sur la corruption apparente dans l’industrie de la construction ». Le parti propose également d’abaisser le montant maximal d’une contribution à un parti politique de 1000$ à 100$.

Quant à QS et l’ON,

Il convient donc de constater qu’à l’exception de QS et d’ON, les « principaux » partis politiques se gargarisent de beaux discours mais ne livrent pas de propositions concrètes qui seraient à la hauteur de ces discours. Serait-ce parce qu’ils ne savent pas comment s’y prendre pour « faire le grand ménage »? Ou plutôt parce qu’ils n’ont pas intérêt à le faire?

Est-ce que les partis politiques seraient prêts à considérer à rendre leur financement exclusivement public? De cette manière, aucun individu ni entreprise ne pourrait donner de l’argent à un parti et en attendre quelque chose en retour. Est-ce que les partis politiques seraient prêts à s’engager à démettre immédiatement de ses fonctions tout élu qui se placerait dans une situation de conflit d’intérêt?

La corruption a miné non seulement nos finances publiques au cours des dernières années, mais également notre confiance collective. Le sujet mérite que les partis s’y penchent avec sérieux durant la campagne. Génération d’idées réclame donc plus de clarté et de rigueur en ce qui a trait aux mesures concrètes que chacun des parties compte mettre en place pour lutter contre la corruption au Québec. Qui répondra à notre appel?