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The Tragically Hip au CNA: anti climatique

Soirée drôlement anti climatique que ce concert de la formation The Tragically Hip, hier soir à la Salle Southam du Centre National des Arts. On affichait quasi-complet et ceci constitue une preuve tangible du succès qui se poursuit de plus belle pour la troupe de Kingston, Ontario qui roule sa bosse depuis un peu plus de vingt ans.

Anti climatique, oui. Je m'explique. On proposait tout au long de ces deux heures un mélange de chansons nouvelles et de vieux succès sans toutefois respecter les règles d'usage d'un spectacle rock : ouverture forte et/ou planante, deux ou trois chansons récentes et/ou énergiques, quelques chansons moins connues, quelques ballades ici et là pour changer le rythme… et une finale avec la grosse bombe. Il est vrai que ce ne sont que des conventions non dites et que la formule a souvent besoin de changements, mais dans ce cas-ci, les spectateurs auraient été beaucoup moins déroutés si une certaine convention avait été respectée. Par exemple, leur méga-tube New Orleans is Sinking est arrivé en deuxième dans le spectacle, faisant suite à une chanson de leur récent We Are the same qui ouvrait le spectacle, faisant drôlement penser à du Fleetwood Mac. Puis, on étire un peu trop quelques chansons, à la troisième on a même droit à un Gordon Downie qui va dans la foule (moment savoureux que j'aurais aimé plutôt voir en finale), enjambant les rangées de sièges et faisant participer les fans. À plusieurs moments dans le spectacle, on avait l'étrange impression qu'on allait nous dire : « Thank you Ottawa! You guys are great ! See you next time », même si on n'était qu'au tout début du spectacle.

Il n'en reste pas moins que les musiciens sont tous excellents, que Gordon Downie est toujours aussi charismatique (il fallait le voir jouer sur la scène avec son mouchoir de tissus… qui ramenait aussitôt en tête à la grippe A H1N1). Les Hip nous on toutefois offert un concert inégal, passant du american-rock à la Eagles au college-rock de R.E.M. Si la comparaison avec R.E.M. pèse toujours lourdement sur les épaules de la formation, c'est parce que, à l'exception de rare moments dans leur carrière, ils n'ont jamais su transcender le genre pour rendre leur message universel. Elle restera pour nous le R.E.M canadien, tout simplement parce que sa soeur américaine est plus douée qu'elle.