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Tegan and Sara au Centre Bronson: Parfaite symétrie

Premier constat : il y en a eu de la chanson pendant ce concert de près de deux heures! C'est en quelque sorte la force des deux jumelles : des chansons courtes, punchées et senties. Quand elles dépassent le seuil de trois minutes trente, ce n'est jamais pour les mauvais motifs, c'est que les chansons demandaient qu'on s'y attarde un peu plus longtemps.

C'est avec ce sympathique syndrome de déficit d'attention en tête que Tegan et Sara ont proposé leur spectacle issu de leur plus récente galette d'indiie-pop dense et superchargée, Sainthood. « Si vous avez acheté Sainthood, tant mieux, parce qu'on va faire toutes les chansons de l'album, que ça vous plaise ou non! », lance Tegan, en guise d'avertissement, au tout début du spectacle. Ce qui tombait bien puisque cette sixième galette s'avère drôlement accomplie : treize chansons d'inquiétudes, d'attente et d'espoirs éperdus, de quêtes non résolues… et de refrains accrocheurs. Entre les interventions, les deux chanteuses nous servent des interventions révélatrices du lien qui les unit, parfois bien malgré elles. L'une vient qu'à terminer l'idée de l'autre, l'autre se retire pour laisser la place… (ce qui me fascine, l'interaction singulière des jumeaux, puisque j'en suis un, jumeau). S'en suit quelques révélations de Tegan à propos de son BMX et de son appartement crade dans le pire quartier de Vancouver, mais aussi l'interrogation hilarante de Sara quant à savoir si elle devrait écouter ses propres albums dans ses temps libres.

Entre les chansons de Sainthood, on pige allègrement dans le répertoire en favorisant les préférées : Nineteen, Where does the good go?, The Con et l'excellente Walking with a ghost. Les arrangements sont parfois différents, mais les jumelles connaissent assez bien leur public pour ne pas le déstabiliser en restant fidèles aux chansons de l'album quand il s'agissait de classiques de leur catalogue (Living room). Si Tegan and Sara ont perdu en momentum et en énergie à mi-chemin, une fois passé Hell, irrésistible premier simple de Sainthood, elles ont gagné en profondeur en variant les instrumentations (l'excellente Red Belt, aux accents new wave, très bien livrée par le band) et les tempos.

Au rappel, les sœurs Quinn donnent congé au band (très efficace d'ailleurs : Edward Gowans à la guitare et aux claviers, Shaun Huberts à la basse et Johnny Andrews à la batterie) pour un généreux cinq chansons en version acoustique. Du lot, on retiendra Feel it in my bones, future bombe sur de musique Top 40 qui se retrouve sur le plus récent album du deejay Tiësto, Kaledioscope. Avec ses paroles dévastatrices « I take my heart out of my chest, i don't need it anymore » chantées par une Tegan quasi en transe, il est difficile de ne pas être complètement chaviré.

La première partie, assurée par le duo guitare-batterie An Horse (imaginez un White Stripes où Jack est à la batterie et Meg à la guitare), s'avère efficace et offre assez d'idées et de propositions pour cultiver l'intérêt de l'auditoire et piquer la curiosité (après vérifications, Rearrange Beds, son premier album, est offert depuis le 21 décembre dernier).

Sans fioritures, Tegan and Sara ont pris chacune des personnes présentes ce soir-là par la main, les ont conduites de façon magistrale dans un concert qui, toutes proportions gardées (on est seulement en janvier, diantre!), pourrait s'inscrire dans le top 10 de 2010 des meilleurs concerts donnés à Ottawa. À voir cet été lors de la tournée Lillith Fair.