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La Roux au Capital Music Hall: She’s got the look. Et…?

De toutes les parutions pop britanniques à avoir suscité un buzz dans la presse spécialisée en 2009, l'album éponyme du duo électro-pop La Roux est assurément celui qui s'en est peut-être le mieux tiré d'affaire. Hands de Little Boots est paru dans l'indifférence totale (sa sortie nord américaine est prévue pour mars 2010!), sa pop étant loin d'être ce à quoi la critique s'attendait. Lungs de Florence + The Machine, quoiqu'excellent, n'a pas su à ce jour retenir l'attention du public international. Les autres candidats (Frankmusik, Dan Black, VV Brown, Empire of the Sun), ont littéralement croulé sous les attentes et les spéculations. Ce n'est pas le cas de La Roux : son premier opus a connu un succès monstre dans son Angleterre natal (écoulé à tout près de 400 000 copies et deux titres logés au top 10) et les critiques se sont avérées unanimes.

L'été dernier, lors de son passage au festival Osheaga au parc Jean-Drapeau, La Roux avait séduit. Peut-être était-ce dû à la chaleur tropicale qui régnait et qui se mariait à merveille avec la musique sucrée du duo. Peut-être était-ce tout simplement que les chansons n'avaient pas encore perdu de leur fascinant lustre pop. Quelques mois plus tard, et dans un tout autre contexte (un Capital Musical Hall plein à craquer), le même concert laisse plutôt froid.

Si La Roux est un duo (la chanteuse Elly Jackson et le producteur Ben Langmaid), la rousse chanteuse fait cavalière seule en tournée. Bon, pas vraiment, puisqu'elle est entourée d'un batteur et de deux claviéristes, mais elle semble visiblement laissée à elle-même et c'est probablement là où réside le problème. PendantLa Roux les quelques 40 à 45 minutes qu'auront duré le concert, Jackson se démenait de façon si maladroite qu'à chaque déhanchement tout droit sorti d'une mauvaise vidéoclip des années 80, elle nous rappelait qu'elle ne faisait ses débuts devant public qu'il y a un peu moins de 18 mois. Sa voix, quant à elle, ne tenait souvent pas le coup, Jackson chantant avec une faible voix de tête dans la plupart des chansons. Prenez par exemple Fascination, interprétée à bout de souffle et sans grande passion, pendant laquelle l'interprète a eu recours au playback pour camoufler son manque de tonus. Ceci est loin d'être un crime (majorité des artistes emploie cette technique), soit, mais devant la minceur du spectacle offert, ça ne suscitait que maintes irritations. Les médias ont déjà comparé La Roux à Eurythmics. Dans l'esthétique, oui. Dans le rapport homme producteur et femme chanteuse, peut-être, mais Elly Jackson n'aura le charme sensuel et singulier d'une Annie Lennox.

 Il faut toutefois souligner la puissance des bombes pop que sont les Bulletproof, In for the Kill et I'm not your toy qui font quasiment oublier les faux pas qui ont ponctué la courte performance. Sur disque, le duo a prouvé être une combinaison idéale entre apparence et contenu. Sur scène, le « look » prend malheureusement largement le dessus au détriment de la matière première. Reste à voir si, avec le matériel d'un second album en préparation (qui pourrait inclure des collabos intéressantes avec Heaven 17), La Roux pourra saisir l'occasion d'ajouter une dimension plus sentie, honnête et festive à ses concerts.