Le festival au contraire bat son plein
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Le festival au contraire bat son plein

Ceux qui souffrent de maladies mentales portent souvent un sceau infamant, stigmatisés dans nos sociétés, parias dans nos villes. La culture populaire les dépeint comme des indésirables, on leur associe toutes les déviances. Au cinéma par exemple,  on tombe aisément dans les clichés risibles, pensons à Rainman, à Hannibal Lecter, à The Shining, un fou est toujours à deux doigts de vous poursuivre avec l’écume à la bouche et la hache à la main.  Heureusement, le Festival de film sur les maladies mentales  Au contraire tente d’inverser cette tendance. Le coup d’envoi a été donné hier au Musée des beaux-arts de Montréal et pour souligner cette 4e édition, le festival s’est offert comme porte-parole Christophe Davidson, humoriste ontarien ayant lui-même vécu des épisodes de bipolarité, de psychose et de dépression. Selon lui, il faut être en mesure d’en rire ( des maladies mentales) pour faire tomber certaines barrières.

Le festival frappe fort aussi en invitant Issa  Ibrahim, survivant d’un internat de vingt ans dans un hôpital psychiatrique aux États-Unis, qui vient présenter en film d’ouverture et en première canadienne Patient’s right.  Après s’être sorti des dédales dantesques du milieu hospitalier, Issa Ibrahim nous offre un documentaire fantaisiste tout en musique qui nous plonge dans son univers. Grâce au 7e art, il moque et allègue un discours habituellement grave et lourd, celui du lien entre la violence et la maladie mentale, et brise du même coup plusieurs tabous.

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« Pour la 4e édition du ACFF, nous poussons réellement les barrières. Nous sommes reconnus  pour  traiter  les  sujets  difficiles ouvertement. »  déclare avec fougue Philip Silverberg, le fondateur du festival.

Ce qui nous emballe également c’est la programmation qui ne manque pas d’intérêts.  En exemple, la  première  québécoise de  Krisha, en sélection  officielle  de  la  Semaine  des  Critiques  au  festival  de  film de  Cannes:  « Krisha  est  l’histoire du  retour  d’une  femme prodigue  dans  sa  famille  abandonnée des  années  auparavant, l’histoire  se  déroulant  entièrement pendant  la  turbulente soirée  d’Action  de  grâce ».  A noter que Krisha  Fairchild  sera présente à la projection. Ne manquez pas non plus pour la clôture de vendredi  Têtes animées,  un  programme  qui regroupe des  courts  films animés internationaux (de la Suisse, d’Allemagne jusqu’en Estonie)  et qui tentent à leur façon d’élucider les mystères autour de la maladie mentale.

Lors de la soirée d’ouverture, nous avons eu la chance d’aborder Julie Dufour, psychologue spécialiste des troubles de la personnalité et des troubles de l’alimentation, pour lui poser quelques questions concernant la vocation du festival.

Est-ce que les films sur les maladies mentales sont nécessaires pour déconstruire certains mythes ?

Oui, assurément. Bien que la maladie mentale soit de moins en moins marginalisée, bien qu’on en parle davantage dans les sphères publiques, à la radio, à la télé, reste que trop de stigmates, de stéréotypes et de discriminations visent encore et trop souvent les personnes touchées par la maladie mentale. Imaginez qu’on vous pointe du doigt parce que vous souffrez du diabète ou encore d’un cancer. Chose assez rare, n’est-ce pas ? Les gens ont honte de souffrir mentalement, et il est temps que ça change.

D’un point de vue thérapeutique, recommanderez-vous à vos patients d’aller voir le festival?

D’une part, je le recommanderai de manière générale. Je trouve même dommage qu’on n’en ait pas entendu parler davantage! C’était la quatrième édition cette année et je viens d’apprendre son existence. Certainement que je le recommanderais à mes clients, ne serait-ce que pour qu’ils puissent se reconnaître chez d’autres, se sentir moins seuls, moins honteux, coupables. Ça ne peut que faire du bien!

Évidemment, les gens qui n’ont comme maux que d’être cinéphiles sont les bienvenues ! Du 25 au 28 octobre, c’est au MBAM que ça se passe.

Pour toute la programmation, voir ici.