Charest pouvait aisément décréter un moratoire sur l’augmentation des frais de scolarité jusqu’aux prochaines élections sans perdre la face, ni s’engager au-delà, et ramener la paix sociale.
Il a exclu cette décision rationnelle et apaisante, préférant se montrer fort et rompre les négociations. Depuis quinze semaines, il a ainsi poursuivi une stratégie de pourrissement de la paix sociale. Cette attitude démontre clairement que Charest poursuit une stratégie électorale qui n’a plus rien à voir avec l’équilibre des dépenses et recettes budgétaires des universités. Persuadé de l’échec annoncé de ces fausses négociations, j’ai écrit dans ma précédente chronique que Charest, espérant bénéficier du désordre de la rue, annoncerait des élections pour le début juillet malgré les difficultés de cette date. Je me suis trompé. Comment tiendra-t-il alors la route d’ici les élections si elles ont lieu à l’automne ? Il peut espérer que l’agitation sociale et les manifestations s’amplifient et détournent l’attention des médias des révélations de la commission Charbonneau. Il peut aussi calculer que le tintamarre de la rue lui assure la majorité électorale que son bilan ne lui donnerait normalement pas.
Bref, cette stratégie, qu’il semble poursuivre avec une étrange obstination, repose sur le piège électoral qu’il a ouvert tout grand. Voilà une double contrainte difficile à gérer pour les manifestants. Se démobiliser, c’est donner raison à Charest et assurer sa victoire. Manifester, c’est donner tort à Charest, mais mobiliser cette « majorité silencieuse » invoquée par Charest au soir de la rupture des négociations, et sur laquelle il compte, à tort ou à raison, pour assurer sa victoire électorale ou au moins limiter celle de l’opposition.
L’opposition elle-même a fort à faire pour éviter le traquenard. Elle est solidaire des étudiants, mais ne peut ni soutenir le désordre, ni appeler à l’apaisement comme le fait hypocritement Charest. On ne peut nier dans ce cas l’habileté manœuvrière de Jean Charest, qui pourrait s’avérer efficace. A suivre.
Le piège électoral
Hervé Fischer
Il devient donc primordial que l’opposition (partis et peuple compris) soulève constamment les faiblesses de Charest et du PLQ depuis 9 ans comme leur proximité avec le crime organisé, les écoles juives, la corruption présente dans tous les secteurs du Québec tant au niveau gouvernemental que municipal ainsi que leur collusion avec les entreprises d’ingénieurs-conseils, la corruption dans la construction.
Les augmentations de taxes de toutes sortes ainsi que l’augmentation de la dette du Québec maintenant aux alentours de 200milliards de dollars.
Il faut bien expliquer et bien cibler l’information pour une explication claire à la population jeune et âgée ainsi qu’aux familles etc.
Et surtout il faut être solidaires pour battre ce gouvernement corrompu et dangereux pour le Québec.
Si c’est le calcul de Charest, je pense qu’il se trompe sur toute la ligne. Comme il l’a fait depuis le début du conflit (en croyant que le mouvement allait s’essouffler avec la semaine de relâche, puis les vacances de Pâques, qu’il pouvait diviser les fédérations en personnalisant le conflit et démonisant la CLASSE et GND, en faisant pourrir le conflit en favorisant les injonctions dans l’espoir que la frustration et les affrontements provoqueraient du vandalisme qu’il pourrait utiliser pour justifier, à postériori, son refus de négocier (« Je ne c`de pas à la violence ») et en tentant d’épouvanter les manifestants avec la loi 78).
Parce que force est de constater qu’après 4 mois de conflit, le PLQ n’a pas obtenu plus d’intentions de votes (même dans les sondages discutables de CROP-GESCA). Pire, la loi 78 a provoqué un élargissement de la contestation: les casseroles ne portent plus uniquement sur la hausse des frais de scolarité, mais sur l’ensemble de la « Révolution culturelle » de Bachand et du bilan du gouvernement Charest.
De plus l’histoire montre que lorsque la contestation perturbe longtemps la « vie normale », les tenants du statu quo et du gouvernement sont les grands perdants. Parce que ce que les tenants de « l’ordre » veulent, c’est le « calme » et que leur petite vie ne soit pas dérangée. Si le gouvernement ne livre pas « la marchandise », ils se joignent aux mécontents. Charest n’a rien à gagner à ce que le mouvement continue. Au contraire.
La pire erreur que pourrait faire les étudiants et autres contestataires (à part se tourner vers la violence) serait de baisser les bras.
Parce que là, Charest va apparaître comme « vainqueur », on dira qu’il avait raison d’être intraitable et de refuser toute discussion et les mécontents vont se décourager (au point, pour plusieurs, de ne même pas aller voter).