BloguesHervé Fischer

Saluer la victoire électorale d’Hugo Chavez au Vénézuela

 

Le PSUV, le Parti socialiste uni du Venezuela que dirige Hugo Chavez a donc été réélu, avec dix points d’écart, ce qui est moins que précédemment, mais encore beaucoup pour un troisième mandat. Et personne ne met en doute l’honnêteté de ces élections.

Hugo Chavez est certainement le plus diffamé de tous les chefs d’Etat de la part des démocraties du Nord, comme le soulignait récemment le journal Le Monde.  On l’a bien vu dans des programmes de télévision, dans des chiffres erronés diffusés  dans les médias, y compris à Radio Canada, dans une libre opinion haineuse – un chef d’oeuvre de désinformation – publiée par le journal Le Devoir à la veille des élections.  On traite Chavez de dictateur (bien qu’il soit chaque fois élu très légalement, comme le reconnaissent les observateurs internationaux), on le déteste pour ses provocations contre les riches, pour son engagement socialiste et son amitié avec Cuba. Il est vrai qu’il a mis fin à des générations de domination institutionnelle du Vénézuela par une  minorité bourgeoise exploitant de façon éhontée les classes pauvres avec l’appui des mass médias qu’elle contrôlait tous. Il est vrai qu’il a nationalisé la production pétrolière qui était sous contrôle américain à bas prix avec l’appui des propriétaires vénézuéliens corrompus.  Voilà bien des raisons pour détester Chavez et en dire pis que pendre dans les médias occidentaux de droite.

Il est vrai qu’il a échoué d’abord lors de deux tentatives de coup d’État révolutionnaire et emprisonné. Mais lorsqu’il a été élu légalement en 1998 avec 56% des voix, puis réélu en 2002, il est vrai aussi qu’à son tour il a été victime d’une tentative de coup d’État de la part de l’opposition de droite et arrêté, selon la bonne tradition sud-américaine, qui a vu encore récemment au Paraguay la minorité de propriétaires terriens indûment riches déposer par coup d’état le président Fernando Lugo, démocratiquement élu, parce que celui-ci voulait promulguer une réforme agraire qui aurait permis de redonner aux indiens Guarani des terres dont ils avaient été dépossédés par la force.  Mais Hugo Chavez a été libéré et ramené au pouvoir par les masses populaires. capable de revenir au pouvoir.  Et il essaye de promouvoir une politique sociale à laquelle continue à s’opposer avec acharnement la minorité riche vénézuélienne.

Il faut donc saluer sa victoire et s’en réjouir, car il a été le champion des classes pauvres, qui le considèrent à juste titre comme leur héros. En treize ans, il a consacré 300 milliards à la réduction de la misère au Vénézuela. Il a réduit de moitié  la proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté, qui est passée de 50 à 25% ». Il a instauré une vaste politique d’éducation, avec l’école gratuite pour alphabétiser 1,5 millions de personnes. Il a augmenté de 900.000 à 2,3 millions le nombre d’étudiants dans les universités.  Il a institué pour les pauvres la médecine publique gratuite, et même des prestations pour les femmes enceintes.

Treize années, c’est peu pour relever des défis si grands et il n’a pas réussi partout. Il y a encore beaucoup de narcotrafic et de criminalité liée: plus de 10.000 assassinats en 2011. On lui reproche de dépendre encore trop exclusivement du pétrole pour assurer cette politique, et de ne pas avoir assez diversifié l’économie vénézuelienne. On lui reproche des provocations inutiles, des budgets militaires excessifs. Il est clair qu’il a craint les coups d’État, les interventions américaines, qu’il a été en conflit avec la Colombie à propos des FRAC. Nous sommes en Amérique latine, pas en Suisse. Le contexte est différent.

Mais nous avons aujourd’hui un Vénézuela qui n’est plus soumis aux États-Unis, qui fait sa nécessaire révolution politique,  pour établir plus d’équité sociale. Ce pays connait encore d’immenses difficultés, mais il évolue dans la bonne direction sous la gouverne de Chavez, qui redonne justice sociale et dignité à son immense classe pauvre exploitée et abandonnée à elle-même par les gouvernements de droite qui se sont succédés avant Chavez. Il faut le souligner haut et fort contre tous ses détracteurs ligués. C’est pour cela qu’il faut saluer publiquement l’espoir que sa victoire donne encore à la majorité de la population démunie du Vénézuela.