Nous sommes fascinés par les vertus magiques du virtuel. Au point d’oublier à quel point le réel est extraordinaire et surprenant. Le virtuel a le même pouvoir d’attraction et l’effet pervers de dépendance, que les drogues, dès lors que la réalité nous déçoit. Il est vrai qu’à la différence des drogues, le numérique nous offre aussi un pouvoir instrumental et de connaissance exorbitant. Dieu l’avait aussi. Mais Dieu est passé date.
Cette révolution numérique ne doit pas nous aliéner face au phénomène prodigieux de la réalité et de la vie, comme le fit la religion. Parfois, le virtuel nous semble être devenu « l’opium du peuple », comme disait Marx. Gardons-nous de perdre ce goût de découvrir le réel, d’en jouir et de le transformer, comme nous avions appris à le faire depuis la Renaissance. Pour autant, ma fascination critique pour le numérique demeure entière. Je ne vois seulement pas l’avantage que nous aurions à dévaloriser le réel. Les deux ne s’opposent pas. Ils se complètent. Et c’est leur puissante vertu. Tout est ici une question d’équilibre. Et d’éviter les attitudes binaires trop simplistes.
Revaloriser le réel
Hervé Fischer