Appel a donc choisi pour son logo de réactiver le vieux mythe biblique de la pomme de la connaissance. La pomme d’Ève que mord Adam à pleine dents. Cette pomme de la connaissance du bien et du mal, pomme que Satan fait miroiter à Ève. Cet équivalent biblique du mythe grec de la boîte de Pandore, cette sœur de Prométhée, qui sait qu’il ne faut pas ouvrir cette boîte, sous peine de libérer le mal. L’ordinateur serait-il lui aussi la nouvelle version de ce vieux mythe grec de la boîte de Pandore?
Bravo à Appel pour ce logo génial! La mythanalyse ne saurait ignorer cette réactivation commerciale des mythes archaïques, le biblique et le grec. Le choc du numérique excite les uns, déclenche de nouvelles prophéties de puissance humaine, de posthumanisme, accompagnées de leur foules de désirs et de peurs. Le Satanford Institude est occupé, non sans délices démoniaques, à démêler le meilleur et le pire de notre avenir. La puissance informatique de Apple, et sa séduction insistante, se retrouve bien dans le fameux logo. Mais on ne saurait ignorer l’attraction de Google, avec ses moteurs de recherche dans dans tous les champs de la connaissance, qui devient un nouveau Titan ou Prométhée de notre cosmogonie numérique, ni les chimères et les démons de l’intelligence artificielle, qui nous poussent peut-être dans les bras de l’enfer, s’ils ne nous ouvrent pas les portes du paradis.
Nous nous croyons modernes? Oui, mais en réactivant les vieilles figures de nos mythologies occidentales: Satan et Prométhée, la pomme de la connaissance et la boîte de Pandore. Les hommes recherchent toujours plus de puissance et en prennent les risques, aujourd’hui comme dans les premiers temps.
Bien sûr, l’informatique va – pour le meilleur ou pour le pire – encore longuement continuer à influer sur nos existences. Mais le moment arrive où la révolution de la fin du XXe siècle (qu’aura été la percée informatique) cèdera progressivement le pas à un nouveau bouleversement autrement plus séismique – si pareille chose peut se concevoir…
Quoi donc? L’avènement des nanotechnologies.
Et à côté de ça, la révolution informatique c’est… de la petite bière. Car la nanoscience qui s’amène n’est rien de moins qu’un tsunami qui chamboulera à tous les égards le monde actuel. Et qui obligera à vraiment savoir surfer. Pas pour le plaisir de surfer. Mais pour survivre à la transformation radicale de notre réalité.
Et après le très proche tsunami de la nanoscience, que l’on entend déjà gronder pas très loin à l’horizon (pour peu que l’on prête une oreille le moindrement attentive), l’ultime étape pourrait bien être un inévitable Déluge. D’une ampleur telle que même le tsunami de la nanoscience, malgré sa force titanesque, en sera à son tour relégué à un rôle de hors-d’œuvre avant le plat principal. (Et en ce qui pourrait constituer le dessert, je n’ose même pas imaginer de quoi il pourrait s’agir.)
Je suis un dinosaure arrivé à la soixantaine, un peu perdu et malhabile au milieu de la présente phase informatique. Je me débrouille, mais sans plus.
Par contre, je garde malgré tout l’œil ouvert.
Et même si je comprends très peu à ce que je vois, je sais ce qui se prépare et s’apprête à refaçonner de A à Z notre monde. Et je peux vous assurer, Monsieur Fischer, que bien que l’informatique, le numérique, et toutes les technologies avant-gardistes actuelles aient eu un formidable impact sur nos vies, sur nos façons de faire, nous n’avons vraiment encore rien vu.
Demain risque de ne ressembler que très marginalement à aujourd’hui…