BloguesHugo Prévost

La science, cette vertu

Quelle ne fut pas ma surprise, en début de semaine, d’être cité dans un éditorial de Pascal Lapointe, rédacteur en chef de l’Agence Science-Presse. M. Lapointe y discutait de l’avenir du journalisme scientifique, en parallèle avec la situation des blogueurs du Huffington Post, récemment déboutés dans leur poursuite contre leur employeur pour obtenir un salaire.

Outre la sempiternelle question de la rémunération des journalistes à l’ère du web, M. Lapointe parle plus précisément de l’avenir de la presse scientifique, dont la présence dans les pages des journaux et en ligne s’amoindrit en raison de la réduction des budgets des rédactions, baisse de revenus publicitaires oblige. Les articles scientifiques auront-ils leur place au sein d’une toute petite niche auprès de lecteurs plus fortunés étant capables de dépenser pour obtenir des nouvelles spécifiques, alors que la population en général devra se contenter d’entrefilets?

Outre le fait que toute diminution du nombre d’informations publiées dans les médias est une mauvaise nouvelle pour la profession, cet amoindrissement de la quantité de dépêches scientifiques est de mauvais augure pour la société en général. Pourquoi? Tout simplement parce qu’il est impensable de saisir l’ensemble de ce qui survient sur la planète si l’on oublie tout le côté scientifique de l’actualité. Après tout, l’actualité scientifique ne concerne pas seulement des chercheurs travaillant dans des laboratoires. Comment comprendre le réchauffement climatique, le tremblement de terre en Indonésie ou encore la lutte contre les épidémies de grippe sans des journalistes scientifiques capables d’expliquer, d’analyser et de comprendre les développements dans le domaine?

C’est d’ailleurs la science qui m’a amené à vouloir devenir journaliste; j’aimais l’abstraction, la pureté et le côté toujours novateur des articles scientifiques, particulièrement dans la revue Scientific American. J’avais même écrit au célèbre magazine pour demander des informations sur le parcours universitaire à suivre afin de pouvoir y collaborer un jour…
Ce qui est dommage, cependant – et cette tendance s’accroît avec la disparition progressive des articles scientifiques – est que la science demeure encore aujourd’hui passablement inaccessible au commun des mortels. Certes, il existe quantité de médias et de sites Internet qui embauchent des journalistes dévoués à la vulgarisation scientifique, y compris l’émission Découverte à Radio-Canada, bien entendu. Mais pour combien de temps encore ces passionnés seront-ils à l’œuvre?

Le problème en est aussi un de compréhension. Le chercheur Adam Ruben publiait le 23 mars un excellent texte sur le « parler scientifique », dans lequel il passe en revue les facteurs faisant en sorte que le fossé n’est que rarement comblé entre les scientifiques, aux rapports chargés de tableaux, de graphiques et de descriptions sibyllines, et les lecteurs, souvent laissés pour compte ou contraints de se contenter d’un résumé de quelques lignes.

La science mérite d’être plus accessible, autant sur le plan de la disponibilité des articles que de la clarté des sujets et des textes. Les gens ne sont pas des idiots, loin de là, et ils méritent donc d’être informés comme il se doit. Après tout, il y a tellement de choses fascinantes à apprendre sur la vie et l’univers; pourquoi s’en priver?

Une vidéo de circonstance :