BloguesHugo Prévost

L’objectivité, kossa donne ?

Je suis bien embêté; voilà que jeudi, ma collègue de chez ProjetJ Anne-Caroline Desplanques suscitait une intéressante discussion sur Facebook en demandant carrément s’il était envisageable pour les journalistes, dimanche prochain, d’aller manifester dans le cadre du Jour de la Terre. Pas pour prendre position, précise Mme Desplanques, mais simplement pour indiquer que les journalistes sont là, eux aussi.

Je suis bien embêté, donc, parce que le climat social actuel vient mettre à mal les aspirations d’objectivité auxquelles doivent tendre, selon moi, l’ensemble des journalistes professionnels. J’enfonce peut-être une porte ouverte, mais je crois qu’il s’agit là d’un autre domaine à propos duquel les nouveaux venus – et les vieux de la vieille – n’ont pas été assez formés, et où les entreprises de presse n’offrent pas nécessairement non plus des informations suffisantes sur cette problématique constante.

Oui, me direz-vous, les médias et les enseignants en journalisme offrent des techniques de base pour adopter un ton se voulant le plus objectif possible dans les articles, topos et reportages que nous sommes amenés à produire chaque jour, mais pourquoi ai-je l’impression de parfois partir en quête du Saint Graal en voulant adopter la position la plus objective possible? Suis-je subjectif si je ne présente qu’un seul point de vue dans le cadre d’un article? Brian Myles va-t-il personnellement venir déchirer ma carte de la FPJQ si je choisis, dans un article sur les gaz de schiste, d’offrir plus d’espace dans mon texte aux groupes environnementaux qu’au gouvernement fédéral ou aux représentants de l’industrie?

Le fait de lancer mon propre site de nouvelles m’a d’ailleurs précipité dans un monde où je dois, sur une base quotidienne, décider des sujets qui seront traités ou non. J’essaie de conserver une certaine neutralité mais, encore là, mes intérêts et mes positions idéologiques, journalistiques et politiques dictent implicitement mes décisions. Que faire?

La situation est encore pire sur les médias sociaux, où un tweet mal placé ou un statut Facebook malheureux peut occasionner des problèmes importants. Cela ne fait pas si longtemps, d’ailleurs, que Pierre Sormany se retrouvait dans l’eau chaude après une déclaration quelque peu virulente en réponse à un message publié sur Facebook par ma collègue Lise Millette. Le fait que les politiques d’utilisation des médias sociaux en entreprise ne soient pas toutes identiques ne font d’ailleurs qu’ajouter à la confusion. Pierre Sormany est-il un mauvais journaliste pour autant? Certainement pas. Aurions-nous tous besoin d’établir des normes claires dans ce domaine? Absolument.

Est-il possible d’envisager de pouvoir clore le débat sur l’objectivité une fois pour toute ? La réponse est simple : jamais. Et c’est sans doute ce qui rend le métier si passionnant.