BloguesHugo Prévost

Multiplicité

Multiplicité. Pas le film de 1996 avec Michael Keaton et Andie MacDowell, rassurez-vous, mais plutôt cet intéressant phénomène qui se manifeste peu à peu dans les médias québécois, soit la diversification sur le web des médias traditionnels.

Si la première étape, dans la migration d’un média traditionnel – et plus particulièrement d’un média écrit – vers Internet consistait logiquement à copier-coller le contenu écrit dans les pages du journal ou du magazine sur une page web, l’offre médiatique s’est bien entendu rapidement diversifiée. Transition vers une radio numérique pour les stations, diffusion de contenu intégral ou de bulletins pour les chaînes de télévision… le refrain est connu, et cela permet aujourd’hui à des diffuseurs tels que Radio-Canada d’offrir ses trois médias aux internautes, partout sur la planète.

L’agréable surprise est plutôt de voir l’apparition, par exemple, d’une radio web au Journal de Montréal, qui est entrée en ondes récemment. Bien que, paradoxalement, ramener Gilles Proulx au micro semble ressembler à un retour aux années 1990, si l’on considère le tout d’un angle purement commercial, Québecor a eu parfaitement raison d’investir dans un nouveau studio. En créant un nouveau média web, l’entreprise dirigée par Pierre-Karl Péladeau s’assure de disposer d’un nouveau canal de diffusion pour ses informations et son contenu.

Si le développement multiplateforme de l’agence QMI ne s’est pas toujours effectué sans heurts – rappelez-vous cette vidéo surréaliste sur l’évacuation du siège social de QMI il y a quelques temps -, le développement d’une radio web répond à d’autres impératifs. Aucun besoin, tout d’abord, de tenter de vendre ce produit à d’autres médias: le lien est plutôt direct entre les producteurs de contenu et les auditeurs, et ce peu importe le contenu produit. Québecor évite également de devoir investir dans l’achat d’une station physique, avec les contraintes financières et techniques que cela suppose; adieu, donc, les questions de fréquences et de puissance d’émetteur. Suffit de posséder un micro et un serveur, et voilà!

Pas question, non plus, de devoir affronter le CRTC pour obtenir une licence d’exploitation.

Du côté de La Presse, les artisans du quotidien de la rue Saint-Jacques offrent déjà, depuis quelques années, des capsules vidéo dont la qualité n’a eu de cesse de s’améliorer avec le temps. Il était peu surprenant de voir, d’ailleurs, qu’une offre d’emploi pour un poste de caméraman était récemment affichée.

Cette multiplication des modes de diffusion de l’information sur le web est sans doute ce qui peut arriver de mieux dans le marché médiatique québécois sur-concentré. En évitant de lancer de nouveaux produits physiques ou, pire, d’avaler des produits indépendants déjà existants, pour se concentrer sur le développement des plateformes Internet, ces médias fournissent non seulement des emplois, mais évitent de provoquer une surexposition de l’information sur les canaux habituels. En ce sens, donc, on ne peut que souhaiter que ces idées se multiplient. À quand une radio du Devoir, ou une table ronde filmée pour L’Actualité?