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TIFF 40e édition jour 1: En prison

Image tirée du film Taxi de Jafar Panahi.
Image tirée du film Taxi de Jafar Panahi.

 

La grande prison extérieure


Dans ce troisième film depuis sa condamnation à ne plus tourner en 2010, Jafar Panahi se transforme en conducteur de taxi. Ours d’or au dernier festival international du film de Berlin, il arrive enfin au Canada via ce 40e TIFF. Le procédé est simple, pendant une quinzaine de jours le cinéaste a arpenté discrètement sa ville, Téhéran. En compagnie d’une équipe très légère, il a tourné un faux documentaire sur un cinéaste devenu chauffeur de taxi (lui-même!). C’est ainsi que se déploie sous notre regard charmé les personnes ordinaires de l’Iran de tous les jours : vendeur de DVD pirates, homme et femme ayant une prise de bec sur la peine de mort, duo de femmes avec un poisson rouge et la nièce du cinéaste qui doit elle-même tourner un film auquel on impose des conditions. On ressent toute l’urgence et l’âpreté du régime dans ces scènes où la jeune nièce pose des questions sur les images, le réel et la possibilité de pleinement le documenter. Le film devient alors tragique et l’on prend pleinement conscience du climat d’urgence et de danger dans lequel Panahi crée son cinéma. Il faudra ces paroles franches et dures de la militante des droits de l’homme et avocate Nasrin Sotoudeh (elle aussi interdite d’exercer son métier), que l’on voit apparaître à la fin du film avec des roses à la main, « On ne sait même plus si la prison est un lieu clos ou l’endroit où se déroule notre vie quotidienne. »

Une leçon de cinéma!