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Questions au porte-parole de la CLASSE

Pourquoi le porte-parole de la CLASSE hésite-t-il à condamner les actes de violence comme le vandalisme des bureaux de ministres, les menaces de mort ou d’enlèvements, et autres actes qui ne renforcent en rien le rapport de force que les étudiants en grève cherchent à avoir face au gouvernement?

Jusqu’ici, M. Nadeau-Dubois s’est réfugié soit derrière des querelles de définition («il faudrait d’abord définir ce qu’est la violence» a-t-il dit à Paul Arcand), soit des mandats qu’il a dit ne pas détenir… Si c’est le cas, pourquoi ne convoque-t-il pas d’urgence une assemblée (ou un conseil téléphonique?) pour qu’il obtienne ce mandat si important ?

Car qu’est-ce qu’il y a de plus urgent dans le calendrier de M. Nadeau-Dubois que de rencontrer la ministre de l’Éducation pour en arriver à une solution négociée?

Et il me semble que dans le contexte actuel, la violence n’est pas un moyen qui renforce la cause étudiante. Si condamner celle-ci est la condition suffisante pour rencontrer la ministre, c’est bien peu cher dans ce contexte, et ça vire la pression de bord: c’est maintenant la ministre qui doit négocier avec trois associations !

Je soupçonne que certaines personnes à la CLASSE préfèrent rester campés dans une position d’opposition permanente. Ils sont en conflit avec l’autorité, point. La dure réalité du pouvoir leur fait peur puisqu’ils devront alors accepter des compromis. Cette pureté idéologique les place dans une position de refus de l’exercice du pouvoir. Mais ils devraient plutôt envisager leur combat pour la gratuité scolaire et pour une société plus juste en plusieurs temps: à court terme, il ne faut rien attendre de ce gouvernement, sinon sauver la session en cours et minimiser les dégâts de la hausse en exerçant un contrôle direct sur l’administration et le développement des universités.Ce gouvernement, il faudra le battre aux prochaines élections (j’espère que vous convaincrez alors votre base militante de voter…).

M. Nadeau-Dubois, se cramponner comme vous le faites depuis bientôt 48 heures ne sert pas la cause des étudiants en grève. Cette stratégie a un risque: c’est celui de rester toujours dans la rue à réclamer la gratuité scolaire, sans rien gagner politiquement, ni à court terme ni à long terme. (L’autre coût, c’est le repli). Bien sûr, le pouvoir de la rue est fondamental, la preuve, c’est que ce gouvernement est en train de plier sur certains sujets alors que le Québec n’a jamais connu autant d’intransigeance envers ses étudiants. Les étudiants en grève ont déjà commencé à faire reculer ce gouvernement. Il faut maintenant s’asseoir à la table et participer à la résolution de la crise M. Nadeau-Dubois.

Alors, qu’attendez-vous? Condamnez le recours à la violence, dites que dans le contexte actuel (nous n’en sommes pas rendus à la nécessité de renverser le régime politique par la violence, non?), cette solution dessert la cause étudiante. C’est peu cher demandé pour accéder à la table de négociation. Et vite, le temps presse (vous ne voudriez quand même pas répéter la négo de 2005, lorsque tout s’est joué dans votre dos?).

En politique, la maîtrise du temps est fondamentale: il ne faut pas laisser passer une occasion lorsqu’elle se présente.