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Le glissement vers l’État policier

Woah… Le Québec glisse avec un sourire satisfait et un silence assourdissant vers un État policier. Et nos jeunes résistent durement à ce passage (à tabac) inquiétant.

La police dans les institutions d’enseignement, pourtant temples de la discussion rationnelle. Les dérapages de brutalité de la part des «forces de l’ordre» qui sèment de plus en plus le désordre dans les manifestations pacifiques et qui ne semblent pas maîtriser tout l’arsenal à leur disposition: bombes assourdissantes tirées à hauteur des visages; gaz-poivre garoché directement dans les yeux; balles de plastiques tirées à bout portant et à hauteur d’homme (même en Israël on ne fait pas ça, on préfère tirer dans les articulations – et «ce ne sont que des Palestiniens», peuple méprisé de l’histoire !); matraquage à la tête; arrestations préventives (on se croirait dans Minority report de Spielberg ou dans L’aveu de Costa Gavras); déclarations de manifestations illégales; interdictions de porter un masque dans les manifs; obligation de fournir le tracé prévu des manifestations; utilisation du système judiciaire à des fins partisanes; loi spéciale… D’autres exemples?

Et tout ceci se passe avec le consentement satisfait d’une masse qui méprise sa jeunesse ou qui, par dérives médiatiques interposées, considère les leaders étudiants comme des communistes, des enfants gâtés ou pire, des terroristes!

Il faudra contester ouvertement mais intelligemment ces dérives autoritaires qui s’établissent au nom de la démocratie !

Quand on entend Jean Charest dire qu’avec la loi spéciale, il veut promouvoir pour chacun le droit de mener ses études «dans un environnement sécuritaire et paisible» (a-t-il vu ce qui s’est passé à l’UQO, aux Cégeps de Rosemont ou de Ste-Thérèse?; A-t-il seulement envisagé quelles sont les conditions d’enseignement sous injonction?); ou encore quand on entend ce même mécréant de corrompu nous dire que cette loi spéciale a pour but de rétablir l’ordre et la «paix sociale», on se met à penser à La ferme des animaux de George Orwell, fable dans laquelle on découvre comment l’élite politique au pouvoir peut littéralement abolir le sens des mots.

«Étudier dans un environnement sécuritaire et paisible»; «paix sociale»… Croyez-vous vraiment que la crise sera résorbée par une loi spéciale? Et la jeunesse méprisée, écrasée, brisée, on veut la pousser vers quoi?

Quand cette crise se sera réellement résorbée (j’ai tendance à croire que ça prendra un changement de gouvernement, mais pas la CAQ!), il faudra revenir sur ces dérives autoritaires et construire des remparts pour éviter qu’elles ne s’incrustent dans nos pratiques politiques et nos consciences comme des normes acceptables.

Par exemple, il faudra établir une Commission indépendante et permanente, qui enquêtera sur les plaintes déposées contre les corps policiers, commission sur laquelle des citoyens, des représentants de groupes communautaires et des experts indépendants siégeront. Puis, il faudra abroger ce stupide règlement de la ville de Montréal qui veut empêcher toute manifestation spontanée et obliger une hiérarchisation des mouvements sociaux à une période où les manifs s’organisent sur le web 2.0 sans réels chefs de file…

Déphasés les pouvoirs politiques? Mets-en ! Et comme seule réponse au vertige créé par le mouvement étudiant, ils offrent la matraque de la mauvaise foi. Et l’électeur, à moitié endormi, gazé lui aussi par les commentateurs perroquets des empires médiatiques, se sent sécurisé que «la démocratie soit sauvée du désastre estudiantin» par la force brute et les lois liberticides.

Pour sortir de ce marasme, sortez vous aussi si le cœur vous en dit. Préparez le prochain 22 qui est le 22 mai. Ou encore, syntonisez la télé de l’Université Concordia, CUTV, le seul média qui documente sérieusement les dérives policières qui ont lieu de jours en jours en ce printemps québécois.