Ça fait déjà trop longtemps que je critique ce gouvernement et que je me plaints de la dérive autoritaire et du refus de dialoguer de Jean Charest et de ses sinistres exécutants. Après la manif d’hier, je n’abandonne pas, je déplace mon discours.
Mon combat continue, mais il se poursuit au rythme de la musique qui tourne dans mes oreilles depuis 100 jours. Celle qui m’apaise: Philippe B., Émilie Proulx, Adam Cohen, Leonard Cohen, Patrick Watson… Et celle qui m’attise: Lisa Leblanc (il faut voir cette fille-là en show, je l’ai vu au Mouton Noir à Val-David samedi dernier), Radio Radio (l’excellent Havre de grâce), The Beastie Boys (je suis en deuil de Adam Yauch, mort récemment à 47 ans) et le dernier album de GrimSkunk, intitulé Set Fire!, disponible depuis hier…
Impossible pour moi de ne pas tisser de liens entre les tounes qui jouent dans mes oreilles et la crise actuelle. Par exemple, pour paraphraser Lucien Bouchard, qui disait récemment que les Québécois devaient entretenir un rapport affectif avec leur Premier ministre, je me sers de l’énergie rock et de la simplicité de Lisa Leblanc et j’interpelle directement «mon» Premier ministre Jean Charest en lui chantant un défi :
«J’pense pas que j’continuerai de m’laisser faire comme ça,
J’pense qu’y est temps que j’me réveille, que mon cadran sonne,
Y’est temps que tes conneries arrêtent de m’taper dans yeule
(…)
Câlisse-moi là, Vas-y jusqu’au boutte,
Finis-moi ça,
Câlisse moi là,
J’te bette t’es pas game, trop peureux de voir que j’aimerais p’t’ être ça»
Je me défoule aussi avec l’énergie punk-rock de GrimSkunk, en phase avec les revendications de la frange plus militante du mouvement étudiant actuel: anarcho sur les bords, critiquant en bloc le système, affichant une colère profonde mais affirmée dans une joie contagieuse… Mais contrairement aux gars de GrimSkunk, je ne suis pas anarchiste (je crois l’autogestion possible seulement à petite échelle et sur une période de temps limitée), mais je me reconnais dans la critique que ces punks adressent à l’égard de notre système cupide et malveillant. Dans Don’t ask questions, le groupe chante:
«You can’t be serious, You’re asking me again, to do my duty as a citizen,
I won’t participate, not proud of my country,
They’re ain’t no place in your system for me,
They come to you with false decrees,
Empty words and hollow deeds
The game’s set up, the lines are drawn
You’ll wake to find your freedom’s gone»
Là où je décroche par rapport à ce type de discours, c’est quand j’entends que les politiciens sont «tous pourris», «tous pareils», «qu’il n’y a rien à faire», «qu’il n’y a pas de place pour nous dans ce système», etc. En discutant avec la frange la plus militante de mes étudiants en grève l’autre jour, j’étais désespéré de les entendre dire qu’ils ne voteront pas lors de la prochaine élection… J’essayais au minimum de les convaincre d’annuler leur vote, croyant que ce message politique est plus direct et plus clair que la simple abstention. «En ne votant pas, vous jouez le jeu des puissants que vous condamnez» que je leur disais… Mais ils n’écoutaient plus.
Pourtant, ceux qui ne croient plus que des différences existent entre les partis pourraient s’inspirer des Argentins qui en 2000-01, ont massivement protesté et annulé leur vote en écrivant sur leurs bulletins des candidatures loufoques (Mickey Mouse, Madonna) ou le slogan du moment : «Que se vayan todos» – Qu’ils s’en aillent tous! Les abstentionnistes avaient alors «remporté» les élections, ce qui a favorisé un renouvellement complet de la classe politique… La simple abstention condamne à l’immobilisme et contente les puissants qui rient de nous. Alors que l’annulation du vote met du sable dans l’engrenage des élections en envoyant un message clair: les gens se déplacent en affirmant qu’aucun candidat ne recueille leur assentiment…
Je fais un appel aux punks et aux militants de la CLASSE désabusés de notre système qui attendent le Grand Soir: l’abstention est un grand silence, alors que l’annulation du vote est un grand cri.
Aux autres qui comme moi, sont en colère mais continuent de croire en l’utilité et la nécessité du vote, je vous propose de mobiliser vos réseaux pour battre les candidats libéraux (et caquistes) aux prochaines élections.
D’ici là, donnez-vous des pauses de l’actualité, fermez les nouvelles pour vous imbiber de nos artistes qui résistent à leur manière à l’obscurantisme de nos gouvernements en nous ré-énergisant par leur liberté assumée…
et pour tout oublier et faire une pause, ai joué un 18 ce matin avec 3 confrères de collège: 2 comptables agréés et un avocat en droit du travail, négociateur patronal.
4 vieux de75 ans et +
Et- à un certain momen t, j’entends mon avocat glisser à un des comptables:
» J’ai bien l’impression que les parents et grands parents présents à la parade d’hier sont des gens qui ont négligé l’éducation des leurs et ils sont là un peu par culpabilité… »
J’ai alors raté mon put et ai lâché- à voix basse: vieux tabarnak..
Triste à mourir
Continuez de parler à vos étudiants Monsieur le Voisin-prof parce que même s’ils ne semblent plus écouter … ils entendent et leurs cerveaux « enregistrent » !
Ne jamais se taire ! 😉
c’est la même chose avec nos enfants…
Je crois aussi que les gens qui démissionnent, c’est comme ça qu’il faut le dire, contribuent par leur apathie à nourrir ce système dans lequel ils ne se reconnaissent pas.
Pour une démocratie ils sont le pire ennemi, c’est triste!
Je suis bien d’accord avec vous. La musique apaise et permet de faire une pause dans le conflit.
Mais je dois dire qu’hier, j’ai assisté à un concert nouveau: celui des casseroles. Cela fait quelques soirs déjà que les gens des différents quartiers de la ville se rassemblent et unissent leurs marmites. Quoique beaucoup moins mélodieuses que ce cher Patrick Watson, j’en ai eu le souffle coupé. Une manifestation spontanée qui a rassemblée certainement 2000 personnes, et ce, seulement dans le coquet Hochelaga-Maisonneuve! J’ai été épatée par tous ces gens, jeunes et vieux, qui sont sortis, munis de louches, de cuillères à soupe, de couvercles et de chaudrons, et qui ont tous tapé durant plus d’une heure. Des gens souriants et fiers de dénoncer «notre» système répressif et corrompu. Des gens tannés de ne pas se faire écouter. Une population entière qui crient à l’injustice. Nous oublions trop souvent que ce conflit ne touche pas juste aux «étudiant-e-s», mais à tout le peuple québécois, présent et futur. Il est temps que les choses changent. Je dois cependant dire que, même si je crois que les élections à ce point-ci sont notre seule porte de sortie (devant un gouvernement décidément borné de l’ongle du petit orteil jusqu’à la racine des cheveux), je doute qu’elles soient la vraie clé au problème. Quelqu’un me racontait hier l’histoire des casseroles en Argentine… Peut-être ce tintamarre mélodieux mènera-t-il à quelque chose de plus grand…
Ces casseroles sont qui est arrivé de mieux au «printemps québécois»: Nous ne sommes plus dans la grève étudiante, mais dans un mouvement désorganisé, accessible à tous, qui converge vers une saine colère et un courage de défier cette loi spéciale qui me redonne confiance et qui honore chacun et chacune qui s’y adonne. Le vent vient de virer de bord… La loi 78 craque de partout, comme les injonctions, elle devient inapplicable. Charest est plus que jamais le «grand fossoyeur»: de la démocratie étudiante; du langage politique; du dialogue démocratique; de l’indépendance du système judiciaire; de l’expertise de la fonction publique; de la protection du français comme langue publique et d’intégration; de l’accessibilité aux études; du sens de l’éthique; du sens de l’État… Et quoi encore?
La rue frappe son indignation avec une bonne humeur contagieuse!
Georges Leroux représentait la gauche québecoise joyeuse et Christian Dufour la droite fiévreuse, ce soir à RDI durant l’émission spéciale de J.F. Lépine..et… cette jeune fille brillante dont j’oublie le nom