Comme prof d’un cégep encore en grève, je suis confronté à la fameuse loi spéciale de Jean Charest, faite sur mesure pour briser la démocratie étudiante, judiciariser nos rapports sociaux, fragiliser la liberté d’association et faire de «l’accès en classe» le seul prisme à travers lequel on pense l’éducation…
Jusqu’ici, les dispositions de cette loi spéciale concernant le droit de réunion et de protestation craquent de toutes parts grâce au mouvement des casseroles… Mais l’objet principal de cette loi est l’accès aux cours pour ceux qui le réclament (1). Et les pénalités prévues aux professeurs comme aux Directions d’établissement supérieurs qui ne mettront pas tout en œuvre pour assurer «ce droit» sont énormes… Comment alors résister à cette loi sans affaiblir les syndicats, briser les assos étudiantes et favoriser la réélection de ce gouvernement corrompu et cynique?
Voici l’objet de mes réflexions jusqu’ici:
Nous devons selon moi convaincre les associations étudiantes en grève de SUSPENDRE la grève, advenant le déclenchement des élections. Lorsque je parle de suspendre la grève, je veux dire que les associations étudiantes devraient débattre d’une résolution qui renoncerait pour le moment à faire pression sur le gouvernement par le moyen de la grève, pour déplacer leur combat vers l’élection d’un gouvernement moins hostile à leurs revendications.
Les assos étudiantes qui veulent poursuivre la grève doivent se poser les questions suivantes:
1- Qu’est-ce qu’on peut aller chercher de plus en poursuivant celle-ci?
2- Qui sortirait gagnant d’un tel affrontement?
3- Qui sont nos alliés et sont-ils en mesure de nous appuyer efficacement advenant la poursuite de la grève?
Mes réponses à ces questions me font douter de l’efficacité de la stratégie de l’affrontement par la grève qui je crois, favoriserait essentiellement la réélection du gouvernement Charest. Les assos étudiantes ne devraient-elles pas plutôt suspendre la grève et travailler activement, chaque soir dans des comtés où les libéraux peuvent gagner, à organiser des manifs bruyantes mais joviales? On y chanterait la fin du régime libéral!
En adoptant une telle stratégie, nous nous assurons de ne pas offrir sur un plateau d’argent ce que Jean Charest le sinistre en chef veut vraiment: présenter les étudiants et ceux qui les appuient comme des agents d’un désordre social qu’il est appelé à corriger…
Il faut plutôt réussir à démontrer que Jean Charest – comme les petits politiciens de la CAQ qui ont suivi ce gouvernement dans la stratégie de l’écrasement des plus beaux éléments de notre jeunesse – sont les agents du désordre social plutôt que de l’ordre et de la stabilité…
En effet, il faut convaincre le mouvement étudiant de déplacer son combat sur l’échelle du temps. Rappelons que le temps et l’espace sont deux des «cinq choses qu’il ne faut jamais négliger» selon Sun Tsu (2). Jouons L’Art de la Guerre contre son adepte le plus vil. Utilisons le droit de grève et le retour au désordre comme une promesse: si les libéraux ou les caquistes sont portés au pouvoir, la gauche québécoise avec en son cœur le mouvement étudiant qui a déclenché ce printemps, s’engage à mettre fin à sa trêve, dans le but d’empêcher le démantèlement de notre État national et l’affaiblissement des syndicats.
Avec cette stratégie, Jean Charest ne pourra affirmer que sa loi spéciale aura résolu quoique ce soit, et le mouvement étudiant ne sera pas marginalisé et affaibli par le contexte pré-électoral actuel… Car il faut absolument appliquer un scénario gagnant pour le mouvement étudiant. Et actuellement, il est écrit dans le ciel que dans la majorité des institutions d’enseignement, la grève a été écartée comme moyen de pression privilégié. Et dans les Collèges et Facultés universitaires encore en grève, combien de syndicats de professeurs réussiront à adopter des résolutions qui enjoignent leurs membres à défier la loi spéciale? Poser la question soulève déjà le problème du rapport de force qu’il reste aux grévistes… Les professeurs, alliés des étudiants en grève, sont piégés par la loi spéciale qui les force à enseigner malgré les votes de grèves des étudiants.
Alors, suspendre la grève étudiante, déplacer le combat sur le sentier électoral et promettre le retour du désordre advenant l’élection des libéraux ou des caquistes, c’est choisir la stratégie gagnante. On met toutes nos énergies à la bonne place, et on devient maître du temps et de l’espace…
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(1) La loi spéciale (projet de loi 78) est intitulée «Loi permettant aux étudiants de recevoir l’enseignement dispensé par les établissements de niveau postsecondaire qu’ils fréquentent».
(2) Sun Tsu, L’Art de la Guerre, est un classique de la pensée politique datant de l’Antiquité chinoise. Jean Charest a déjà dit que c’était son livre de chevet.
Le risque principal pour moi n’est pas la poursuite de la grève pendant la campagne électorale, mais l’arrêt de la grève avant que la campgne ne soit officiellement déclanchée.
Je suis d’accord avec vous pour dire que le mouvement étudiant n’aura pas grand chose à gagner de continuer la grève durant les élections, mais ça je pense que les étudiantes et les étudiants vont être capable de s’en rendre compte d’eux même. Pour moi, le scénario cauchemardesque (outre la réélection du PLQ) serait plutôt que toute cette campagne pré-électorale ne soit qu’un bluff. Si la grève cesse avant que la campagne ne débute, rien n’empêche les libéraux de se défiler et de reporter l’échéance à 2013, surtout si les sondages du début août ne sont pas bons.
Bref, il faut plutôt encourager les grévistes à poursuivre le combat jusqu’au déclanchement officiel des élections. Après ça, le peuple fera le reste, par les urnes.
Il a bien dit de suspendre la grève après le déclenchement des élections. Et je ne crois pas que les élections seront déclenché s’il n’y a pas de sang aux porte des CÉGEPs. Je crois que Jean Charest est cynique comme ça. Il faut donc revoir les mandats de grève pour y inclure un renouvellement en cas d’élection.
Mon problème est simple, quant à votre argumentaire : j’ai bien peur que les urnes ne changent pas grand-chose. Certes, le mouvement donne des munitions aux partisans de l’Ordre. Toutefois, le silence ne nourrit que l’oubli, et il resterait à savoir pour qui faire campagne, alors que les assos ne sont pas là pour appuyer un parti. Elles feraient donc campagne essentiellement contre? Durant la campagne, il faut certes replacer le cadre de la discussion autour des errements libéraux. Mais on ne peut faire pause pour autant.
Après cinq mois, l’objectif annulation de la hausse a été enrichie de multiples idées positives, liées à l’enseignement supérieur, au partage de la richesse, à la gouvernance participative. Elles ne devront pas être mises au tiroir, peu importe qui prend le pouvoir à l’automne.
Or, advenant une victoire du PQ, on ne pourrait sabler le champagne. De ce point de vue, une cause est plus importante qu’une élection, puisqu’elle s’inscrit dans une temporalité plus vaste.
Il ne faudrait pas n’en faire qu’un instrument ponctuel. De toutes façons, l’élection ne se fera pas vraiment sur la question de l’éducation. Et de cesser de manifester (si on continue pour faire une campagne négative, alors la crainte de voir Charest en profiter demeure) voudrait dire de passer à autre chose, de laisser les grèves être niées, ce qui donnerait raison à M. Charest.
Là seule victoire concrète que nous pourrions attendre d’une élection est que le parti la remportant instaure un mode de scrutin ayant certains aspects de la proportionnelle. Une promesse de gel qui mourra avec l’hiver ne peut satisfaire le mouvement.
La crainte serait de voir le mouvement s’éteindre avec une fausse résolution. La victoire ne sera manifeste que dans quelques années. En attendant, il faut continuer à forcer la classe politique et les citoyens à s’intéresser au dossier et à s’y investir. On ne peut déléguer entièrement cette responsabilité à un gouvernement.
La défaite libérale sera une victoire populaire, même si ça doit passer par l’élection du PQ. La victoire du PQ, qui sera forcé d’annuler la hausse et la loi 78, voudra dire que le mouvement étudiant aura remporté son pari. Juste pour ça, ça vaudra la peine de sabler le champagne.
L’impact d’une réélection libérale après une telle mobilisation étudiante et populaire serait au contraire un désastre duquel il sera très difficile et très long de se remettre.
Si l’élection générale doit avoir lieu dans un tel contexte, j’invite tous ceux et celles qui appuient la grève étudiante et le mouvement populaire à s’interroger très sérieusement sur la possibilité de voter stratégiquement. Je n’ai jamais voté PQ, j’ai voté QS les deux dernières fois et je devrais le refaire si je ne suivait que mes convictions, mais je vais voter PQ si l’élection a bel et bien lieu en août-septembre.
Victoire populaire? en quoi est-ce que l’abrogation de la loi 78, inévitable, et le sursis pour la hausse sont des victoires populaires? Les États généraux du PQ ne garantissent pas du tout que la hausse ne reviendra pas en 2013. Ce serait véritablement pire qu’une réélection libérale, car les étudiants se sentiraient alors trahis et seraient blasés de la politique.
On se fout d’une victoire populaire! Il ne faut pas mélanger «populaire» et «de mon bord». Si la populace veut que les étudiants paient plus pour l’éducation, ce n’est pas une raison pour défendre la hausse. Des mesures populaires ne sont pas gage de démocratie. Autrement, il faudrait pendre Guy Turcotte, arrêter tous les banquiers, annuler les taxes et les impôts.
Les étudiants sont politisés. C’est une force énorme qui doit durer, à travers les différents gouvernements, non pas en couronner un pour ensuite le laisser prendre les choses en main.
@Alexis: La défaite du PLQ sera une victoire populaire au sens de victoire de la mobilisation du peuple contre le pire gouvernement que le Québec a connu depuis Duplessis.
Je veux expliquer pourquoi l’issue de cette élection (si elle a bien lieu en août-septembre, ce qu’il ne faut pas prendre pour acquis) sera d’une importance déterminante pour l’avenir du mouvement étudiant et de la mobilisation citoyenne:
– Si le PQ l’emporte et annule la hausse, la mobilisation étudiante sera perçue comme victorieuse. La grève aura joué un rôle déterminant pour y arriver, en ayant forcé le déclanchement de l’élection et en ayant amené l’opposition à s’engager à annuler la hausse. Dans 5-10 ans et plus on se souviendra que cette lutte aura bel et bien évité la hausse. De plus, après une telle mobilisation étudiante, ça va prendre des années avant qu’un gouvernement n’ose s’attaquer à nouveau aux frais de scolarité.
– Au contraire, l’élection du PLQ fera en sorte que la hausse sera maintenu et que la mobilisation étudiante, malgré son ampleur inouie, aura été un échec. Les frais de scolarité vont augmenter, mais surtout, le mouvement étudiant ne se remettra probablement jamais complètement d’une telle défaite. Si dans 7 ans un gouvernement veut hausser encore davantage les frais, pour par exemple rattraper la moyenne canadienne, il sera très difficile de mobiliser la population étudiante, qui saura qu’une gigantesque grève n’a pas suffit, 7 ans plus tôt, à empêcher la hausse.
Bref, l’élection est importante, non pas pour déterminer la couleur du gouvernement qui va appliquer les politiques néolibérales lors des prochaines années (à ce jeu, c’est blanc bonnet-bonnet blanc) mais pour déterminer l’issue de la lutte étudiante et populaire. Juste pour ça, le vote stratégique pour le PQ doit être envisager, parce qu’il s’agira en fait d’un vote pour le mouvement étudiant. Il ne faut pas sous-estimer combien une défaite étudiante (une victoire électorale libérale) serait démobilisante à long terme pour le mouvement étudiant.
L’idée n’est pas farfelue, mais je crois qu’elle ne se base pas sur la situation politique québécoise. Charest a créer la crise en sachant que la population serait majoritairement de son côté, ce qui est avéré par les différents sondages, peu importe l’importance qu’on leur accorde. Le débat sur la hausse a polarisé l’opinion publique, et je ne crois pas qu’un référendum sur la question donnerait le gel gagnant. C’est pourquoi l’élection ne doit pas se jouer sur ce sujet.
Autrement, si véritablement la population avait soif de politiques progressistes, nul doute que les Libéraux auraient été jetés aux poubelles, et que nous ne serions pas devant le spectre de leur réélection. C’est aussi le calcul de Mme. Marois, qui a enlevé son carré rouge, et qui voudra discuter de mille autres sujets durant la campagne. Advenant son élection, une hausse pourrait toujours survenir en 2013, certes moins élevée, et alors il serait difficile de reprendre la bataille si les assos étudiants se sont dites d’accord avec les actions du PQ.
@Alexis:
L’élection ne se joura pas sur la hausse et le conflit étudiant (bien que ça en sera un des thèmes) et les résultats de la partielle dans Argenteuil indiquent que le PQ est bien placé pour l’emporter. Si c’est ce qui se produite, la hausse sera annulée et le mouvement étudiant aura gagné. Et je ne crois pas que le PQ arrivera en 2013 avec sa propre hausse: pas parce que le PQ est plus « gentil » que le PLQ, mais simplement parce que après la mobilisation étudiante de 2012 aucun gouvernement n’osera risquer de soulever de nouveau un tel mouvement.
Si je propose aux gens qui supportent le mouvement étudiant de songer à voter stratégiquement pour le PQ pour battre les libéraux, ce n’est pas parce que je considère que le PQ est réellement « à gauche » ou qu’il est beaucoup mieux que le PLQ. C’est surtout pour que cette gigantesque mobilisation étudiante mène à une victoire et qu’elle soit retenue par l’histoire comme une victoire. Autrement, j’ai peur de la démobilisation qui suivra.
J’ai aussi peur de la démobilisation, autrement le PQ ne me dérangerait pas tant que ça. Démobilisation au sens où les exigences outrepassent la question des frais de scolarité, et j’ai peur que le parti victorieux n’accouche d’une souris.
Mme. Marois, après avoir tenu des États généraux sur le sujet, pourra à son gré hausser les frais de scolarité, peut-être en fonction de l’inflation, ou un peu plus, tant que ce n’est pas une hausse de 1600$. C’est l’orientation qui guide le parti qui n’est pas inspirante, et c’est pourquoi nulle asso ne peut explicitement appeler à voter pour le PQ. Bien entendu, j’encourage les gens à voter massivement, et à voter pour le PQ si le programme les intéresse, mais le sacrifice qu’exige un vote stratégique ne me parait pas compenser ici par le gain potentiel, même si gain il y a.
Les forces progressistes ne sont pas majoritaires au Québec, autrement nous n’aurions même pas à argumenter sur la possible réélection de M. Charest. Elles doivent rester allumées pour se constituer en forces sociales permanentes, et ne rien concéder à la passivité. C’est beaucoup plus important que la seule question des frais de scolarité. Par ailleurs, le PQ m’exaspère avec son national-conservatisme : il arrive que des anglos progressistes me ressemblent plus que les catholiques nostalgiques ou les laïcistes xénophobes, et c’est avec eux que je désire bâtir une société, voire un pays, à condition qu’ils apprennent le français 😉
L’éternel déchirement entre l’idéalisme et le réalisme. Cette loi oblige les profs à violer la démocratie étudiante. Je crois que Socrate refuserait d’enseigner si les étudiants ne suspendent pas eux-mêmes la grève. C’est ce que je me plaît à imaginer ici:
http://vitamimpenderevero.wordpress.com/wp-admin/post.php?post=26&action=edit
J’ai énormément de difficulté à croire que l’enseignement puisse de donner normalement là où des votes de grève majoritaires auront été pris. Même si l’anti-émeute brise les lignes de piquetage aux portes des cégeps, les grévistes ont bien d’autres moyens de perturber le déroulement des classes. On peut imaginer des manifs à l’intérieur des établissement, un tintamarre de casseroles dans les salles de cours, etc.
Dans de telles conditions, même si les profs ne veulent pas défier directement la loi 78, il y a d’autres moyens de faire preuve de solidarité, comme de refuser le travail en invoquant le droit de refus LSST (Loi sur la santé et la sécurité du travail).
Mais plus encore, je pense que la leçon à retenir de la lutte étudiante, c’est que parfois il faut oser prendre des risques. Tout pouvoir repose avant tout sur l’obéissance et la peur. En cas de désobéissance massive et généralisée, la loi 78 ne pourra rien arrêter.
Une autre fanfaronnade que Jean Charest pourra sortir de son chapeau, si les étudiants sont très (trop) calmes durant la campagne électorale: il se présentera comme le bon gouvernement de la loi et l’ordre ayant eu raison d’instaurer la loi 78 et « réussi » à mater les étudiants. Bref, c’est la corde raide pour les étudiants. Ce qui serait génial, c’est que la société civile continue le combat pendant que les étudiants se tiennent coîts durant la campagne électorale….mais bon…la corde raide comme je disais.
Même si j’apprécie énormément votre blogue, je dois dire que je suis en complet désaccord avec l’approche que vous préconisez.
Non seulement les étudiants ne doivent pas arrêter leur grève, mais ils doivent espérer que de nombreuses associations vont relancer le mouvement dès les premières semaines de la session d’automne.
Attendre après les élections ne donnera strictement rien, selon moi, pour deux raisons. La première, c’est que si les associations tentent de participer à la campagne, elles s’exposeront à toutes sortes de pénalités imposées par le DGEQ. (Comme si les menaces de la Loi 78 n’étaient pas suffisantes) Ce ne sont pas que les partis qui sont soumis à des règles strictes en période électorale; les autres formes de groupes d’intérêts voient également leur liberté d’expression restreinte durant cette période. La deuxième, c’est que si les libéraux sont réélus, ils se targueront d’avoir un mandat populaire (et probablement qu’ils le qualifieront de fort en plus) et la légitimité des étudiants s’en trouvera diminuée (on leur dira que le peuple a parlé et qu’ils doivent attendre la prochaine élection pour se faire entendre).
Quant à espérer une élection du PQ pour améliorer les choses, c’est rêver en couleur. Pauline Marois est en faveur de l’indexation; n’oubliez pas non plus qu’elle a tenté de dégeler les frais en 1996 alors qu’elle était à l’éducation. Le PQ est, au plus, un allié circonstanciel, mais ils continueront d’appliquer la logique marchande à l’éducation.
La grève étudiante est un moyen de pression qui sert deux fonctions: causer des dommages économiques directs (par le bordel engendré dans les institutions, les frais supplémentaires en salaires de profs lors de la reprise des cours, etc.) et « libérer » les étudants de leurs occupations habituelles pour leur permettre de prendre part à d’autres actions (engendrant, encore là, des coûts pour la société, comme les salaires de policier). On en fait peu de cas, mais l’idée de base, c’est qu’on se dit qu’un gouvernement réalisera, un jour, qu’il est plus couteux de laisser la grève se poursuivre que de négocier (oui, c’est une forme de chantage). Malheureusement, le gouvernement a décidé d’en faire une question de principe; il n’y a pas de limites aux dépenses qu’il est prêt à faire, même si celles-ci sont désormais plus élevées que ce que la hausse va rapporter durant les 5 prochaines années, juste pour faire accepter aux étudiants qu’ils doivent payer leur juste part…
La solution, c’est de continuer le combat. Les victoires étudiantes, comme toutes les victoires syndicales ou sociales, ont toujours été le résultat de batailles menées à partir de la rue. Penser que cette fois, une élection suffira à résoudre la crise, c’est faire preuve d’idéalisme…
Continuer le combat et voter pour la coalition pour une constituante.
Les étudiants n’ont pas à arrêter la grève puisque leur cause est juste.
Cependant, même avec une bonne cause, cela ne leur donne point le droit d’obliger les autres à embarquer dans leur cause.
La grève est le bon choix puisqu’il s’agit de la seule mesure capable d’influencer un tant soit peu le gouvernement. Mais l’imposition de la grève à ceux qui font le choix -mauvais- de ne pas la faire invalide toute la démarche.
On doit donc imposer les cours aux gens dont les associations votent contre la grève. Et ne pas empêcher les élèves de suivre leurs cours même si les associations votent pour la grève? Je suis le seul à ne pas trouver ça logique?
« déplacer le combat sur le sentier électoral », c’est judicieux, essentiel même. « et promettre le retour du désordre advenant l’élection des libéraux ou des caquistes », là vraiment ça me dépasse. C’est quoi au juste votre proposition advenant une défaite du PQ: organiser des manifestations tous les soirs pendant 4 ans? remplacer le gouvernement à la suite d’un putsh? Vous croyez vraiment que les Québécois vont voter PQ sous le joug de la « menace étudiante »? Je suis dépassé… J’ignore quelles intentions ce cache derrière ce billet M. Chénier, mais je n’y vois du mépris pour la démocratie, c’est triste à lire.
Comme plusieurs, vous semblez avoir une conception uniquement procédurale de la démocratie. Ce n’est pas parce qu’un gouvernement est élu ou réélu que l’on suspend jusqu’à la prochaine élection le droit de manifester… Je ne fais que suggérer aux étudiants en grève de déplacer leur lutte pour éviter que l’on ne parle que des perturbations étudiantes durant la campagne à venir et qu’on puisse ainsi souligner à grands traits le bilan pour le moins sombre du gouvernement libéral…
» mais je n’y vois du mépris pour la démocratie, c’est triste à lire »
ouf … qu’est-ce qu’on peut pas lire …
Le mépris pour la démocratie il se déroule depuis 9 ans … par un manque d’éthique , salaire secret du premier ministre … jusqu’au recent dejeuner de l’ex ministre de l’éeducation …
indigner vous donc de ca …
voila pour votre spin …
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Concernant cette vision procédurale.
Cela me fait penser a la pub des libéraux. Pour avoir entendu une entrevue avec Nathalie Chalifour avec Paul arcand il me semble que c’est assez clair que cela ne respecte pas le droit d’auteur.
La théorie de celle-ci ( aussi la mienne ) c’est qu’on sait que cela ne respecte pas le droit d’auteur mais qu’on sait aussi que les procédure sont longues ( pensons a Claude Robinson ). Et que les compensation dans ce cas ci … un video … ne seraient pas énorme …
Et donc dans le fond … un vision cynique des droits …
Et cela revient a la loi 78 que le gouvernement sait contestable d’ou la date de pérention … d’ou le fait de pas faire un fast track juridique pour demander l’avis a la court supérieure.
Et de dire … allez y en cour … en sachant que ca va prendre des annees …
C’est pas simplement une vision procédurale mais aussi cynique et mesquine …
on dirait du macchiavel …
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Pour ce qui est d’être elu ou pas … cette vision procédurale …
Oublie le mode de scrutin, c’est oublier le taux de participation …
Je me demande toujours si ces gens viennent faire un spin de bon coeur ou si un courriel de leur parti politique préféré les invites … avec lignes en prime toute faite …
Cesse de parler de « grève » les étudiant ne sont pas des travailleurs, ils n’ont pas de droite de grève. Ce sont des client qui boycottent ce qui leur est offert.
Les frais sont les plus bas et les bourses les plus généreuses. Ils n’ont pas de « cause » Toute cette histoire est un prétexte pour anarchismes, communistes, syndicalistes et péquistes d’attaquer un gouvernement élu qui ne correspond pas a leurs idéologies.
Et c’est les étudiants qui payent en perdant leur session.
Et ton jupon dépasse, tu demandes au gens de pas voter PLQ ni CAQ, donc c’est juste de la propagande péquiste.
Ce n’est pas parce qu’on est contre les libéraux et les caquistes qu’on est péquiste… On peut toutefois considérer que PQ, QS et ON sont des partis moins hostiles aux revendications étudiantes…
Et sur la question du «boycott», c’est votre jupon à vous qui dépasse: votre conception de l’éducation et du droit d’association fait de ceux-ci (éducation et association) un «produit» comparable au jus de raisin… On peut l’acheter ou non.
L’éducation ne relèverait en rien selon vous de ce que certains appellent «le bien commun», c-à-dire ce qui bénéficie à tous et ne peut être considéré comme une simple marchandise?
Encore le débat sémantique entre « grève » et « boycott » qui ne vise qu’à enlever la légitimité de l’action étudiante. Moi qui croyait ce débat réglé…
M. Roux, quand vous dites « les étudiants n’ont pas droit de grève » par opposition aux travailleurs, vous oubliez que les droits peuvent et doivent être concquis. Il y a 150 ans, vous auriez probablement dit « les travailleurs n’ont pas droit de grève », puisque ce droit n’avait alors aucune existance juridique. Au contraire, la police, la justice et l’armée travaillait avec achernement pour combattre toute forme d’organisation ouvrière.
Il n’y a pas de raison pour que les étudiantes et les étudiants, regrouppés dans des associations, ne puissent pas prendre des décisions collectives de la même façon que les membres de syndicats peuvent le faire. Le fait que le droit de grève étudiant n’est pas inscrit dans la loi n’enlève aucune légitimité à leur action, de la même façon que les premiers syndicats étaient légitimes d’organiser des grèves et des lignes de piquetage même si la loi ne le permettait pas.
Je vote en général QS ou PQ. Tout dépend des circonstances, Mais cette fois-çi, un peu comme Fil, je vais voter PQ pour donner un coup de pouce pour débarquer Charest. Et la girouette à Legault, je n’en parle même pas.
Suspendre la grève advenant le déclenchement d’élections ne fera que faire taire les étudiants. On ne pourra pas, même si on le souhaiterait, organiser des manifs bruyantes de soir, car nous serons plongés dans nos bouquins à reprendre 12 semaines en 6 parce que nous avons un gouvernement méprisant qui a décidé de faire durer la crise. Mais je crois comme tout le monde que le gouvernement souhaite récolter des votes en faisant perturber la crise à l’automne, en nous faisant passer pour des voyous furieux qui ne veulent pas payer notre juste part, sans oublier que la répression policière risque d’être à son plus fort si la grève continue. Aussi bien dire que je suis mitigée ?
Cependant, penser que tout ira bien si les organisations étudiantes appellent à suspendre la grève et à plutôt aller voter, ce serait de la naïveté pure. On le sait qu’à partir du 17 août, il va y avoir de la mobilisation, radicale ou pas, liée à la rentrée forcée en classe. On le sait d’avance ! Que peut-on faire, alors ? Continuer la mobilisation. Car une élection du PQ ne règlera rien. Bien au contraire, si on cesse la mobilisation et que nous allons simplement voter, que le PQ est élu et qu’il impose une hausse des frais de scolarité (moins grosse) dans les années suivantes, il sera beaucoup plus difficile de mobiliser les troupes étudiantes. Et le problème ne sera pas réglé ! L’éducation est une marchandise autant pour le PQ que pour le PLQ.
Non, une élection ne changera pas grand chose si ce n’est que d’atténuer la colère populaire. J’ai bien peur que les gens révoltés s’assoient sur leurs lauriers si le PQ est élu. Une grave erreur, selon moi. La seule manière de garder les gens réveillés est donc de continuer le combat, car ce n’est qu’un début et que les changements ne surviendront probablement que dans bien des années. Votez pour vos convictions ou stratégiquement, mais continuez de vous mobiliser. On aura besoin de tout le monde à l’automne.