C’est le gala de l’Adisq ce dimanche. Alain Brunet de La Presse le critique à juste titre ici. Pour ceux que ce gala rebute, il y a celui de la «musique indépendante», le Gamiq, qui se tient à la mi-novembre.
C’est aussi la période où je vous propose mon bilan musical annuel.
Voici dans le désordre, ce qui a marqué mes oreilles cette année :
1- Tom Waits, Bad as me. Sorti tardivement en 2011, je n’avais pu que le mentionner. Maintenant, je peux en parler. Il faut aimer et connaître quelques-unes des évolutions multiples de Tom Waits pour apprécier cet album. Mais si on plonge dans son univers glauque et multi-formes, on découvre «un vieux» toujours inventif et inclassable. Tom Waits devra un jour être honoré pour être un des plus grands mélodistes de la chanson américaine. Bas as me est un album chargé et profond, mais il n’est pas facile à digérer d’un seul coup!
2- Steve Hill, Solo recordings vol.1. J’ai toujours apprécié le jeu de guitare de Steve Hill, un guitar hero qui serait une superstar s’il était de nationalité états-unienne… Mais Steve Hill est Québécois. Denys Arcand dirait de lui que son destin est tragique. J’ai toujours apprécié le gars donc, mais jusqu’ici tous ses albums m’avaient déçu. Voilà que le gars reprend sa guitare et nous balance du pur blues à plein empli. Ça sonne comme du vieux Whitestripes, c’est parfois même plus puissant! Courrez voir son spectacle s’il passe dans votre coin. Et quand vous y êtes, après avoir constaté comment Steve joue sur sa guitare – pas de pic, en laissant courir ses doigts comme sur un piano jazz – vous fermerez les yeux et vous serez subjugués que ce gars-là soit seul sur scène devant vous. Où est son band? Son band, c’est lui.
3- Patrick Watson, Adventures in your own Backyard. Cette musique apaisante, intelligente, réconfortante, elle provient aussi de chez nous. Patrick Watson nous a offert avec ce 4e album un autre sans faute. L’album précédent, Wooden arms, est meilleur selon moi – plus accompli – mais celui-ci est plus simple. Et c’est beau la simplicité.
4- Leonard Cohen, Old Ideas. Je vous en ai parlé ICI. Je n’ai rien à dire de plus sur cet album, sinon qu’il revient souvent bercer l’ambiance dans ma cuisine.
5- Grimskunk, Set Fire! J’ai grandi en faisant du skateboard. J’en fais encore quotidiennement puisque c’est mon moyen de transport privilégié en ville. Je peux juste vous dire que ce band vieillit très bien. Ses trois derniers albums sont de grands crus. Le son punk-rock et ska-reggae de Grimskunk groove à souhait. En les écoutant, j’ai l’impression que je vais vite et que je reste jeune, comme les vieux routiers de Grimskunk!
6- Radio-Radio, Havre de grâce. Comme Christian Rioux, je ressens moi aussi certaines fois un malaise à écouter le franglais shiack de Radio-Radio. Serait-ce ce qui nous attend? Mais leur son funky, leur phrasé musical, leur mixture complètement délirante – cette fois-ci moins pop que sur Belmundo Regal, que j’avais beaucoup aimé – rend cette 3e galette de Radio-Radio sa meilleure. Les mélodies sont moins accrocheuses, mais la recherche musicale vient nous chercher.
7- Lisa LeBlanc. Allez la voir et l’entendre chanter live! Vous craquerez. Et si tout ce que vous connaissez de la fille est sa chanson «La vie c’est d’la marde», vous connaissez le moins bon de son répertoire.
8- Avec Pas d’casque, Astronomie. Stéphane Lafleur, le leader du groupe, est aussi cinéaste (Continental, un film sans fusil et En terrain connu). Un cinéaste atypique, lent, un peu mystérieux dans la construction de ses scénarios. Son groupe Avec pas d’casque est de la même mouvance. Lent, quelque peu «depress», mais beau et porteur d’une lueur d’espoir. C’est naïf, parfois drôle, toujours sincère. L’apparente légèreté des textes vient vous chercher par la bande. Ces temps-ci, la phrase qui me tourne le plus dans la tête provient de cet album. Ça se chante comme suit: «Je promets je promets que, la journée qui s’en vient, est flambant neuve»… Je la trouve optimiste, pleine d’espoir sur la liberté que nous avons à améliorer le cours de la vie.
9- Piers Facini, My wilderness. À mi-chemin entre Jack Johnson (plus introspectif, mois hop la vie…) et Ben Harper (moins puissant, plus contenu), Piers Facini est un auteur-compositeur interprète de talent qui poursuit ici une chanson folk de qualité, avec des arrangements riches et des mélodies accrocheuses. Pas de flafla. Que du bon.
10- Caloon Saloon, Buckshot. Réalisé par Dany Placard, ce disque original, imprégné d’un country-folk authentique est léger et pittoresque dans ses ambitions. Et on aime ça. Mon voisin Michel-Olivier Gasse fait partie du groupe. Dans le même esprit que Canailles, qui mériterait aussi une mention d’honneur, ne serait-ce que pour son originalité et sa balade profonde et meurtrie intitulée Muraille de Chine.
Et les vendanges tardives?
Les albums sortis récemment doivent-ils faire partie du bilan annuel 2012? Je ne crois pas, car on a besoin de vérifier s’ils passent le test du temps. Je m’étais emballé pour le 2e album de Damien Robitaille et il est aujourd’hui disparu de mon Ipod… Alors, laissons passer le temps au #2 de Bernard Adamus. On peut par contre déjà dire que sa chanson Fulton Road est un classique. Le dernier Bob Dylan est aussi très bon, à part pour une toune qui reprend le même maudit accord brûlé du blues de base ad nauseam… En fait, ce qu’on aime dans les derniers Dylan, c’est l’esprit de corps du groupe. Pour le dernier Martha Wainwright, je suis encore déstabilisé, mais comme je suis un inconditionnel de cette fille, j’imagine que ça passera le test…
Bon ben, bonne écoute. Et vous, qu’est-ce qui tournait dans vos oreilles en 2012?
N’oubliez pas le nouvel album de Neil Young et ses chevaux fou….un album méga wow