La campagne électorale municipale bât son plein. Denis Coderre semble surfer vers une victoire amère, puisque son véhicule politique est en tous points semblable à la machine corrompue et dévoyée de l’ex-Maire Tremblay… Et son parcours politique devrait au moins nous laisser suspicieux. Mélanie Joly nous propose «le VRAI changement» (soupir…) et l’équipée désynchronisée de la Coalition Montréal de Marcel Côté ne nous inspire pas beaucoup mieux, hormis quelques politiciens de calibre, comme Réal Ménard. Mais mon appui pour Réal Ménard comme Maire de mon arrondissement s’est brisé sur son règlement contre l’usage des Skateboards sur les pistes cyclables…
Je m’oriente donc pour voter «all the way» pour Projet Montréal, de Richard Bergeron. Bien que je trouve le personnage un peu inconstant et que sa fascination pour Jean Drapeau m’inquiète (*), je reconnais chez Richard Bergeron un homme qui offre une vision cohérente de ce que devrait être Montréal. Cette vision d’une ville où l’on densifie tout en verdissant, cette vision d’un véritable urbaniste a le mérite de faire rêver! Le projet d’entrée maritime de Projet Montréal est quelque chose de rassembleur et de fort prometteur pour Montréal. Montréal est une île, elle doit opérer ce que Barcelone a fait lors de l’expo universel et les Jeux Olympiques de 1992: se retourner vers son plan d’eau, la méditerranée. Montréal est une île, il faut la retourner vers ses plans d’eau. Toute la plateforme de Projet Montréal tourne autour de ce principe, en plus de favoriser le développement et l’appropriation des quartiers par leurs résidents…
Bien sûr que les résidents et commerçants du plateau ont raison d’être en crisse contre Luc Ferrandez parce qu’il a transformé le plateau en îlot inaccessible… En fait, Luc Ferrandez a mal compris sa fonction, il n’était que Maire d’arrondissement… Il aurait dû être maire de Montréal ! L’idée de préserver la ville de Montréal de l’invasion des voitures de banlieues ne peut se réaliser de façon cohérente qu’à partir de la ville-centre, c’est-à-dire de la Mairie de Montréal. Pas à partir d’un petit arrondissement central. Montréal est une île, pas un îlot.
Pendant ce temps, la communauté métropolitaine de Montréal s’est prononcée contre l’émission d’un tarif pour traverser le futur Pont Champlain que le gouvernement fédéral doit reconstruire (en PPP). Plusieurs acteurs politiques des scènes municipales, provinciales et fédérales se sont indignés de la manière cavalière et «unilatérale»(1) du gouvernement Harper dans ce dossier.
Voilà une occasion manquée de profiter de cette décision d’imposer un péage sur Champlain pour élargir ce principe à tous les ponts menant à l’île de Montréal. Toutes les grandes villes du monde cherchent à rendre leur centre-ville plus convivial pour l’être humain «désarmé», c’est-à-dire celui qui circule à pied ou en vélo. Même les grandes villes allemandes (pays de l’industrie automobile s’il en est…) ont réussi ce grand virage en imposant des restrictions tarifaires aux automobilistes provenant de sa périphérie. Alors qu’au Québec (pays de l’industrie du transport en commun s’il en est – Bombardier, ça vous dit quelque chose?), on chiâle si un pont devient payant sans penser que les habitants de l’île pourraient vouloir qu’on les aide à prévenir l’invasion des autos des banlieues ou réduire l’exode des familles…
Car on fait comme s’il n’y avait pas de liens entre les pertes sèches que Montréal accumule au profit des banlieues et le fait que nous continuons à privilégier l’étalement urbain par nos constructions et élargissements d’autoroutes, de ponts, de banlieues avec toutes leurs infrastructures qui bouffent nos dernières terres agricoles, sans faire quoi que ce soit qui puisse relancer le projet de vivre à Montréal. Il me semble que passer de la banlieue en ville en voiture serait moins attrayant s’il fallait payer sans cesse pour accéder à la ville, alors que l’option du transport collectif serait financée par les péages automobiles, on pourrait développer un véritable service rapide pour remplacer cette plaie de l’automobile en ville qui vient aggraver la crise climatique et pourrir notre milieu de vie.
Montréal est une île. Habitons-là et prémunissons-nous contre l’invasion «barbare» des automobilistes. Les nouvelles villes ont compris ça. Elles ont opéré ce virage plus humain, ce visage plus urbain… Visage humain, virage urbain, virage humain, visage urbain.
Sommes-nous prêts à porter à la Mairie de Montréal et surtout au Conseil municipal, les candidats et candidates de Projet Montréal? Je nous le souhaite, car ils sont les seuls qui ont bien compris comment Montréal est une île.
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1- Justin Trudeau, fils d’un Grand unilatéraliste s’il en est… n’a pas poussé plus loin non plus sa réflexion sur le sujet mais a pris position contre le péage…
* Il me semble avoir vu passer sur un fil de presse des déclarations récentes de Richard Bergeron sur la police de Montréal dans le cadre du printemps québécois qui furent complaisantes, mais elles sont contrebalancées par le fait qu’au sein de son équipe, on trouve les critiques les plus articulés contre P-6 et les débordements policiers du SPVM… Et peut-être que Bergeron cherche à avoir la police de son bord, du coup qu’il devienne le prochain Maire…
bergeron: urbaniste passionné aux mains propres, au discours limpide et cohérent, porteur de grandes idées.
coderre: politicien fédéral déchu, incapable de clamer autre chose que des slogans, financé par l’interlope, accueillant envers les résidus de l’administration corrompue tremblay zampino applebaum.
coté: candidat parachuté de la chambre de commerce. il n’est pas là pour le montréalais.
joly: spécialiste de l’image.
j’ai déjà choisi moi aussi jean-félix.
p.s. tu as faux au sujet de l’opinion des platoniens du nowhere. à mon humble avis ils approuvent sa décision de barrer christophe-colomb au traffic nord-sud. peut-être que les médias comme toi ont réussi à donner une mauvaise opinion de leur maire à certains résidents, mais la contamination n’est pas très avancée. les résidents du plateau sont bien informés, en général.
Ce n’est pas parce que Montréal est une île qu’il faut opter pour des projets qui la «protégeraient» du maximum d’invasions des banlieusards… À moins que l’on préfère le vase clos, bien entendu.
D’autant plus que la métropole québécoise doit urgemment voir à reprendre le maximum du terrain perdu au cours des dernières années au profit des banlieues. Impôts fonciers à la hausse et difficultés croissantes pour les citoyens d’aller encourager les commerces montréalais (taux indécents et multiplification des parcomètres, places disponibles pour se garer limitées si malgré tout on veut faire son magasinage sur l’île, prolifération absurde et contre-productive de pistes cyclables là où celles-ci n’ont pas leur place comme au centre-ville, et absence de vision réaliste de la part de certains confondant allègrement vie de campagne bucolique et vie urbaine, et encore et encore) ne contribuent qu’à faire fuir vers les banlieues les citoyens.
Soit en y déménageant, soit en sortant de l’île pour aller y faire leurs achats plus importants dans des centres commerciaux pourvus de vastes stationnements sans frais. De sorte que les commerçants locaux sur notre île pâtissent. Les uns y perdent leur chemise, d’autres peinent à survivre, et on peut fortement douter que la situation – qui va en empirant – en motive beaucoup à désirer venir ouvrir boutique ici. S’établir en banlieue étant de loin devenu plus alléchant.
Et on voudrait maintenant décourager davantage les banlieusards de venir à Montréal? Après avoir poussé des tas de Montréalais vers les banlieues?
Si l’objectif ultime est de chasser tout le monde de l’île, d’en faire un vaste réseau cyclable pédalable 12 mois l’an – le tout étant financé comment et surtout par qui? – eh bien, qu’on le dise franchement. Car ce n’est pas avec du vinaigre qu’on attirera ou retiendra qui que ce soit.
Montréal coule. La métropole devient moribonde. Et quelques-uns voudraient apparemment dès que possible lui asséner le coup de grâce…
(Je n’ai pas la moindre idée de quel candidat à la mairie serait le «moins pire» car aucun ne paraît particulièrement inspiré pour ce qui est de redresser le cap. Hélas.)
Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas… Ce n’est pas interdire les banlieusards en ville que je veux, mais réduire de façon significative la venue des autos provenant des banlieues en les remplaçant par un accès rapide en transports en commun… That’s it! C’est déjà beaucoup.
Bergeron dont les allégations viennent d’arriver dans les journaux?
Coderre dont les allégations arriveront bientôt?
Joly dont on ne sais rien?
Finallement il me reste le moins pire des 4.
peux-tu me décrire ce qui est reproché à bergeron svp, incluant les sommes en jeux et les entités qui en auraient profité?
Pour vous mon Calinours:
http://www.lapresse.ca/actualites/montreal/201310/04/01-4696569-la-police-se-penche-sur-une-plainte-contre-projet-montreal.php
projet montréal aurait donné 36000 piasses de subventions à un organisme sans but lucratif qui organise un marché public? c’est ça le scandale? haha laisse-moi rire. tu es vraiment influençable lucien.
@claude perrier: lisez plutôt ça, ce ne sont pas des lubies de granols, ce sont des idées pour Montréal, inspirées d’ailleurs pas si lointains…
http://urbania.ca/blog/4475/montreal-ce-ne-sont-pas-les-idees-qui-manquent
En fait les propos mentionnés ci-dessous par M. Bergeron ont été fait lorsqu’il était poussé par un animateur de radio poubelle, et ont été vite rectifié par la suite:
« mon parti et moi sommes opposés aux amendements de 2012 à P-6, nous l’avons toujours été et nous continuerons de nous y opposer. Notre position n’a pas changé. Il n’y a pas de place pour ces restrictions draconiennes au droit de manifester dans une société démocratique. Une administration de Projet Montréal agira rapidement pour abroger ces amendements. »
Entrevue au complet (anglais et francais): http://www.forgetthebox.net/richard-bergeron-on-p-6-and-the-anti-police-brutality-march/
À lire avant les élections, pour enrichir le débat le livre de Jan Gehl, Pour des villes à échelle humaine, une référence sur la question.