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Préparer la transition

L’actualité des derniers jours me ramène à ce que certains ont baptisé les Initiatives de Transition. J’y reviens sous peu, après avoir exposé brièvement les événements qui sont à l’origine de ma réflexion.

1- Le manifeste pour une exploitation du pétrole québécois, cosigné entre autres par Bernard Landry, Monique Jérôme-Forget et Joseph Facal.

2- La volonté d’Hydro-Québec d’implanter une nouvelle ligne électrique entre les Laurentides et Lanaudière, balafrant ainsi ce qui reste de nos derniers milieux naturels faciles d’accès, tout cela au mépris des principes d’acceptabilité sociale.

Ces deux nouvelles illustrent à merveille selon moi la fabulation et l’aveuglement volontaire d’une large portion de nos élites devant la chute inévitable et documentée des réserves de pétrole, dans un contexte où on sait la nécessité vitale de réduire nos émissions de gaz à effet de serre pour mieux affronter la crise du climat.

Dans le dossier de la ligne électrique qu’Hydro-Québec pense installer, ce qui me choque encore plus au-delà des méthodes, c’est que notre société d’État se confine à une logique clientéliste: Hydro dit vouloir répondre à la demande croissante de ses clients. Jamais il n’est venu à l’idée des dirigeants d’Hydro que notre plus grand potentiel énergétique actuel réside dans l’économie d’énergie! Ceci ne figure pas non  plus dans les plans de nos décideurs, qui ont tous les yeux en signe de $ lorsqu’on leur parle des «réserves» de pétrole (et de gaz) que le Québec aurait…

Or, non seulement la plupart des scientifiques informés disent que nos «réserves» s’apparentent à un douzième de notre consommation annuelle, mais il est urgent de nous préparer au pic pétrolier (déjà atteint?) et aux changements climatiques (déjà amorcés et appelés à être plus drastiques qu’envisagés jusqu’ici). C’est pourquoi je suis d’accord avec le Manifeste pour sortir de notre dépendance au pétrole cosigné par des scientifiques, des artistes et des politiciens. Il est absolument nécessaire que nous amorcions la transition vers un mode de vie moins émetteur de carbone. Le contexte actuel du pic pétrolier devrait nous y pousser naturellement, mais nos élites sont encore imprégnées de la logique de la croissance ininterrompue, essentiellement axée d’ailleurs sur une exploitation toujours plus grande des énergies fossiles…

Les initiatives de transition partent du double constat suivant: devant la chute du pétrole et la crise du climat, il faut non seulement interpeller nos pouvoirs publics, il faut surtout commencer ici et maintenant à bâtir, nous mêmes dans nos milieux, des communautés fortes et tissées serrées, capables de s’alimenter, d’échanger, de s’informer, etc. Les communautés en transition cherchent à devenir des milieux de vie le plus près possible de l’autonomie face au pétrole et capables de résister à la crise climatique.

Mon pseudonyme du Voisin s’inscrit dans cette ambition. Après avoir contribué à établir un bon voisinage, je m’attèle maintenant à préparer la transition dans mon milieu.

On s’en r’parle.