Il y avait cette semaine à McGill un colloque autour de la pensée de Claude Ryan, décédé il y a maintenant 10 ans. Je n’ai pu y assister, mais j’ai pris connaissance des contributions de John Parisella et de Thomas Mulcair, qui disent avoir appris le «service public» à travers la personnalité de M. Ryan.
J’ai pour ma part rencontré M. Ryan à deux reprises dans le cadre du débat autour de la réforme du mode de scrutin entre 1998 et 2000. Il avait alors quitté la politique active, mais avait gardé son intérêt pour le débat public et la réflexion sérieuse. Le MDN dont je faisais alors partie avait réussi à rassembler des personnalités associées aux diverses forces politiques en présence au Québec en faveur de la réforme du mode de scrutin: Claude Charron, Jean Allaire et Claude Ryan avaient ainsi conjointement pris position pour une véritable réforme de notre système électoral… Ce que j’ai pu constater de la personnalité de M. Ryan témoignait de cette vigueur intellectuelle si rare en politique aujourd’hui. Même lorsqu’il était en politique active, l’homme avait des idées, il les faisait valoir sans que les considérations stratégiques ou le discours partisan viennent travestir sa vision du Québec.
J’irais même jusqu’à dire que le véritable adversaire politique de Claude Ryan fut Pierre Elliott Trudeau et non René Lévesque. En effet, le trudeauisme a déconstruit la vision du fédéralisme que portaient des personnalités d’envergure comme André Laurendeau et dans sa continuité, Claude Ryan. Le «beau risque» de Lévesque, lancé après l’échec référendaire de 1980 cherchait d’ailleurs à réaffirmer ce besoin d’une plus grande autonomie du Québec au sein du Canada.
J’ai déjà écrit que Claude Ryan Ryan est peut-être le dernier vrai fédéraliste québécois. À l’époque, ce propos se voulait provocateur, il cherchait à vérifier si quelqu’un au sein des forces fédéralistes serait prêt à reprendre le flambeau d’une vision proprement québécoise du fédéralisme canadien, capable de critiquer les effets folklorisants du multiculturalisme de Trudeau et la centralisation outrancière du Canada qui marginalise sans cesse le Québec comme État et comme nation cherchant à préserver sa distinction et son projet social en Amérique du Nord. Aujourd’hui, je constate qu’il n’y a plus, sur la scène québécoise, de «fédéralistes» pouvant honnêtement se réclamer de la vision généreuse, nuancée et proprement québécoise du Canada que proposait M. Ryan. L’exception se situe peut-être à Ottawa, où le NPD de Thomas Mulcair semble se rapprocher de cette vision. Car au Québec, le PLQ et les porte parole fédéralistes sont en fait de plus en plus des nationalistes canadi¤ns incapables de véhiculer une critique probante de l’évolution actuelle du Canada, de peur de favoriser la cause «séparatissse». Ils ne sont plus fédéralistes, mais anti-nationalistes québécois!
C’est là que M. Ryan nous manque. Car bien que je sois indépendantiste, je reconnais la valeur de la vision que M. Ryan proposait pour le Québec au sein du Canada. M. Ryan ne considérait pas le Québec comme une composante parmi d’autres du Canada. Il voulait que l’on enchâsse dans la constitution canadienne «un statut particulier» pour le Québec, seule société majoritairement francophone en Amérique; il promouvait un droit de retrait avec compensation financière de tout programme fédéral créé dans un domaine de compétence provinciale; il cherchait à convaincre la classe politique canadienne qu’un fédéralisme asymétrique (le Québec peut détenir certains pouvoirs qui seraient ailleurs assumés par le gouvernement fédéral) ne menacerait pas l’unité du pays; bref, il cherchait un espace politique plus grand pour le Québec, sans compromettre le lien fédéral canadien.
Il est presque pathétique de voir qu’aujourd’hui à l’Assemblée nationale du Québec, plus personne ne puisse dignement se réclamer de l’héritage intellectuel de M. Ryan.
Il faut dire que «les héritiers de René Lévesque» ne sont pas en bien plus grande forme…
Le PLQ = statu quo
Ryan – le beau risque
le PQ = souveraineté
il n’y a plus personne pour défendre le » beau Risque . », le statut particulier
Donc… Le choix : Statu quo vs souveraineté
Désolé, mais depuis Bouchard c’est:
PLQ = statu quo (« le fruit n’est pas mûr »…depuis 32 ans!)
PQ = statu quo
En attendant, depuis 19 ans les mythiques « conditions gagnantes » ou fait de la « gouvernance souverainiste », c’est-à-dire le vieil autonomisme de Duplessis (prôné d’ailleurs par Pierre-Marc Johnson sous le nom « ‘affirmation nationale ») qui consiste à gouverner « comme si » on était souverain, mais sans avoir à l’être et dans le cadre canadien (Allez lire les textes de Lisée là-dessus, c’est très révélateur).
Si on se limite aux trois gros partis, on a donc le choix entre:
1) statu quo en attendant de rénover le fédéralisme (PLQ)
2) statu quo en attendant que les Québécois deviennent d’eux-mêmes largement souverainistes et réclament un référendum (PQ)
3) statu quo en attendant…on ne sait pas quoi (CAQ)
Il faut se tourner vers Québec Solidiaire et Option National pour retrouver le combat pour la souveraineté.
P.S Je ne parle pas de l'<à-plat-ventrisme du gouvernement MArois devant les financiers et les intérêts pétroliers qui consistent à leur laisser la souveraineté effective de notre territoire et de nos institutions.
De ce côté-ci du buffet politique nord-américain, rien de très appétissant comme plats offerts. Et ce n’est guère mieux chez nos voisins non plus. Aucun fumet n’émane des chaumières ou des palaces environnants.
Plutôt, au menu on ne trouve qu’une grosse potée mijotée à l’intention du terroir et essentiellement destinée à bien bourrer les attablés. Un menu grossier évidemment peu goûté chez la clientèle plus urbaine habituée à une variété permettant d’élargir ses horizons culinaires.
Et voilà: «Madame est servie»!
Pardon? Vous dites? Madame n’aime pas, et Monsieur non plus?
Eh bien, c’est tout simplement dommage. Car les accommodements à la carte, les petits plats épicés par-ci et la cuisson au goût par-là, c’est une époque révolue ici. Car nous voici arrivés à l’ère de la grande cafétéria de la bouillie générique.
Donc, une bonne grosse louche de potée pour tout le monde dorénavant. Et si ça ne vous plaît pas, vous n’avez qu’à aller bouffer ailleurs.
Le pire dans tout ça, c’est que même un misérable petit pique-nique pour faire changement ne paraît s’annoncer prochainement au calendrier. Aucun chef qui puisse apparemment venir reprendre la toque tombée en mains ineptes que l’on puisse distinguer. Nous voilà cuits.
Condamnés à perpétuité à la bouillie…
(Ouf! Quel rêve épouvantable lors de ma petite sieste… Un horrible cauchemar!)
(Si Claude Ryan ne fut pas le meilleur ni le plus inspiré des chefs, son livre de recettes valait néanmoins beaucoup mieux que l’insipide potée qu’on voudrait maintenant tous et toutes nous faire avaler… Beurk!)
Le resto s’appelle d’ailleurs :
‘ Tartuffe «