Dans la grande partie d’échec (1) qui se joue et se rejoue autour de l’indépendance du Québec, l’arrivée de Pierre-Karl Péladeau au PQ peut sembler un coup de maître. Si on poursuit l’allégorie du jeu d’échec, on croirait que l’on vient de franchir la ligne du fond du damier pour échanger un pion contre une reine!
En effet, PKP est un homme ultra-puissant et son aura économique comme le contrôle qu’il exerce sur son empire en tant que principal actionnaire font de lui un nouvel atout dans la grande bataille de propagande des deux côtés et dans la nécessité de surmonter les réticences d’une très grande proportion de la population pour la cause souverainiste… PKP est donc une reine. Voilà pourquoi le camp adverse tremble sans doute. Mais attention, dans tout jeu d’échec, chaque pièce a sa valeur et son importance. Et il ne faut pas négliger les simples pions…
Car, pion que je suis, je ne peux pas dire que l’arrivée de PKP dans le camp du OUI me réjouisse tant. Oui, cela nous fait franchir le plafond de verre qui empêchait les indépendantistes d’avoir en leur sein quelques puissants de la finance ou de l’industrie… Mais si cela veut dire qu’un Québec indépendant sera une démocratie encore plus tronquée que celle que nous avons actuellement… Si nous favorisons l’émergence d’une «démocratie» de l’opinion contrôlée et façonnée, si nous voyons que le projet de pays en est un axé sur le seul marché, sans régulation, où les principaux médias sont sous le contrôle d’une clique étroite et incestueuse… Bref, si la souveraineté du Québec contribue à affaiblir les éléments de démocratie qu’il nous reste plutôt qu’à établir une société plus démocratique, donc plus juste sur le plan social, il me semble que comme pion, je débarque de l’échiquier!
Bien sûr que je suis capable de faire la différence entre la gouverne et l’État. Je suis moi-même indépendantiste et je vote QS depuis quelques élections déjà. Je comprends donc très bien que le gouvernement du PQ puisse être de droite et que dans un Québec indépendant, la gauche, une gauche véritable, pourrait prendre le pouvoir. Mais comme pion, je suis aussi de ceux qui aiment lier le projet du pays à un projet politique plus large, plus généreux que la seule survivance culturelle.
Et si le PQ pense gagner son prochain référendum sans les petits pions comme moi, il se fourvoie dangereusement… En ne regardant que sa reine Péladeau, il perdra plein de pions essentiels à sa réelle victoire, celle qui s’inscrit dans la durée, soit celle d’un Québec libre, juste (plus égalitaire sur les plans économiques et sociaux) et démocratique ! Disons simplement que l’arrivée de PKP dans le camp du OUI ne favorise pas chez moi cette impression…
Et je rajouterais que dans les «turbulences» des lendemains d’un OUI, les pions seront peut-être plus importants pour combattre les différents assauts d’un Canada encore imprégné de la logique impériale… Il ne faudrait pas nous négliger, nous les pions…
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1- Après deux échecs référendaires, les partisans du Québec-pays doivent réfléchir aux chances qu’il leur est possible d’espérer saisir… Les défaites référendaires ont eu un coût politique élevé. À chaque fois, les nationalistes québécois se sont repliés et la folklorisation du Québec au sein de l’espace canadien s’est renforcée. Le récent projet de Charte de la laïcité en serait le dernier symptôme.
Vous me rejoignez totalement.
Et il reste un question qui est évacué complètement du débat: Qu’est-ce qu’un état souverain ? Est-ce qu’un état où les minières et les pétrolières seraient plus souveraines sur notre territoire peut être qualifié de « souverain » ? Est-ce qu’un État ou les grands financiers dictent les lois environnementales, du travail, de la santé, de la salubrité des aliments, etc. est vraiment « souverain » ?
A l’époque colonial, il existait un terme pour les états officiellement souverains mais qui ne contrôlaient que la politique interne (contrôle des citoyens, ramassage des ordures, etc.), mais n’avaient rien à dire sur les grands intérêts étrangers et la grande politique: « protectorat ». Les historiens les rangent maintenant dans la catégorie de « semi-colonies » et n’ont d’états souverains.
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/399699/que-reste-t-il-de-la-souverainete
Je rêve d’un peuple québécois souverain, pas d’un peuple québécois soumis à un état « souverain » contrôlé par la haute finance, où une poignée de magnats locaux vivent sur notre dos avec leurs amis étrangers. (Lire la scène finale de la « ferme des animaux » de George Orwell, il traitait du détournement du communisme où les dirigeants festoyaient avec les grands capitalistes, mais le parallèle est frappant avec un éventuel Québec simili-souverain réalisé (peut-être) par un PQ devenu le parti Québécor).
Lire ceci:
http://www.journallenord.com/Elections-provinciales/2014-03-10/article-3643377/Vincent-Lemay-Thivierge-reagit/1
Vous y voyez presque clair sur le damier, Monsieur Chénier… Presque, mais pas encore tout à fait.
Je pourrais évidemment me tromper, mais à mon avis l’arrivée de Monsieur Péladeau dans le camp souverainiste ressemble beaucoup au légendaire cheval de Troie entré à l’intérieur des remparts. Plusieurs sont en liesse parmi les Troyens, convaincus d’être encore plus proches de l’objectif. Mais d’autres sont dubitatifs. Quelque chose cloche dans ce portrait se voulant tellement idyllique.
Moi, je me contente d’observer de loin.
Monsieur Péladeau est-il vraiment souverainiste? Mon premier réflexe a été de réagir négativement à la vraisemblance de pareille idée… Allons donc! Et puis, je me suis très vite repris, car comme en toute chose, il n’y a pas qu’un seul et unique moule pour le partisan d’une Cause. Quelle qu’elle fut.
Et c’est ainsi qu’on pourrait distinguer entre le souverainiste collectif et le souverainiste personnel. Le premier considère la souveraineté comme un gros plus communautaire, un projet de société, pour un tas de raisons. Le second voit plutôt la possibilité pour lui-même de devenir enfin le gros poisson dans la plus petite mare – plutôt qu’un autre poisson frétillant dans la plus grande mare canadienne (a mari usque ad mare).
La souveraineté – si celle-ci devait se réaliser – nous mettrait à la merci d’un petit groupe d’opportunistes qui n’ont probablement pas grand-chose à cirer du bien collectif et de toute cette ribambelle de nationalisme et de culture locale, ou du souvenir ému des patriotes d’antan. Pour ces opportunistes, la souveraineté est principalement une question d’affaire, une occasion commerciale. Le reste, c’est pour les militants et les porte-drapeaux, ceux qui sont au front et qui parviendront peut-être enfin à leur apporter sur un plateau le Saint-Graal convoité…
Personnellement, j’ai toujours préféré la protection supplémentaire qu’accorde la présence de quelques paliers de gouvernements. Toute tentative d’abus d’un côté pourra de la sorte être mise en échec par un autre palier. Peut-être pas le système «idéal», à supposer que pareil système existe, mais néanmoins le système le plus sécurisant.
Et c’est ce que moi je vois sur le damier, Monsieur Chénier.
timeo danaos dona ferentes , disait mon voisin , proprio d’un resto grec
« Car, pion que je suis, je ne peux pas dire que l’arrivée de PKP dans le camp du OUI me réjouisse tant. Oui, cela nous fait franchir le plafond de verre qui empêchait les indépendantistes d’avoir en leur sein quelques puissants de la finance ou de l’industrie… »
Serieusement je pense qu’on mesure meme pas les effets …
L’essentiel des arguments des federalistes c’est pas l’attachement au federal c’est la peur.
Briser le plafond de verre c’est important.
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Ensuite, je pense que les souverainistes doivent s’afficher.
Hier j’ai entendu un commentateur dire … oui mais comment se sentent les journalistes en sachant que le boss est separatisse comme si etre separatisse c’etait pas comme l’option federaliste.
Comme si etre boss d’un medias comme celui qui faisait de la pub avec ce qui ressemblait au slogan liberal ou meme la presse c’etait respectable mais pas un souverainiste.
Moi j’en veux des PKP qui s’affiche j’en veux des universitaires, des hommes d’affaires, etc … qui s’affiche.
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C’est la seule maniere de rendre l’option attrayante de combattre les niaiseries qu’on lit des federalistes que c’est des tatas qui sont souverainistes.
Faut montrer que les souverainistes c’est du monde qui ont reussis, des universitaires, qu’on est du monde scolarise, qu’on a voyage, qu’on est ouvert sur le monde ….
Moi j’invite le monde a se faire visible.
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Moi je veux un gouvernement majoritaire du PQ, je veux un referendum et j’invite le monde a laisser la delusion d’ON qui s’excite sur twitter d’avoir mis la souverainete dans la campagne pis QS et Francoise qui comprennent pas que la souverainete ca se fait aussi avec du monde avec des idees differentes sur l’economie.
En 2015 ca va faire 20 ans qu’il y a eu un referendum… des opportunites il y en aura pas 50 … on embarque dans le train ou pas.
vivez ensuite avec votre propre turpitude.