Je n’aime pas quand on accuse à la légère une personne ou un mouvement d’être fasciste. Je trouve glissant et problématique d’abuser de ce qualificatif, car quand on se retrouvera avec de vrais fascistes devant nous, nous n’aurons plus de mots pour nommer ce péril…
Mais depuis quelques jours, je m’inquiète vraiment de ce que je vois et j’entends. Des policiers qui usent d’une violence injustifiée et épouvantable devant des manifestants qui ne représentent aucune réelle menace. Cette vidéo qui circule depuis une manif tenue le 26 mars à Québec en est un exemple. Et un révélateur de cette odeur de fascisme qui monte…
Car un policier, un homme armé qui a comme fonction de préserver l’ordre et la sécurité des citoyens, ne devrait pas être générateur de désordre, de violence directe et de répression politique. Voilà une première odeur. Et ce qui pue encore plus, c’est que sur les réseaux sociaux (particulièrement sur la page de Dominic Arpin qui a condamné ce geste inacceptable du policier), plusieurs internautes se réjouissaient de cette répression contre les étudiants et jugeaient que la manifestante blessée méritait son sort! Il y a quelque chose qui me désole profondément à laisser entendre que des manifestants sans armes et n’incarnant aucune menace réelle puissent être blâmés pour s’être faits tirer dans’face!
Ça doit être les émotions et mes expériences de la répression et des dérapages policiers de 2012 qui me font craindre cette dérive vers une forme de fascisme où les forces policières entrent en guerre contre les citoyens qui contestent l’ordre établi… Et en parallèle, l’émergence d’une insensibilité à l’égard de la condition humaine de ces citoyens… Primo Lévi disait que c’est la déshumanisation de l’adversaire qui a permis les dérives épouvantables qu’il a connue… À Québec, une page facebook «Je suis matricule 3143» a même été créée en solidarité avec le policier fautif. Ces gens se disent donc qu’il est correct, voire nécessaire de tirer dans la face des manifestants! On se frotte à la logique qui a mené au discours fasciste qui disait que ces «chiens de juifs» méritaient la déportation et la mort. L’Autre n’est plus un humain, mais un déchet ou une nuisance à abattre. Ça pue.
Et aujourd’hui, à Montréal, dans le petit Maghreb, il y aura une manifestation d’un nouveau mouvement aux odeurs nauséabondes, Pegida-Québec, contre l’islamisation du Québec. Inspiré directement des grandes manifs islamophobes qui ont eu lieu à Dresde en Allemagne dernièrement, ce mouvement porte lui aussi une odeur d’intolérance, de provocation et de violence.
Une odeur monte. Ça pue.
Les chiens étaient nettement moins agressifs quand les pompiers ont envahi l’hôtel-de-ville . Le sens du devoir et le jugement ne semblent pas faire partie de la job.
Et -eux- pour contester- portent des pantalons de » bums » et barbouillent les autos de patrouille qui sont payées avec nos taxes .
suivi: http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/montreal/archives/2015/03/20150328-113646.html
La dérive langagière est déjà débutée. J’en ai écrit un court billet sur mon blogue: Petit dictionnaire du printemps 2015: crotté, coquerelle, bum, rigueur, cochon… http://coachingdevente.com/2015/03/28/petit-dictionnaire-du-printemps-2015-crotte-coquerelle-bum-rigueur-cochon/
Les policiers ont fait exactement ce pourquoi ils ont été créés: https://www.youtube.com/watch?v=qDV1D0d8FR0
Enfin oser les mots.
Un État policier ou un état fasciscant c’est un État qui veut contrôler ses opposants. Frileux d’appeller un chien, un chien?
Oui, la police glisse dangereusement vers l’instauration d’un État fasciste. Mais, c’est d’abord et avant tout à cause du gouvernement PLQ qui a instauré des mesures pour le faire; sans P-6, la police ne pourrait pas faire grand chose. La police n’est que l’outil pour assurer ce contrôle. Blâmer des gestes d’un policier qui visiblement est hors de contrôle et qu’il devrait se limiter à donner des tickets de vitesse vu son énorme manque de jugement, c’pas bien bien « wise ». Par contre, on devrait blâmer le gouvernement qui lui est fasciste pour de vrai. Les policiers ne font que bêtement leur travail comme des citoyens sans jugement, un peu comme les bourreaux d’un certain régime.
Quand est-ce que vont dire que le gouvernement Couillard et celui de Charest sont fasciste? Jamais, on n’osera. Même qu’au Québec, la notion de droite-gauche est assez flou merci, surtout de la part de Intelligentsia.
Lorsque suivre des protocoles te permet de tirer dans la face des gens il y a définitivement un problème indépendamment du fait que nous soyons d’accord ou non avec l’objet des manifestations.
Je constate depuis quelques années ce glissement terrifiant: On souhaite museler ceux qui ne pense pas comme nous.
On souhaite la disparition des partis qui défendent des idées qui nous déplaisent, on se réjouit quand « notre » parti est majoritaire (même avec une minorité d’appui) et qu’il se fiche complètement de l’opposition (aussi bien en chambre que dans la société), on veut empêcher les adversaires de parler aux médias et on reproche à ceux-ci de laisser passer ces messages (même s’ils le font pour tous les camps),…
Et on se réjouit quand un adversaire est blessé en gueulant que « c’est bien fait pour eux ». Tout en appelant à un durcissement des punitions corporelles contre eux.
Certains messages, de certains animateurs de radio et de télé, comme sur les réseaux sociaux et les sites de nouvelles frises l’appel au meurtre légalisé.
Terrifiant.
Ressemblance entre les propos des pro-violence contre les manifestants et l’apologie du viol: https://scontent-ord.xx.fbcdn.net/hphotos-xpa1/v/t1.0-9/10527277_10206060138604213_5391082690387908823_n.jpg?oh=160afea233111b707703773b516b1f28&oe=55AE2C24
http://www.lapresse.ca/actualites/montreal/201503/30/01-4856757-un-policier-atteint-par-une-fleche-dans-une-manifestation.php
Il me semble qu’il y a des pommes pourries dans les deux clans et, dites-moi si je me trompes, mais j’ai l’impression que les étudiants ne sont pas dans la rue contre l’austérité mais plutôt pour défier l’autorité et, par le fait même, les policiers, question d’expérimenter des identités sociales différentes.
Deux textes de grande qualité: http://journalmetro.com/opinions/miriam-fahmy/746419/la-bienveillance-envers-les-etudiants/
https://ricochet.media/fr/371/les-policiers-ne-vivent-pas-dans-un-bocal?fb_ref=Default
La seule et unique odeur qui monte est dans votre tête. Nous vivons dans uns société de droit dont les libertés fondamentales sont garanties par des chartes de droit. Tous les sondages le démontrent, l’écrasante majorité de la population est attachée à la démocratie et aux valeurs fondamentales qu’elle implique. Toutefois, les libertés fondamentales, dont la liberté d’expression, sont encadrées par des règles dès lors qu’elles se justifient dans le cadre d’une société libre et démocratique (art. 1 de la Charte canadienne des droits et libertés).
Manifester est une chose. Manifester illégalement, c’est courir après le trouble, a fortiori en compagnie de gens dont le seul et unique but n’est pas de faire passer un message, mais bien de provoquer un affrontement avec les policiers. Et ce que je viens de dire ne fait pas de moi un fasciste. Mussolini, très peu pour moi !
Bref, ne vous en faites pas: d’ici 30 ans, nous vivrons encore et toujours en démocratie, et vous pourrez encore bloguer sur le site du Voir. Et je serai encore et toujours le premier à défendre votre liberté de dire des choses qui me paraissent passablement exagérées. Aller, sans rancune.
La seule personne habilitée à déclarer une manifestation illégale est un juge. Lorsque la police déclare abusivement qu’une manifestation est illégale, c’est pour se donner une bonne conscience et se permettre de foncer sur les manifestants à coup de matraque, de les poivrer, etc.
Et pourtant, le gouvernement fédéral s’apprête, avec quelques amendements cosmétiques, à donner encore plus de pouvoirs aux agences de renseignement et aux forces policières du pays. Croyez-vous vraiment que nous vivons dans un état de droit quand on accuse les étudiants d’être des terroristes?