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Münchhausen, les machineries de l’imaginaire

Je suis allé voir avec mon fils Münchhausen, les machineries de l’imaginaire, adapté et mis en scène par Hugo Bélanger au théâtre Denise-Pelletier. Ce fut une expérience mémorable. J’étais fatigué avant le début du spectacle et jamais pourtant je n’ai ressenti mes paupières tomber. Le spectacle est drôle et visuellement intelligent. La scénographie est fort intéressante: on y allie des décors, construits comme une sorte de théâtre de marionnettes, où les «effets spéciaux» sont mécaniquement activés par les acteurs, devant nous, à l’aide de poulies et de manipulations dignes du XIXe siècle, à des jeux de lumières et des effets sonores très XXIe siècle.

Le jeu des acteurs, volontairement grossi comme dans un vaudeville ou un burlesque pré-Olivier Guimond, est quelquefois trop criard, mais toujours drôle et athlétique. L’adaptation du texte est riche en références, elles vont du Capitaine Bonhomme au personnage bédéesque de Philémon (Fred). Hugo Bélanger a aussi rendu les aventures rocambolesques du Baron de Münchhausen très actuelles, en y intégrant un propos sur la voie de l’austérité choisie par nos pouvoirs politiques au nom d’un réalisme qui méprise toute inventivité, voire qui tue la véritable liberté.

Notre société est en effet plutôt terne en ce qui concerne son rapport à la fantaisie et aux ressorts sans fin que peut apporter la seule ressource naturelle inépuisable: celle de l’imagination. Le personnage de Münchhausen est un rêveur permanent, à qui il est tout arrivé, à travers les âges, contre toutes probabilités ou toute plausibilité. Mais pour lui et les acolytes qu’il entraîne dans son sillage, l’impossible n’existe pas et pour aller sur la lune, il suffit par exemple d’arrêter un moment de penser (pour alors «tomber dans la lune»).

Je vous suggère d’aller vous faire du bien, de vous ressourcer en découvrant les jeux enfantins et l’imagination sans borne du Baron de Münchhausen. En ce qui me concerne, je vais essayer de retrouver le film que Terry Gilliam a fait à propos de ce personnage plus grand que ce que la raison humaine peut accepter.