BloguesLe voisin

USA: le pays qui fait (encore) rêver

Les USA. Quel pays! Il y a le pire: le racisme, l’impérialisme, la corruption endémique par le pouvoir absolu de l’argent, l’arrogance, l’inculture, Donald Trump.

Mais il y a aussi (encore et toujours?) le meilleur! Un système – le régime présidentiel américain – pensé et construit de manière à ce que chacun des pouvoirs de l’État ait une source démocratique (un contrôle populaire) et que chacun puisse se faire contrepoids (les Américains appellent ça le principe du checks and balance). Je fais lire un texte à mes étudiants qui dit que le régime est fait pour empêcher la grandeur des présidents. Et que pour être un grand président donc, il faut savoir agir dans les limites, nombreuses, du système et de la culture politique états-uniennes.

Mais ce qui me fascinera toujours, au-delà des difficultés inhérentes au régime politique des USA, c’est que ce pays est toujours capable, malgré le pire, de nous faire rêver en nous présentant aussi le meilleur… En 2008, après W. Bush, les USA nous ont laissé rêver avec le candidat Obama. En 2016, le meilleur des USA se présente sous la forme de ce vieux militant de 74 ans: Bernie Sanders, sénateur du Vermont.

Bien sûr, on frissonne à voir cet égocentrique fini qu’est Donald Trump devenir candidat à la présidence. Mais au même moment, ce même pays est capable de nous présenter un homme de conviction, qui parle franc, qui a une vision cohérente et articulée de ce qu’il veut faire et qui la verbalise clairement, en faisant plus souvent qu’autrement appel à la raison et l’intelligence de son électorat.

Écoutez les critiques de Bernie Sanders face aux dérives actuelles de notre système économique et au poids de l’argent dans le processus décisionnel dans nos démocraties, faisant de celles-ci des oligarchies! Ses propos sont plus clairs, plus incisifs, plus subversifs que tous les discours de nos pseudo-partis de gauche au Canada. Et même au Québec, Québec solidaire ne réussit pas à percer au-delà d’une gauche très limitée, alors que Bernie Sanders est en train d’élargir, de créer un mouvement politique qui laissera sans doute des traces par-delà les élections primaires…

Bien sûr, le projet inégalitaire de la droite n’est pas achevé ici (Couillard travaille fort là-dessus) alors qu’aux USA, il atteint des proportions inimaginables (greed, greed, greed!). Et le discrédit à l’égard de la classe politique aux USA est sans commune mesure avec le nôtre. C’est ce qui explique en partie l’ascension de ces deux personnalités aux antipodes que sont Trump et Sanders.

Je reviendrai sous peu sur ce qui nous permet de comprendre le pire (un Donald Trump président par exemple), mais je tenais d’abord à souligner que ce qu’on appelle souvent «l’Amérique», mais que l’on devrait toujours nommer les USA, que les USA donc, sont toujours capables de faire rêver.

Can you feel the Bern?