Le Président Trump prépare tranquillement, consciemment ou non (si c’est conscient, c’est parce que c’est Steve Bannon qui gouverne), l’émergence d’un désordre violent dans son pays.
Dans un premier temps, comme je m’y attendais, Trump attaque la presse et adopte la stratégie du divertissement. Il crée la controverse et fait usage de mensonges pour éviter que l’on s’intéresse à ses politiques, ses intérêts personnels, les dérives de son style de présidence, voire le coup qu’il est en train d’opérer au sein du Ministère de la Justice ainsi qu’au Conseil national de sécurité…
Or, pour lutter contre la frénésie médiatique créée par le Président des USA, il faut apprendre à délaisser le bruit qu’il génère sans cesse, voire se mettre à ignorer ses tweets et les conférences de presse de la Maison Blanche pour permettre aux journalistes de documenter la réalité, de vérifier les «réalités parallèles» construites par la présidence Trump et les organes de propagande qui lui sont favorables. Le rôle des médias est plus que jamais de documenter la réalité, pas de réagir aux propos de ce président qui dicte l’ordre du jour des nouvelles.
Et après avoir attaqué les médias et insulté des journalistes, voilà que le Président attaque le système judiciaire et s’en prend personnellement aux juges qui suspendent son décret du «muslim ban»… Le Président Trump teste les contrepoids du système. Pour le moment, le système judiciaire joue son rôle… Mais pour arriver à s’imposer, il est possible que Trump finisse par identifier l’ingrédient manquant: le désordre.
Car il faut aussi entrevoir que dans ce chaos apparent, la présidence des USA est peut-être en train de construire le désordre, de favoriser l’explosion de la violence qui créerait sans aucun doute un appel pour «un homme fort» capable de mettre fin au chaos. Le pompier pyromane est à l’œuvre. Et ce désordre commencera au Dakota, avec l’autorisation expéditive du pipeline Dakota access. Dans ce dossier, tous les ingrédients d’une explosion de la violence sont présents: des nations autochtones (les Sioux) pour lesquelles il s’agit d’une terre sacrée, appuyées par la gauche et les écologistes en colère, qui seront nombreux à protester, voire à chercher à bloquer le projet. Et un président qui utilise les «forces de l’ordre» et l’armée pour écraser les protestataires et tuer la protestation. La zone envisagée pour le passage du pipeline est sous administration de l’armée américaine… Et qu’arrivera-t-il du mouvement Black lives matters? Et de la situation des latinos qui risquent l’expulsion? Les ingrédients de la violence sont réunis. Les citoyens américains ont accès aux armes. Le Président Trump est peu susceptible de calmer les esprits s’ils s’enflamment… Et il risque d’être le premier bénéficiaire d’une explosion de la violence, voire d’un attentat en sol états-unien!
Décidément, les dystopies et les scénarios catastrophes deviennent plausibles. La démocratie des USA est sur le point de bascule, elle qui s’est construite sur l’équilibre des pouvoirs!
Je pense qu’il est déjà trop tard, pour la gauche! Je n’aime rien de Trump, mais le délire qui se déchaîne contre lui, chez les gens de mon appartenance idéologique, ce délire fut si instantané, si aveugle, si épuisant, qu’il abolit déjà toute résistance intelligente et fructueuse. Et tout cela, sans recul, sur le passé de Trump, d’abord comme homme aux allégeances politiques, culturelles multiples et changeantes .
Un désastre! Et qui culmine en une saccade des pires caricatures, dans nos médias de gauche, et des propos franchement diffamatoires. Ces manchettes surtout de magazines ou d’affidés des réseaux sociaux qui nous le lancent en pleine face déguisé en Hitler…
Quand le dessin, la caricature se veut aussi spectaculaire, aussi réductrice, n’est-ce pas là par manque de pensée , de mots pour le dire clairement. Autrement. N’est-ce pas, plus secrètement, chez leurs auteurs, un désir rentré d’en finir, une fois pour toutes. Cette fascination éditoriale pour Hitler, j’y vois chez leurs malades qui l’affichent à répétition dans leurs médias, j’y soupçonne un manque, un vœu de recommencement, comme en 1939, au fond…
On ne pourra pas analyser Trump, le suivre dans ses démarches diverses comme homme d’affaires et comme citoyen engagé, à gauche et aussi à droite, selon les enjeux depuis 20 ans aux USA, le condamner ou l’approuver intelligemment si on lui confisque son humanité.
Et notre condamnation sans recul, sans connaissance concrète de l’homme, cela nous nomme, comme cela se faisait allègrement dans l’ancien temps. On le voit ici avec la charte des valeurs, l’affaire Sklavounos, l’hystérie devant Trump émarge encore davantage la gauche. J’ai une mémoire concrète du passé, celle de mes amis de gauche des années 70. C’est une mémoire terrible, un rappel effrayant. Le FLQ des années 70, et le carnage de Québec, il y a un lien. Un lien de cause à effet, si on veut. Notre congédiement de toute responsabilité personnelle au profit d’une culpabilité de tout ce qui échappe à notre contrôle.
Il y a eu le Juif, puis les Américains, et aujourd’hui les Musulmans. Et Trump, comme couronnement, si je puis dire.
Nous commençons à nous faire remarquer, d’ailleurs, dans le « Washington Post », hier, qui nous présente en peuple supérieurement intolérant, côté racisme…Un journal de gauche, qui appuyait Clinton, à l’élection. Devant d’autres peuples, ici chez les nations autochtones et en Europe, devant les Anglais du Brexit , les Catalans, les Écossais, les Corses, on a l’air de moins en moins fréquentables, chez les autres nations en recherche de souveraineté dans les vieux empires coloniaux européens
Je crains surtout que le délire enragé de la gauche ici ne nous bascule cul par dessus tête dans un passé non digéré, un autre FLQ. Le jeune Bissonnette nous l’annonce peut-être. Mais lui non plus, dans nos gazettes, on s’intéresse pas beaucoup à son humanité, à la totalité de sa personne.
Faut faire des manchettes, VENDRE de l’opinion, et accessoirement, de la véritable information.
Et si Trump, c’était un peu, beaucoup lui, l’antithèse de Trudeau fils, comme le fut autrefois René Lévesque, devant l’arrogance de Trudeau père???
La politique, Est-ce encore l’art du possible, au Québec, l’art de tous les possibles??
Comme aux USA???
Je suis d’accord que l’on s’empêche de «penser» Trump. Depuis le début, c’est-à-dire depuis qu’il s’est lancé pour les primaires, mais sans doute même avant, lorsque B. Obama lui-même s’est moqué de lui lors du diner de la tribune de la presse… Mais j’essaie ici de suggérer aux médias d’apprendre à couvrir sa présidence en refusant la frénésie médiatique qui le sert et en entrevoyant où il peut nous mener: la démocratie est plus fragile qu’on pense…
Le problème est que les adversaires de Trump (qui sont loin d’être tous de « gauche » contrairement au discours officiel du président) se laissent avoir par le discours de Trump et perdent un temps et des efforts précieux à déconstruire les imbécilités qu’il tweete et déclare, le laissant décider des sujets.
Ils omettent donc d’insister sur ce qui est vraiment important. Par exemple, les médias ont pratiquement refusé de s’intéresser à l’arnaque de la pseudo-université Truymp qui a escroquée des milliers de citoyens, de la fondation Trump qui a agit illégalement pendant des années et dont les fonds semblent ne servir qu’à payer des dépenses personnelles de Trump et les innombrables squelettes (dont la plupart sont publics) de sa carrière, dont un seul aurait couler sa campagne si on les avait sorti dès le début.
Ils sont aussi d’une grande complaisance, conditionnée par la logique des médias, acceptant de faire son jeu en traitant sa campagne, puis sa présidence comme une immense télé-réalité. Ils rapportent ses coups de gueule et ses imbécilités, qu’il lance volontairement justement pour faire la une, lui permettant de se présenter en « victime » des articles « négatifs » des médias quand ceux-ci ne font que rapporter ses propos ou prennent la peine de déconstruire ses mensonges.
De même, alors que Trump a véhiculé pendant des années le mensonge qu’Obama n’est pas né aux États-Unis, prétendant même vers la fin avoir engagé des détectives privés et découvert des preuves accablantes et horrifiante d’un immense complot à ce sujet; preuves qu’il promettait, pendant des mois, rendre public « bientôt ». Quand cette théorie du complot devenait gênante à traîner, il s’en est débarrassé pendant un débat d’une courte phrase (« Obama est né aux États-Unis »). Fin de l’histoire. Pas un média ne l’a interrogé sur ce qui l’avait fait changer d’idée ni ce qui était arrivé à ses « preuves ». Alors que n’importe quel autre politicien aurait été harcelé pendant des semaines. La politique-spectacle était plus payante et Trump les alimentait abondamment de sujets plus « vendeurs ».
P.S. Il faut aussi distinguer les articles d’enquête, ceux qui rapportent les faits, les chroniqueurs et les lettres de lecteur. La lettre publiée dans le Washington Post » relevait plus des dernières que d’autre chose. C’est un article pondu par un « columnist » de Vancouver, leur Martineau local.