J’écoutais l’excellente émission «Plus on de fous plus on lit» dans laquelle on parlait de la controverse de la semaine au Canada anglais: celle portant sur l’appropriation culturelle comme pratique condamnable (ce qui a entraîné la démission de deux journalistes de réputation au Canada).
Ce qu’il faut d’abord retenir de ce terme fort controversé qui génère par ailleurs des débats nécessaires, c’est que s’il y a «appropriation culturelle», c’est qu’un groupe (dominant) s’approprie certains traits culturels d’un autre groupe (dominé ou conquis), sans par ailleurs reconnaître la dette dont il est le porteur par son appropriation.
Les cas classiques d’appropriation culturelle renvoient donc aux rapports coloniaux (blancs vs noirs aux USA; blancs vs Premières Nations; majorité blanche vs immigrants), mais dans ce débat, on oblitère toute l’histoire de l’appropriation culturelle que le Canada a opéré et continue d’opérer à l’égard du Québec. Les exemples ne manquent pas! Retenons quelques symboles: la feuille d’érable, le castor, l’hymne national, l’identité même de Canadien: aucun autre groupe que les Canadiens-français n’a d’abord porté cette identité. Les Anglais étaient britanniques, les Indiens étaient les peuples autochtones. Seuls les Canadiens (français) se nommaient Canadiens.
Le 150e anniversaire du Canada servira peut-être cette année à réconcilier ce pays avec l’apport des nations autochtones. Espérons tout de même que cette bonne conscience très trudeauiste ne se fera pas à nouveau sur le dos du Québec! Car si le Canada s’engage dans un vrai processus de réparation à l’égard des Premières nations, il ne faudrait pas qu’il se (re)construise sur un autre exemple d’appropriation culturelle envers l’histoire et la culture du Québec (le Canada français a toujours entretenu une relation plus saine avec les Premières nations et cette «bonne entente» a même généré une «nouvelle nation», la nation métis!), sans par ailleurs reconnaître le fait national québécois dans le Canada.
La revue Argument publie un dossier intitulé «La confédération canadienne: 150 ans de quoi au juste?». Je pars courir le marathon d’Ottawa ce dimanche. J’aurai dans mon dos la jaquette du # de cette revue. Et si c’était 150 ans d’appropriation culturelle?
Dans votre texte vous parlez du 150e anniversaire du Canada, pourtant le Canada existe depuis bien plus longtemps. Il s’agit d’un autre cas d’appropriation culturelle et politique, car les 150 ans, c’est pour cette confédération canadienne.