Je viens de terminer la lecture du recueil d’histoires Les noyades secondaires de Maxime Raymond Bock. C’est en lisant Bienvenue au pays de la vie ordinaire de Mathieu Bélisle que j’ai eu le goût de découvrir ce nouvel auteur. Bélisle semble le présenter en effet comme un écrivain de la nouvelle génération qui contribue à nous sortir de cette insistance sur le quotidien qui caractériserait notre littérature. Sans pourtant rompre avec celle-ci, c’est-à-dire la vie ordinaire.
En effet. Lire Maxime Raymond Bock est fascinant. Il décrit des parcours de vie dans nos quartiers montréalais avec un tel réalisme qu’on se voit y être. Les lieux sont détaillés avec justesse et fidélité. Pourtant, il s’y passe des choses extra-ordinaires, quelquefois même paranormales…
Avec Maxime Raymond Bock et plein d’autres, nous entrons peut-être dans une littérature (Robin Aubert vient de faire de même selon moi avec ses Affamés) qui fusionne la vie ordinaire avec le fantastique. Quoique notre tradition orale, de la Chasse galerie jusqu’au fantôme de l’autoroute des Laurentides, opérait déjà cette mixture de l’ordinaire et de l’inédit. Mais selon la thèse de Mathieu Bélisle, il fut rare de voir se conjuguer l’aventure et le quotidien dans notre littérature, à l’exception connue de notre premier roman national: L’influence d’un livre de Philippe Aubert de Gaspé fils…
Les noyades secondaires renouent en quelque sorte avec cette possibilité d’une sortie de l’ordinaire à partir de celui-ci… Il faut lire les histoires très bien composées de l’auteur pour comprendre ce que je veux dire: à savoir que l’impossible et le peu probable peuvent surgir du quotidien en apparence anodin qui est le nôtre. Celui de Rosemont et d’Hochelaga-Maisonneuve. Et à travers ces méandres d’un quotidien finalement pas si banal, Maxime Raymond Bock nous fait aussi renouer avec de superbes expressions que l’on a tendance à oublier: par exemple, vous savez ces petits chemins terreux qui ont été creusés par nos raccourcis cumulés de marcheurs dans le gazon des parcs? Ce sont des lignes de désir ! Je ne me rappelais plus cette si belle expression.
L’extraordinaire qui surgit de l’ordinaire!