La déséducation : La déséducation : Guêpier Social
Je pense que

La déséducation : La déséducation : Guêpier Social

En lançant sa webtélé La déséducation, Mathieu Côté-Desjardins, jeune enseignant, voulait remettre en question le système scolaire québécois tout en provoquant une profonde réflexion sur l’éducation. Nous l’avons invité à réfléchir sur la nature de son projet.

Mot de douze lettres. Vertical. Guêpier social dans lequel on s’est fourré depuis bien longtemps. DÉSÉDUCATION. Un mot que l’on répète de plus en plus, et qui n’est pourtant pas dans le dictionnaire. Un nouveau terme qui pourtant tapisse déjà toutes les parois de la société. Bizarrement, un projet portant le même nom s’avance, affirmant en être l’antidote. Lancé officiellement la semaine dernière, le projet La déséducation, généralement applaudi par les médias et par la population, reste encore quelque peu cryptique, même si je suis sorti de l’ombre en révélant mon identité.

Si le projet LA DÉSÉDUCATION était en « odorama », son parfum serait corsé, épicé, mais ne repousserait pas. Il ouvrirait plutôt l’appétit tout en invitant doucement le printemps.

Il suffisait d’assister au lancement à Montréal le mercredi 3 novembre pour saisir que dans son ensemble, cette idée est gorgée de vie et vient casser cette ère aseptisée en changement sociaux. On est loin d’être dans le Mois des Morts!

Une main de velours dans un gant de fer

L’ardeur qui a servi à faire ces premiers webépisodes a été puisée à même la passion qui m’anime plus que jamais en matière d’éducation. Ce fut bel et bien la recherche d’un exutoire qui m’a poussé à me mettre à l’ouvrage. Cela n’a  duré que le temps de m’amener sur un terrain beaucoup plus sain et fertile.

Les huit premiers webépisodes étaient ceux « que je devais » faire. Les huit derniers étaient ceux que « je voulais » faire.

Dès le début, il a été bien clair pour moi que les premiers webépisodes étaient mis en ligne pour susciter la réflexion. Pour en savoir plus sur mes intentions véritables, vous pouvez consulter la section « Mot de l’auteur » sur le site www.ladeseducation.ca

Tous les jours, je suis ébahi par la réaction des gens. Pour beaucoup, ce projet est une véritable délivrance, une occasion de s’affranchir et d’enfin faire de leurs idéaux des placements responsables et rentables pour leur propre vie et par ricochet pour l’avenir de ce monde.

Il est primordial de préciser que les webépisodes traitent d’un constat. C’est un moyen de répondre à un besoin d’empathie et d’expression que vivent beaucoup de gens à l’intérieur de ce système scolaire. Je ne parle pas seulement des enseignants, du personnel de soutien, des parents, mais d’abord des jeunes. Alors, oui, on pourrait appeler ça un chaos pré-renaissance dans le milieu de l’éducation!

Et les solutions?

Ce n’est pas tout le monde qui connaît la réalité sulfureuse du système scolaire.
Si on veut arriver à parler de solutions en éducation, il est déterminant de prendre le temps d’en parler. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai opté pour une webtélé plutôt qu’un documentaire traditionnel. La déséducation, à l’image de notre société, se complaît dans l’instantanéité. Les critiques dures à l’égard de ce projet prennent aussi cette avenue accidentée.

Relancer le tissu communautaire

Des solutions, j’en ai plusieurs qui me sont personnelles. Quelques-unes sont abordées dans chaque webépisode et le webépisode 9 y sera consacré complètement.
La série web prendra résolument le chemin d’en proposer d’autres, à partir de janvier 2011.Tout le public est invité à contribuer de leurs propres solutions. Ce n’est pas un  projet fermé, bien au contraire.

Un ami m’écrivait « S’intéresser vraiment au projet, c’est s’y lancer ». Je suis bien conscient que la population n’a plus ce réflexe de contribuer au monde qui lui appartient, mais c’est ce que le projet LA DÉSÉDUCATION vous propose. Il est fondamental de comprendre qu’on ne peut vivre l’expérience complète du projet seulement avec la webtélé: elle ne représente qu’une partie de l’ensemble. Le site Internet vient justement équilibrer le tout et permet à chacun d’échanger, d’être entendu et considéré de tous.

Personnellement, je crois que pour toucher une éducation sans artifice, le tout doit se faire, entre autres, de façon personnalisée. Croire que seuls les gouvernements détiennent la clef du changement, c’est se limiter à une utopie. Tout ce qu’un gouvernement peut faire, c’est de traiter la population en tant que masse, et cela devient automatiquement de la déséducation.

Les perles qui donnent bonne figure au système, elle sont enfouies dans des huitres, englouties au fond de l’océan et sorties seulement lorsque ça peut avantager les gens au pouvoir. Ce ne sont que les exceptions qui font que tout fonctionne encore et qui font briller le tout avec de petits miracles. Nous pourrions tellement leur offrir plus. Ce n’est qu’une question de temps…

« Dans la vie il n’y a pas de solutions ; il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent. » Antoine de Saint-Exupéry

Il est fascinant de voir à quel point le système scolaire est un nerf sensible et à quel point on l’a délaissé toutes ces années. Les critiques sont très partagées, ce qui démontre une certaine santé sociétale.

D’un autre côté, un raz-de-marée de dissonance cognitive déferle. Pourtant, le tout n’est qu’une chanson triste, un drame que l’on aime voir au cinéma. On peut appeler la webtélé LA DÉSÉDUCATION une webtélé de type documentaire, mais je la verrais plutôt comme une humble expérience de vie documentée.

Un enseignant désabusé ou un grand passionné?

Jusqu’ici, on ne m’a que très peu interrogé sur qui je suis, entre autres comme enseignant, sur les façons dont mes élèves réagissent par rapport à ce que je leur propose, aux contacts que j’ai su créer, des gens que je fréquente, de ce que je fais de mon heure de dîner, etc. Penseriez-vous qu’un enseignant « éteint » aurait autant investi et s’investirait encore autant dans un projet de la sorte seulement pour « flasher » ou encore pour avoir un capital quelconque ?

Rien ne sert de courir; il faut partir à point.

Sachant très bien qu’il est urgent d’agir, je pense qu’il est bon de s’armer de patience et de respecter le rythme des gens et leur permettre de savoir que la déséducation existe, et d’en arriver à se conscientiser envers  elle. Cela ne peut se faire en quelques jours.

Les vrais passionnés de l’éducation seront bien capables de comprendre qu’on n’arrive pas à des changements profonds rapidement et qu’il est crucial de prendre le temps de mettre en place les bases des changements. Et pour ces passionnés qui ne sont point capables de voir à l’extérieur de leur bulle « de succès »,  je dis « allez voir autour de vous comment le monde tourne et d’autres passionnés que vous-mêmes ».