Une autre raison pour laquelle, «dans le dernier film de Xavier Dolan, il n’y a pas une phrase sans un mot anglais», est que le jeune cinéaste voulait séduire, certainement la France (qui en pince pour l’anglais depuis la Libération), mais surtout Hollywood [1].
À l’instar de Cinéma Paradiso (le cinéma hollywoodien y occupe une place importante), de Karacter (le personnage principal se fait remarquer par son étonnante connaissance de l’anglais, qui ouvre toutes les portes) et de La vie est belle (des militaires états-uniens libèrent la ville et les juifs italiens), Les Amours imaginaires sont le type de film que les membres de l’Académie des arts et des sciences du cinéma auraient aimé voir concourir pour l’Oscar du meilleur film étranger, car, outre ses qualités intrinsèques, l’anglophilie y suinte de partout.
Dolan est jeune, mais il sait déjà comment flatter dans le sens du poil, quitte à maltraiter sa langue maternelle pour ce faire. Manque de pot pour lui, c’est le film de Denis Villeneuve, Incendies, qui nous représentera aux Oscars l’an prochain. Et celui-ci n’a pas eu à faire le joli pour l’emporter.
Sylvio Le Blanc
Montréal (Québec)
[1] http://www.ledevoir.com/politique/quebec/310685/pourquoi-tant-de-mots-anglais