Dans le mélodrame du gaz de schiste, on semble actuellement à la période de l’entracte, du moins dans certaines régions, là où on a déjà livré combat. Ailleurs, la commission du BAPE poursuit ses audiences; partout, à la grandeur du Québec, c’est la même opposition, les mêmes réserves.
Si les principaux acteurs donnent ici l’impression de se reposer, en coulisse les lobbyistes des compagnies exploitantes peaufinent et répètent leurs répliques. On les verra s’émoustiller avec grande excitation lors de plusieurs assemblées ad hoc, en tant que représentants des compagnies pétrolières et gazières, manifestement intéressées à obtenir dans cette affaire la plus grande marge de manœuvre possible, d’ici à ce qu’une réglementation vienne limiter leurs prétentions. Il leur faut faire vite; on est en fin de règne, et le trône favorable en place vacille sur ses pattes.
Du côté des opposants, le même argument environnemental lié à l’exploitation des gaz de schiste continue à servir d’assise aux débats : tout comme l’implacable corollaire de la production pétrolière à partir des sables bitumineux albertains, acceptera-t-on au Québec de polluer d’énormes quantités d’eau, des millions de litres d’eau, nécessaires aux activités de forage liées au procédé d’extraction du gaz naturel emprisonné dans le roc ? Au nom du sacro-saint développement, peut-on prendre un tel risque au moment même où l’or de l’avenir se mute en eau potable… ? Qui faut-il croire dans ce mélodrame… ? Qui se cache derrière les masques de théâtre ? Pour qui sifflent ces stratèges factices si bien farinés ?
Sans compter les miettes d’information dont on dispose à l’heure actuelle sur les réels effets environnementaux de tels prélèvements, et les enjeux sociaux liés à la proximité des sites d’extraction et des habitats naturels. À ce titre, l’encadrement des industries impliquées et le recours des citoyens éventuellement lésés ne font pas meilleure figure !
Entretemps, notre bon gouvernement habitué aux courtes listes place la ville de Shawinigan assoiffée d’eau potable sur ce prestigieux papier des « villes nominées… », dites habilitées à recevoir et traiter les eaux contaminées par l’extraction des gaz de schiste. Sidérant …de largesse !!!
Par une étrange coïncidence, dans un autre très célèbre théâtre, pas si loin du Québec, notre compatriote et génial metteur en scène Robert Lepage triomphe dans l’Or du Rhin, de Richard Wagner, au Metropolitan Opera House (New York). Le schiste y est aussi en scène, tel qu’évoqué ici par Albérich, nain repoussant mais fin stratège, personnage cherchant dans cet opéra à s’accaparer l’or du Rhin, lui aussi enfoui dans les profondeurs de la terre !
Écoutons-le se lamenter en allemand : « Garstig glatter… Saleté de schiste, lisse et gluant ! Comme je glisse! Je n’agrippe rien sur cette glaise glissante…J’ai le nez plein d’humidité… »
Plus habile toutefois que certains hérauts actuels des gaz de schiste pourtant capables de faire passer des vessies pour des lanternes, Albérich notre nain astucieux, lance son « Hahahaha… Wohl besser da unten ! C’est bien mieux là en bas…! » Il dégringole ensuite à toute vitesse et…se sauve avec l’Or !
Étonnés de voir autant d’incrédulité chez le petit peuple sceptique devant leurs promesses, et ne lui sachant pas une telle prétention à raisonner, les tenants des gaz de schiste perdent peu à peu de leur superbe. Certain missionnaire en service ne voit rien de mieux que de se forger une maladie d’épuisement … disparaissant de la scène. Kaputt… Crevé ! Qu’importe… d’autres continueront à claironner que le schiste vaut son pesant d’or, même pollué.
Qui peut nous assurer, devant une telle ténacité à vouloir nous convaincre, qu’ils ne nourrissent pas le projet secret d’agir comme ce nain Albérich…? Souvenez-vous…un nain facétieux et fin stratège !
Pourra-t-on s’en plaindre après, et se lamenter comme lui :
« Garstig glatter… Saleté de schiste, lisse et gluant ! Nein ! Nein…!
Comment cela a-t-il pu se produire sans qu’on n’en sache rien…! Ssssssapristi…!
Si siphonner ces gaz du schiste signifie en scinder ses strates superposées et striées en insufflant en sous-sol des substances sous solides pressions pour en faire sourdre ces sédiments gazeux, c’est suicidaire de succomber si facilement aux sirupeux scénarios simplistes de ces stratèges facétieux, sans savoir si ces saletés de sueurs issues du schiste se recyclent sainement… Sic!
Claude Parenteau
Saint-Jean-des-Piles
L’État de New York, un état d’un pays reconnu pour son capitalisme, parfois sauvage, a décidé d’imposer un moratoire sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste suite à certains problèmes. Alors, pourquoi notre gouvernement ne ferait-il pas la même chose? Le gouverneur de l’État de New York semble savoir que c’est le peuple qui l’a élu. Ici, les députés et ministres du Parti Libéral du Québec semblent oublier qu’ils doivent travailler pour le peuple qui les a élus et non pas pour les dirigreants d’entreprises qui leur donnent des millions de dollars afin que l’ascenseur leur revienne plein de contrats.
Les petits profits que le gouvernement obtiendra de ces compagnies seront-ils suffisants quand les cours d’eau et les nappes phréatiques sont contaminés? Quand la population deviendra malade? A-t-on oublié qu’il y a deux côtés à une médaille? Il semble que pour l’industrie du gaz de schiste, le PLQ et l’ADQ, la réponse serait oui.