La Tablée des Chefs : implication sociale des chefs, cuisiniers et pâtissiers au Québec : La Tablée des Chefs : implication sociale des chefs, cuisiniers et pâtissiers au Québec : Tout le monde à table!
Jean-François Archambault, fondateur et directeur général de La Tablée des Chefs, pense que lui et ses pairs doivent jouer un rôle de premier plan pour solutionner les problèmes de faim et de malnutrition, au Québec et ailleurs. Nous lui avons donné la parole.
La Tablée des Chefs est le moteur d’implication sociale des chefs, cuisiniers et pâtissiers au Québec. J’ai fondé cet organisme car je crois profondément que les chefs peuvent et doivent jouer un rôle majeur dans le règlement de l’enjeu de la faim au Québec, au Canada et dans plusieurs pays du monde. Nous les avons donc outillés pour intervenir socialement. D’abord nous encadrons la redistribution de leurs surplus alimentaires, ensuite nous mobilisons la relève professionnelle en cuisine dans la préparation de repas au profit des banques alimentaires du Québec et finalement nous les impliquons dans le transfert de leurs connaissances culinaires auprès des adolescents en situation de pauvreté afin de contrer leur éventuelle dépendance à l’aide alimentaire.
Au Québec, nous vivons dans l’abondance et dans la surconsommation, les entreprises du secteur alimentaire produisent de grandes quantités de nourriture qui trop souvent ne serviront même pas à nourrir des gens. Je viens d’une famille assez aisée et j’ai grandi dans cette abondance, où nous avons toujours eu le luxe de choisir notre menu. Heureusement, mes parents étaient très impliqués socialement, et très jeune ils m’ont sensibilisé à l’importance d’aider ceux qui ont moins de chance dans la vie. À 9 ans, je suis devenu une recrue de la Guignolée. La semaine dernière, j’y suis retourné pour diriger une équipe de bénévoles car mon père organise encore cette activité dans le quartier où j’ai grandi
Cette période de l’année est propice aux dons et à la charité, nous réalisons soudainement que nous sommes privilégiés et que tous ne vivent pas cette même réalité. En ce moment de réjouissance, nous voulons que tout le monde soit bien, que tout le monde puisse manger à sa faim, que tout le monde ait un toit au-dessus de sa tête et que les enfants soit heureux et en santé. C’est louable d’y penser et de faire en sorte que ces gens puissent avoir un répit pendant quelques semaines. Est-ce que la réalité de 2010 est la même que l’année dernière et que les années précédentes? Rien ne change, pire, la situation ne s’améliore pas du tout. Je vis cette réalité de la même façon que vous tous, vous êtes tous de plus en plus sollicités, en plus des impôts et des taxes à payer, les 16 000 organismes communautaires du Québec veulent aussi vos fonds de poches afin d’aider les gens dans le besoin. Comment savoir qui aider? Comment savoir que les dollars que vous investissez socialement vont réellement aider les gens dans le besoin à s’en sortir? Il faut commencer à se poser ces questions comme société si nous voulons réellement changer la vie des gens dans le besoin.
À La Tablée des Chefs, nous devons nous préoccuper des gens qui ne mangent pas à leur faim quotidiennement dans notre société, c’est pourquoi nous avons lancé le courtage en alimentation durable afin de permettre aux chefs de donner leurs surplus de nourriture encore très bonne à manger, aux banques alimentaires du Québec, au lieu de trouver le chemin de la poubelle. Nous contribuerons aussi en mars prochain avec l’aide de plus de 700 étudiants en cuisine de plus de 14 écoles culinaires du Québec, par la préparation de 100 000 repas « prêt-à-manger » qui nourriront des milliers de personnes partout au Québec et sensibiliseront les jeunes chefs de demain à la réalité de la faim. Mais ce qui me préoccupe le plus, c’est de voir diminuer la dépendance à l’aide alimentaire de la prochaine génération de jeunes adultes qui devront faire face à la responsabilité de nourrir leurs familles. Selon les statistiques de Banques alimentaires Québec et du dernier bilan FAIM qui dresse un portrait de l’aide alimentaire au Québec, plusieurs milliers de québécois ont recours à cette aide qu’une seule fois par mois, plusieurs d’entre eux, s’ils avaient les connaissances nécessaires, pourraient y arriver malgré un budget alimentaire très serré. Ils n’ont simplement pas eu la chance de développer cette autonomie et avec le rythme fou que la vie nous dicte, il devient très difficile de contrer cette tendance et briser ce cercle vicieux. Questionnez vous donc sur l’impact social d’éduquer toute une génération de jeunes à l’autonomie alimentaire et faire diminuer les lignes d’attentes à l’aide alimentaire, permettre à une société de devenir autonome et plus critique de son alimentation et des produits qui la compose. Il est clair pour moi que le meilleur investissement social est le développement de l’autonomie, afin de donner aux gens dans le besoin les outils nécessaires pour faire face aux difficultés qu’ils rencontrent tout au long de leur vie.
Il faut donc nourrir les gens qui subissent la faim présentement et qui n’ont aucuns autres moyens que de faire appel à votre charité pendant cette période de l’année et à l’aide des banques alimentaires le reste du temps. Mais il faut surtout valoriser le partage de connaissances des milliers de cuisiniers au Québec, incluant les papas et les mamans aux commandes des cuisines familiales du Québec, afin d’éduquer la relève sociétale du Québec et développer l’autonomie alimentaire des jeunes québécois de toutes cultures et de toutes origines. Il est important de fournir le poisson mais surtout apprendre à pêcher à celui qui le consomme régulièrement. On se nourrit par besoin, on mange par plaisir, on déguste par gourmandise, donnez la chance à un jeune de vivre cette escalade savoureuse que représente leur alimentation et surtout permettez nous de créer une société riche en culture culinaire et indépendante de choix!
Savoureusement vôtre
Jean-François Archambault
Directeur Général & Fondateur
La Tablée des Chefs
Allez dans n’importe quel restaurant d’une grande chaîne, regardez autour sur les tables les restes dans les assiettes des convives qui ont quitté. J’ai fait l’expérience souvent. Mon constat n’a rien de scientifique, mais sur une table de quatre, mettons, une assiette au moins est à moitié pleine. On mange trop, ça c’est certain, mais aussi plusieurs restaurants gaspillent la nourriture en en mettant trop dans les assiettes.
Conscientiser la population à propos de la nourriture et la pauvreté, c’est aussi les inciter à consommer moins. Quand on est rassasié, il arrive que l’on se sente généreux, mais pour les mauvaises raisons. On donne aux pauvres le ventre plein de notre bonne conscience.
En mettre moins dans les assiettes, chez les restaurateurs, ce n’est pas seulement inciter les gens à manger moins, c’est aussi faire moins de gaspillage. Et les pauvres méritent mieux que nos restes,ou les surplus mal gérés de commandes de bouffe gargantuesques des restaurateurs aux cultivateurs maraîchers.
Les restes que nous redistribuons ne sont pas les restes dans les assiettes, ce sont les restent non consommés qui restent dans les cuisines, la nourriture que nous envoyons aux banques alimentaires vient des hôtels 4 et 5 étoiles et elle est de première qualité, vous devriez voir ce qui est servi présentement aux gens dans le besoin pour comprendre qu’ils sont très heureux de recevoir ces surplus alimentaires,
C’est une question d’équité pas de générosité, la générosité est trop émotive vous avez bien raison là dessus,
Merci pour vos commentaires
Jean-francois
je me suis mal exprimé. Les restes dont il est question ici, c’est bien sûr la nourriture non consommée dans les cuisines des restaurants. Je vous remercie de m’avoir rappelé à l’ordre. Vous faites un travail important, surtout en cette période de l’année.
La Tablée des chefs est une excellente initiative, parce qu’il est important de dire que le problème de la faim n’arrive pas qu’une fois dans l’année, soit durant le temps des fêtes. La faim, c’est à tous les jours qu’elle est vécue. Pour plus d’infos, le site Banques alimentaires du Québec.
http://www.banquesalimentaires.org
Premièrement bravo pour vos gestes de sensibilisation envers la pauvreté et la faim au Québec. Bravo surtout à vos parents qui vous ont enseigné l’importance d’aider les autres dans le besoin. Lorsqu’on doit se battre pour sa survie le ventre vide, vous n’avez pas idée à quel point il faut être fait FORT. Faut le vivre pour le savoir. Vous parlez de développer « l’autonomie alimentaire »… expliquez-moi svp parce que sans les aidants-naturel, sans les copains-copines (les vrais), sans les bons voisins ou les organismes de soutien comme les banques alimentaires impliquant automatiquement une « dépendance », je ne comprends pas comment on peut atteindre une « autonomie alimentaire ». Lorsqu’on est rendu là, c’est que nous ne sommes plus pauvres.
Vous savez, il est merveilleux de vous lire et de voir votre implication présente et future pour la jeune relève et qui sait, peut-être aussi pour la génération des aînés, car là aussi il y a beaucoup de pauvreté avec moins de force physique pour se battre. Bref, vos propos m’ont fait penser que ce serait une bonne initiative de la part de toutes ces émissions télé qui nous enseignent à cuisiner et qui nous font saliver, d’offrir les 3 ou 4 plats cuisinés à l’écran. Qu’est-ce qu’on en fait de cette bouffe. Suffirait d’envelopper au frigo et de distribuer aux démunis. Non mais, avec la quantité d’émissions qu’on nous présente à l’année longue, y’a de quoi combler plusieurs familles.
Je ne peux terminer sans dire que le manque de nourriture n’est pas uniquement attribué pour la bédaine, il y a aussi la nourriture de l’âme, i.e. la musique, la lecture, les sorties, une coupe de cheveux, tous ces menus plaisirs vitaux auxquels nous n’avons pas droit.
Lorsque je vois l’immense générosité du peuple québécois ainsi que le gouvernement offrir des millions, voire des milliards pour du soutien aux pays voisins en déconfiture, je ne suis pas contre au contraire, mais je me dis qu’il n’y a alors aucune raison de ne pas pouvoir enrayer totalement la pauvreté dans notre propre pays. Il n’est pas normal de retrouver des gens qui dorment dehors en hiver et qui ont faim, jusqu’à les déplacer de secteurs pour ne pas déranger les touristes. Excuse me!
Le cercle vicieux dont vous parlez… il est LÀ. Merci de poursuivre votre lutte contre la faim!