Extraction du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent : Extraction du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent : Une autre lettre ouverte à Nathalie Normandeau, Vice Première-Ministre et Ministre des Ressources Naturelles et de la Faune
Je pense que

Extraction du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent : Extraction du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent : Une autre lettre ouverte à Nathalie Normandeau, Vice Première-Ministre et Ministre des Ressources Naturelles et de la Faune

Madame la Ministre, vous permettrez que je réponde – entre deux répétitions, comme si je n’avais que ça à faire! à votre récente sortie quant à la soi-disant campagne de désinformation menée par certains citoyens dont je suis dans cette saga des gaz de schiste.

Après avoir admis que votre gouvernement avait cafouillé dans ce dossier, l’instant d’après, vous rajoutez à vos mauvais pas en vous empressant de discréditer l’esprit critique qui depuis des mois tente de se porter à la défense de l’intérêt public.

Vous prétendez que les partisans du moratoire préfèrent ne pas savoir. Mais c’est tout le contraire! Nous hurlons depuis des mois notre soif de connaître! Nous nous mourons pour des réponses claires aux questions soulevées par cette affaire qui menace de bouleverser le paysage où nous vivons!

Les Québécois demandent que ce développement, s’il doit se faire, se fasse dans leur intérêt, en toute connaissance de cause. Ils exigent les précautions que vous avez négligé de prendre soient prises dès maintenant, que des garanties soient données en matière de santé et de sécurité, de contrôle de la qualité de vie dans des régions où ils habitent. Ils exigent de connaître à qui profitera cette industrie…

Hier soir encore, à Saint-Édouard-de-Lotbinière, des citoyens ont demandé à Michael Binnion, président de la gazière Questerre, quel était le plan de la compagnie pour le territoire de leur municipalité. Combien de puits? Où, les puits? C’est quoi le plan? Une question simple, non? Légitime. Savez-vous ce qu’il a répondu? Eh bien, après quelques charmantes tentatives de ne pas répondre du tout, pour ne pas effrayer personne, devant l’insistance de l’assemblée qui était curieuse de savoir, il a candidement avoué qu’il n’avait pas de plan! Peut-être 300 ou 400 puits dans la région, mais pas de plan. Seulement … un espoir! Je croyais rêver! Je n’étais plus le seul poète dans la salle!

Et sa prose a atteint son comble lorsqu’il a répété que les investisseurs qu’il représente n’avaient pas engagé leur argent sur un plan de développement, avec perspective de profit, mais bel et bien sur cet espoi qu’il espérait de tout son coeur que nous partagions avec lui! C’était à pleurer…

Les Québécois sont des rêveurs, mais ils ont aussi les pieds sur terre. S’ils avaient su qu’ils ne pouvaient faire confiance au gouvernement qui les représente, les propriétaires de Saint-Édouard, comme ceux de la vallée du Saint-Laurent, auraient tous claimé leur lot. Et forts de ce pouvoir de négocier, ils se seraient calmement assis à la table de Monsieur Binnion, exigeant plans et garanties, avec les précautions qui s’imposent, et des redevances respectables à la clé. Les investisseurs norvégiens qui soutiennent Questerre savent qu’en Norvège, le gouvernement tire 52 % de redevances. Et ils rient dans leur barbe quand ils entendent parler qu’ici au Québec, 10 ou 12 % seront versés au gouvernement. Hier soir, les gens ne riaient pas.

Votre première maladresse a peut-être été d’avoir vous-même créé le climat de confrontation dont vous héritez maintenant. C’est votre manque de respect pour les intérêts des citoyens, votre propre malhonnêteté intellectuelle qui auront provoqué l’indignation dont vous essuyez

aujourd’hui les coups. Et vous avez été la première à battre la campagne de désinformation. Je vous rappelle que vous avez vous-même affirmé que les produits utilisés lors de la fracturation hydraulique ne pouvaient porter préjudices aux nappes phréatiques. Quand aujourd’hui les études se multiplient pour prouver le contraire, je conçois que vous puissier ruer dans les brancards.

Combien de temps tiendrez-vous encore sur cette obstination? Quand l’Institut National de la Santé Publique en appelle à la prudence la plus élémenatire, vous vous empressez de banaliser ces recommandations ! Quand des inspections révèlent des fuites, vous vous empressez de les qualifier de normales! Alors que la Loi des Mines exige qu’il n’y ait pas de fuite du tout.

À Leclercville, ces jours-ci, les citoyens du coin ne rient pas non plus quand ils voient tout le branle-bas de combat autour du puits qui fuit…

N’y a-t-il personne pour vous conseiller de prendre acte? Et de remédier à vos erreurs passées en portant les préoccupations légitimes de vos concitoyens plutôt qu’en les rabrouant?

Hier soir encore, le président de Questerre remettait un chèque de 20,000 $ pour la rénovation de l’église du village de St-Édouard. Alors que l’on prenait les photos d’usage, je me demandais quel pourcentage de ses dépenses l’industrie peut-elle faire rembourser par le gouvernement via des crédit d’impôts, à même les taxes des citoyens, durant la phase d’exploration?

L’exploration… Voilà la nouvelle formule magique! Vous laissez entendre à la population que l’étape d’exploration qui est en cours est sans conséquence et qu’il faut laisser l’industrie agir si l’on veut connaître l’état de la ressource. C’est là faire preuve d’une mauvaise foi qui démontre qu’en matière de désinformation, vous êtes vraiment en lice pour le championnat!

Quelle est-elle, cette phase d’exploration? Contrairement à ce que vous affirmez, la phase d’exploration est autant sinon plus risquée que la phase dite d’exploitation. Parce que c’est justement lors des opérations de forage et de fracturation qui ont lieu durant la phase d’exploration que la plupart des risques sont pris! Parce que c’est durant la phase d’exploration que tout se joue. Lorsqu’on exploite enfin, il n’y a plus qu’à brancher le gazoduc…

La demande de moratoire vous demande justement de suspendre momentanément les opérations qui sont sources d’inquiétudes et de tension. Le temps que des réponses satisfaisantes puissent permettre à ce que ce développement, s’il doit avoir lieu, se fasse dans un climat de confiance. Que l’on puisse savoir dans quoi on s’embarque, à quel prix et au bénéfice de qui au juste?

S’il y a, au sein de votre gouvernement, un leader digne de nos richesses énergétiques, prêt à porter haut et fort les intérêts de son peuple, qu’il se lève. Si vous êtes de celle-là, l’heure a sonné. Autrement, si vous vous entêtez à « passer votre message », sans écouter ce que les citoyens ont à vous dire, il n’y aura plus beaucoup d’espoir de vous réchapper…

Je me permets cependant de vous réitérer toute ma confiance car je demeure votre tout dévoué,

Dominic Champagne