Réactions au budget Bachand 2011 : Réactions au budget Bachand 2011 : Offensive contre offensive
Marc-André Cyr, étudiant au doctorat en science politique à l’UQÀM, s’étonne du peu de réactions suscité au Québec par des politiques qui, ailleurs, soulèvent un tollé.
En 2010, les différents budgets d’austérité adoptés par les gouvernements d’Europe ont fait descendre dans la rue des millions d’individus. En France, en Irlande, en Angleterre, en Espagne, en Grèce, en Italie, au Portugal: les grèves nationales, les actions directes et les émeutes se comptent par centaines. La petite Islande a même renversé deux gouvernements consécutifs afin de protester contre les mesures favorables aux banques. Ces événements sont d’une amplitude historique. À un point tel que le quotidien britannique The Independent affirmait, en mars 2010, que le pays pourrait bien faire face à la plus grande rébellion «dont on ait fait l’expérience sur le continent depuis les soulèvements révolutionnaires de 1968». Si cette flambée n’a pas eu lieu, il y avait tout de même des décennies que les classes populaires d’Europe ne s’étaient ainsi dressées contre l’État et son gouvernement. Ajoutons que ces mesures d’austérité ne sont certainement pas étrangères aux insurrections auxquelles fait face depuis plusieurs semaines l’Afrique du Nord, et que ces événements, pour leur part, sont d’une amplitude incontestablement historique.
Au Québec, par contre, le budget Bachand de l’an dernier n’a pratiquement pas provoqué de réaction. Si les mesures étaient pourtant semblables à celles adoptées par les néolibéraux d’Europe, les grandes centrales syndicales, tout comme les fédérations étudiantes, ont opté pour le lobbying ou la quiétude. Quelques manifestations eurent lieu, bien entendu, mais force est d’admettre que l’agitation fut timide par rapport aux enjeux soulevés. L’hégémonie de la droite semble ainsi être ici incontestable. Pour s’en convaincre, il suffit de porter attention à la question identitaire, de plus en plus exacerbée, de même qu’au traitement favorable ou complaisant accordé à la droite radicale libertarienne ou au «nouveau» parti de droite de François Legault (pour le compte duquel on a fait de nombreux sondages alors que le parti est encore inexistant).
Le consensus qui se dégage à propos de ce nouveau budget est évidemment à compter parmi les nombreuses victoires de la droite conservatrice ou libérale: jamais une telle offensive contre les droits sociaux n’aura semblé faire autant consensus. À peu près personne ne critique sérieusement les nouvelles et drastiques hausses de tarifs, tout comme à peu près personne ne suggère que l’entreprise privée ou les mieux nantis auraient pu faire «leur part» dans l’«atteinte du déficit zéro» – slogan martelé à l’unisson depuis, rappelons-le, 1995. Le débat, pourtant essentiel à toute démocratie digne de ce nom, est donc pratiquement inexistant dans l’espace public.
Le Québec vit pourtant dans un contexte semblable à celui des pays d’Europe qui ont pris la rue en 2010. «On nous vole nos salaires, on nous vole nos retraites, on nous vole nos droits du travail et de protection sociale, on nous vole notre droit à la vie». C’est ainsi que s’exprimait Ilias Vretakou, vice-président d’ADEDY (syndicat de la fonction publique), alors que la grève générale se répandait comme une traînée de poudre partout en Grèce. Ces paroles pourraient bien être dirigées contre notre gouvernement actuel. Et que dire des nombreuses manifestations et émeutes en Angleterre contre les hausses des frais de scolarité? Et les grèves contre la réforme des retraites en France n’étaient-elles pas, elles aussi, dirigées contre ces mêmes politiques qui guident le gouvernement Charest?
Albert Camus, penseur de l’absurde et de la mesure, affirmait que la révolte traçait une frontière par-delà laquelle l’autorité, celle du maître, du patron ou de l’État, n’était plus acceptable et méritait d’être combattue. En posant cette frontière, le révolté affirme, par sa négation, que quelque chose dans l’humain mérite d’être préservé. Les peuples d’Europe et d’Afrique du Nord ont fait et font toujours vivre cet «élan généreux» qui les dresse contre les inégalités et l’injustice. Les semaines qui viennent nous diront si la communauté étudiante et travailleuse du Québec mettra en marche ce mouvement qui pourrait faire reculer l’État et les classes dirigeantes.
– Marc-André Cyr, étudiant au doctorat en science politique à l’UQÀM. Sa thèse porte sur les idées politiques et les mouvements sociaux.
Votre étonnement m’étonne. Quand a-t-on récemment réagi fortement à quoi que ce soit fortement, à plus forte raison en prenant la rue au Québec? Ça n’arrive presque jamais que les Québécois soient mobilisés massivement pour quelque raison que ce soit. Ça n’est d’ailleurs pas très nord-américain dans un sens plus large (à l’exception du Mexique peut-être). Les raisons en sont diverses mais c’est, je crois, en bonne partie dû au fait que les gens ne croient pas à ce type de pressions. Ça fait 2 ans que le premier ministre prorogue le Parlement sans autre raison que pour sauver son gouvernement et même ça, ça n’arrive pas à scandaliser assez les gens pour qu’ils se lèvent de leur sofa et ferment la télé.
Pour avoir participé à de nombreuses manifestations , contre la réforme des retraites , et le tranfert vers le privé de la chose publique. j’ai cru pouvoir observer que les jeunes étaient moins représentés que les « vieux » et même les « retraités ».
Individualisme? découragement?
Les gens observent les profits colossaux du Cac 40 ( en fait ceux de moultes entreprises privatisées par le PS et l’UMP) sans faire le rapprochement avec la situation de crise qui s’installe partout .
Par exemple l’electricté serait en moyenne 40% moins chere en France que dans le reste de l’Europe. Il en résulte que ce marché est peu attratif pour les concurrents. Le gouvernement va donc contraindre EDF a vendre 1/4 de sa production à prix coutant, pour faire soi disant éclore et vivre la concurrence. Mais on nous annonce déjà que le prix de l’énergie va croître de 25 % en cinq ans.
Les médias n’en parlent pas, ou évoque de faux pretextes( il faut moderniser les réseaux…) Or nous avons déjà dépenser des milliards pour le faire.
La droite de l’instinct a trouvé une solution, casser de l’Arabe au dedans comme à l’étranger…
Les medias contribuent à l’atonie générale. Et neuf fois sur dix c’est un économiste libéral qui vient nous expliquer sur les ondes pourquoi il faut se serrer la ceinture… L’homme constate de vive voix que les caisses sont vides. Elles le sont quand on se prive de toutes les possibilités de recettes ( recttes EDF 4M, GDF 4M , Total; 12 M , Autoroutes(1 M) France Telecom( 4M) etc…. toutes anciennes entreprises publiques bradées aux fonds de pension, à dominante mafieuse.
Et cela continue par la création de multiples niches fiscales , (Total ex ELF ne paie pas un centime d’impôt en France) ou la suppression de l’impôt sur les grandes fortunes.
Malheureusement les jeunes perçoivent bien le déséquilibre des forces en présence et pensent encore et souvent s’en tirer individuellement, tel un Bill Gates iconisé pour eux, qui commenca sa glorieuse carrière de self made man au fond d’un garage? ,en banlieue,et sans aucune aide, paraît-il…
Et il y a encore ceux qui s’abritent dans leur famille ou qui ont trop peur de bouger.
Ceux là n’ont pas encore été touchés par les mesures de plus en plus contraignantes qui s’abattent peu à peu sur nos têtes…
Je fus de la dernière manifestation à Montréal, près de 50 000 personnes… Toutefois, combien furent près de la manifestation pour courir les spéciaux dans les grands magasins du Centre-Ville en se foutant royalement du dépôt du budget et les actions du Gouvernement Libéral.
Je me souviens, enfant, début des années 60, les gens marchaient dans les rues, ils vivaient la politique et ils savaient qu’ils étaient le gouvernement. Puis, les gouvernements ont déresponsabilisé les citoyens(nes) au point que les politiciens disaient : Bof, ils peuvent bien marcher, nous dirons encore non ! Les gens, et la masse, ont cru à cette phrase qui à fait abandonner toutes révolutions au Québec.
C’est du jamais vu, nous vivons avec le pire gouvernement de l’histoire du Québec et les gens restent muets… Ils chiâlent, ils sont provoqués par des médias de masse et les médias contrôlés par des gens riches et célèbres !
Je crois simplement que les Québécois(es) sont devenus paresseux… Ils ont même réussit à montrer la porte à Jacques Parizeau, un très grand bâtisseur du Québec et ce qu’il a dit en 95, fut reconnu par la suite lors de la Commission des commandites…
Présentement, les Québécois(es) se font vider de ses richesses naturelles, de sa langue, de sa culture et personne ne bouge…
Je suis à me dire qu’un peuple lâche ne mérite pas de survivre dans notre monde… Triste réalité de voir un peuple se taire et devenir réellement et officiellement des moutons !
Les Québécois descendent dans la rue pour sauver des radios poubelles, réclamer un club de hockey, pour le défilé du père noël et la marche du pardon. Au total ça fait des millions de chrétiens pratiquants au Québec, c’est par rien ça…