Budget Flaherty et lutte contre l’itinérance : Budget Flaherty et lutte contre l’itinérance : Budget Flaherty: une menace pour la lutte contre l’itinérance
Le Canada a beau être un pays riche, de plus en plus de nos concitoyens n’ont pas de toit au-dessus de la tête. Les responsables de plusieurs organismes s’inquiètent du peu d’écho que rencontrent à Ottawa leurs appels à l’aide.
Le 6 juin prochain, le gouvernement fédéral déposera son budget pour l’année 2011-2012. Le pire est à craindre sur le plan de l’itinérance et du logement si le gouvernement Harper reprend le budget qui a contribué au déclenchement des dernières élections. Le budget Flaherty ne prévoyait en effet aucune nouvelle somme pour la lutte à l’itinérance et aucuns fonds pour de nouveaux logements sociaux, pas plus que pour les programmes de logement abordable et de rénovation.
Malheureusement, les enjeux de pauvreté, de logement et d’itinérance ont été occultés durant presque toute la campagne électorale. Pourtant, il s’agit de questions majeures qui nécessitent des actions à la hauteur de leur importance.
Encore une fois cet hiver, les refuges et autres ressources d’hébergement pour personnes sans domicile fixe ont opéré à la limite de leur capacité, dans un contexte où les problématiques continuent d’augmenter, et ce, autant à Montréal que dans de nombreuses autres villes de la province dont Sherbrooke, Québec, Gatineau, Terrebonne, Val-d’Or ainsi que dans d’autres villes canadiennes. Malgré l’existence d’une stratégie fédérale entièrement dédiée à l’itinérance, l’action du gouvernement est nettement insuffisante pour la soulager et la prévenir. Le budget Flaherty doit absolument corriger son tir et prévoir des investissements pour arriver à faire reculer ce phénomène.
Des moyens accrus sont nécessaires
La Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI) est un programme fédéral essentiel qui, depuis une dizaine d’années, finance l’intervention auprès des personnes itinérantes ou à risque d’itinérance, le soutien en logement et les installations des organismes. Mais contrairement au nombre de personnes itinérantes qui a constamment augmenté, le montant de ce programme est quant à lui gelé depuis dix ans, soit 20 millions de dollars par an au Québec. Sur le terrain, les organismes qui travaillent auprès des populations marginalisées et exclues socialement sont consternés: le coût des projets immobiliers a presque triplé depuis 1999. De plus, étant aux prises avec des besoins croissants et un soutien financier incertain, ces organismes sont constamment appelés à faire plus avec moins, et ce, au détriment de l’accompagnement et de la réinsertion sociale des personnes qu’ils desservent.
En 2009, le gouvernement Harper reconduisait ce programme pour cinq ans, soit jusqu’en 2014. Il a aussi maintenu le caractère diversifié des actions que permet ce programme, ce qui est essentiel. La prévention et la réduction de l’itinérance passent par des actions en logement, en hébergement, en intervention dans les refuges, la rue, etc. Ainsi, la diversité que permet la SPLI dans les réponses est un atout pour le milieu. De plus, un autre aspect positif de ce programme créé en 1999 sous le règne de Jean Chrétien est le fait que c’est le milieu local qui, en fonction des grandes orientations des deux gouvernements, établit les priorités du programme et en affecte les fonds. Cela se fait sans ingérence, un fait rare, mais réel.
L’accroissement du budget de la SPLI demeure cependant indispensable. Cette demande que porte le milieu communautaire a aussi été appuyée par tous les partis d’opposition et plusieurs grandes villes. Le gouvernement Harper doit écouter le message: il y a déjà trop de monde dans les rues du Québec et du Canada et les solutions positives à l’itinérance permises par la SPLI doivent être davantage soutenues.
Investir en logement social
En l’an 2000, le livre Homelessness – The making and unmaking of a crisis démontrait l’impact du retrait du gouvernement fédéral du financement de nouveaux logements sociaux sur l’accroissement de l’itinérance au Canada. Ce que Jack Layton écrivait alors est toujours vrai.
Dans son plan de relance économique 2009-2011, le gouvernement conservateur avait pourtant investi des fonds spécifiques dans le logement social, une première depuis le retrait du fédéral en 1994. Ce bon coup ne doit pas rester temporaire car les besoins sont encore très grands, trop de personnes paient trop cher pour se loger, et sans soutien en logement, une partie de celles-ci feront croître les rangs des sans-abri.
Au demeurant, les coûts pour la société (santé, services sociaux, judiciaires et autres) seront encore plus importants si le financement de nouveaux logements sociaux n’est pas inclus dans le prochain budget fédéral.
Il est inadmissible que dans un pays riche comme le Canada, le nombre de personnes en situation d’itinérance soit en constante croissance. Dans cette perspective, le Réseau SOLIDARITÉ itinérance du Québec continue d’affirmer qu’une réelle volonté politique est nécessaire pour donner au milieu de l’itinérance de véritables moyens d’action et, enfin, faire diminuer le nombre de personnes sans-abri.
– Célia Corriveau, coordonnatrice, Réseau SOLIDARITÉ itinérance du Québec (RSIQ), Jenny Villeneuve, coordonnatrice, Collectif régional de lutte à l’itinérance en Outaouais (CRIO) et présidente du RSIQ, Pierre Gaudreau, coordonnateur, Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) et vice-président du RSIQ, Frédéric Keck, coordonnateur, Regroupement pour l’aide aux itinérants et itinérantes de Québec (RAIIQ) et secrétaire-trésorier du RSIQ
Etant propriétaire de maison de chambres, je crois que vous avez tout faux, l’investissement en logements sociaux ne règlera rien en ce qui a trait à l’itinérance, puisque la plupart de ses personnes ne sont pas apte à entretenir un logement. La seule façon d’améliorer cette tendance est de réouvrir des centres hospitaliers spécialisés, comme LH!