Enjeux de la culture francophone au Canada : Enjeux de la culture francophone au Canada : Le Québec et la francophonie canadienne: parlons d’art!
Ce qu’on appelle communément le ROC (rest of Canada) est constellé d’espaces francophones. Des gens de partout au pays entendent bien bâtir des ponts, et consolider ceux qui existent, pour que ces espaces ne deviennent pas des îlots culturels au large du Québec.
Ce sont plus de 200 artistes et travailleurs culturels qui se retrouveront à Ottawa du 19 au 21 juin prochains pour un grand forum sur les pratiques artistiques, «Être artiste dans la francophonie canadienne». Invités par la Fédération culturelle canadienne-française, ils se sont donné rendez-vous pour faire un état des lieux du développement du secteur artistique et pour établir des priorités d’avenir. La vastitude du pays et les coûts de déplacement rendent ces rencontres rares. De cette ampleur, c’est une première historique.
Parmi les nombreuses questions à l’ordre du jour, celle des relations avec le Québec est incontournable. Pendant longtemps, les artistes invités à cet événement ont été qualifiés de «francophones hors Québec». Bien qu’ayant le mérite d’être claire, cette dénomination pose problème. Se définir par l’exclusion fait naître le sentiment désagréable d’être une retaille. À défaut de mieux, nous avons donc opté pour «francophonie canadienne» ou «canadiens-français», quitte à entretenir un flou permanent quant à savoir si le Québec est inclus (ou non) dans cette définition.
Dans le cadre de cet événement, c’est une délégation d’une vingtaine de représentants de plusieurs régions du Québec qui sera sur place pour tisser ou renforcer des liens avec les artistes de la francophonie canadienne.
Centre et périphérie
Depuis toujours, les artistes québécois et franco-canadiens entretiennent des liens. Dans le cadre de l’événement de juin 2011, grâce au soutien du Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes du gouvernement du Québec, nous nous sommes tournés vers les régions québécoises. Nous sommes heureux de pouvoir accueillir à Ottawa des participants de l’Abitibi-Témiscamingue, de l’Estrie, de la Gaspésie, du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de plusieurs autres régions. L’idée d’appuyer et d’encourager la création artistique en périphérie des grands centres est au cœur de notre réflexion et nous savons qu’elle rejoint des démarches qui ont lieu au Québec.
En effet, au-delà même de la spécificité linguistique dans laquelle évoluent les artistes franco-canadiens, toute une partie de leurs défis concerne l’éloignement des grands centres, particulièrement de Montréal qui demeure la plaque tournante de la culture francophone en Amérique. Qui dit éloignement dit difficulté d’accès (aux infrastructures, aux écoles spécialisées, aux occasions de développement professionnel, aux lieux de diffusion, aux réseaux de distribution, etc.). Qui dit éloignement dit aussi amplification de l’isolement.
Certaines régions du Québec ont travaillé dur pour se positionner autrement que comme réceptacle d’une offre artistique développée dans les grandes villes. Ainsi, nous sommes heureux d’accueillir au forum Ian Gailer et Éric Bachand qui viendront partager avec nous l’histoire de «REGARD sur le court métrage au Saguenay», un événement pensé par les artistes pour les artistes, qui a fait son succès en s’appuyant sur sa pertinence et qui est aujourd’hui une référence.
Rêver à deux
À quoi rêvent les artistes de la francophonie canadienne en ce qui concerne leurs relations avec le Québec? Nous pourrons en dire plus après l’événement, mais a priori, ils souhaitent surtout entretenir des partenariats qui soient axés sur la réciprocité. Trop souvent, nous avons le sentiment que nos relations avec le Québec s’organisent autour de deux angles: le développement de publics et la recherche de fonds.
Tout comme les régions du Québec, les communautés francophones et acadiennes estiment avoir plus à offrir qu’un public ou des lieux de diffusion pour accueillir les œuvres créées au centre. Nous voulons aussi partager notre parole artistique et pas uniquement celle qui est ancrée dans une image folklorique et un joli accent.
D’autre part, nous constatons que les outils financiers que nous avons obtenus pour servir de levier à nos partenariats deviennent parfois des carcans. Quand la présence franco-canadienne est un prétexte pour ouvrir une nouvelle enveloppe de financement, nous avons manqué notre coup. C’est aussi à nous, dans nos milieux, de savoir pourquoi nous revenons trop souvent du Québec avec l’impression d’avoir été une parure utile, tout au plus.
Le forum servira entre autres à nous interroger sur nos attentes et sur une façon de renouveler le dialogue. Il appert que les artistes franco-canadiens veulent partager avec d’autres artistes. Ils veulent que l’acte artistique soit au cœur de leurs relations, y compris dans leurs rapports avec le Québec. Et c’est là que le sujet devient délicat, puisqu’il nous faut bien évoquer une certaine condescendance qui, malheureusement, perdure.
Condescendance de la part d’un centre vif et en constante ébullition face à de plus petits milieux. Condescendance devant des pratiques qu’on connaît mal, mais dont on juge qu’elles sont insuffisamment intéressantes pour qu’on y regarde de plus près. Le Québec travaille depuis assez longtemps pour s’assurer une petite place auprès du géant français, il est étonnant de voir certains de ses plus grands ambassadeurs reproduire ce même regard hautain à l’égard de communautés plus marginales.
Je ne veux pas sous-entendre qu’il s’agit d’une attitude généralisée. De beaux et de riches partenariats ont vu le jour. La présence de cette délégation québécoise au forum est la preuve d’une ouverture et d’une envie de travailler en commun au rayonnement de nos artistes et de nos cultures. Mais beaucoup reste à faire. Et pour que le dialogue soit possible, la première étape est peut-être l’écoute et la reconnaissance. Les communautés francophones et acadiennes ne sont pas de petits Québec hors du Québec, elles ont leurs réalités propres, intenses et riches. Elles ont leurs réalités contemporaines aussi, bien loin de la Sagouine et de Louis Riel. Les artistes d’aujourd’hui sont les porteurs de cette voix et s’ils n’ont pas toujours les moyens dont ils rêvent pour la faire entendre, ils ont en tout cas de l’énergie à revendre.
Un dialogue renouvelé
En conclusion, j’aimerais souligner que les artistes de la francophonie canadienne sont bien placés pour comprendre pourquoi et dans quel dessein le secteur artistique et culturel québécois pose des gestes protectionnistes. Nous sommes avec vous dans cet océan anglo-saxon si souvent évoqué, nous le côtoyons de près, nous devons danser avec lui au quotidien. Dans la bataille de la survie de la culture et de la langue, nous sommes dans le même genre de bateau, même si nos bateaux ne sont pas de la même taille.
Devant cette communauté d’esprit, vous comprendrez notre surprise chaque fois renouvelée de constater que nos œuvres et nos artistes sont encore souvent traités, au Québec, comme des produits étrangers. Nous espérons que le forum de 2011 sera une occasion de relancer un dialogue encore plus fécond et qu’il sera une plateforme pour mettre en place de nouveaux partenariats où les artistes et leurs démarches seraient au cœur de nos préoccupations partagées. La réponse enthousiaste de plusieurs invités québécois nous fait espérer que l’avenir sera sous le signe de l’échange.
– Catherine Voyer-Léger, directrice du développement des arts et des industries culturelles, Fédération culturelle canadienne-française
Autrefois, le Canada est fonde en faisant partie de la Nouvelle France, tous les gens etant francophones s’appelaient des canadiens. Et apres l’invasion anglaise, les autres s’appelaient tout simplement les anglais. Recemment, inclusifs, on a redefinis les identites dont les canadiens francais qui representaient tous les canadiens avec le francais comme langue maternelle et je crois cette denomination encore d’actualite incluant les acadiens et les quebecois (qui un jour devront etre appeles aussi quebecois francophones). Mais, la tendance de se regrouper autour des affinites nationales a permis au quebecois et acadiens d’etre a majorite des francophones. Mais il reste que les autres canadiens francais existent bel et bien et sont dilues dans la masse anglophone, un peu comme le sont les millions de franco-americains. Mais, les autres canadiens francais n’ont pas a se sentir dans une zone interdite ou exclue. Mais leur sentiment ou meme leur inconfort, ne reflete-t-il pas qu’ils n’aient pas toute leur place dans le ROC ? Nombre me l’ont confirme : il faut se faire discret et consommer ce que les anglophones consideres comme canadien. Mais les anglophones ne consomment pas nos produits culturels. Pour ma part, je voudrais un jour que l’on parle de la nation canadienne francaise car nous sommes un peuple a part entiere et non pas une ethnicite (terme tres reducteur), non pas une societe distincte (qui e veut rien dire), etc.
Nous sommes le seul peuple ou nation qui ne vive pas majoritaire dans son propre pays. Mais, cela est le mal de tant de peuples francophones (excepte la France) dans le monde (Suisse, Belgique, Cameroune, USA, etc) : ils vivent minoritaires dans un pays qui ne leur fait pas de cadeau.
L’art, c’est bien, mais encore faut-il soutenir la langue elle-même de ces artistes…
Prenez par exemple dans le journal Voir de Québec, semaine du 16 au 22 juin 2011, pour alimenter l’article à la une de cette édition le « journaliste » Dominic Tardif articule son texte autour de l’icône ultime du rocker francophone québecois, Gerry Boulet, pour aboutir sur une chute… anglophone.
Se tirer dans le pied tout seul, vous dites? Indeed.