Revente de billets: l'autre côté de la médaille : Le projet de loi 25 est «un premier pas»
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Revente de billets: l’autre côté de la médaille : Le projet de loi 25 est «un premier pas»

Récemment, Louis-José Houde critiquait ici les sites spécialisés dans la revente de billets de spectacle. Le président de Billets.ca, Éric Bussières, lui répond.

Le 23 juin dernier, dans la section jepenseque.voir.ca, M. Louis-José Houde signait un texte intitulé «Revente de billets: fini de rire». Dans la foulée des propos qu’il a tenus lors du Gala de l’ADISQ, au mois de novembre dernier, l’humoriste et acteur a réitéré des remarques qui témoignent malheureusement d’une méconnaissance trop répandue de l’industrie de la revente de billets au Québec.

Billets.ca est une entreprise que j’ai fondée en 1999, soit trois ans avant le premier spectacle solo de Louis-José Houde. L’offre commerciale de Billets.ca s’adresse principalement au grand public, à qui nous permettons de dénicher des billets disponibles pour un spectacle, un concert ou une joute sportive. Celle-ci permet aussi aux consommateurs d’utiliser nos services pour trouver des preneurs pour des billets qu’ils souhaitent vendre.

L’exemple Louis-José Houde

Il est donc grand temps de tuer le mythe, voire la légende urbaine selon laquelle nous achetons «des parterres au complet» grâce à des «systèmes» que nous avons mis au point. Non seulement n’achetons-nous pas de telles quantités de billets, mais nous ne recourrons pas non plus à des robots qui déjouent les réseaux de vente des billetteries dans le but d’acquérir les billets que nous revendons. De fait, 85% des billets que nous revendons sont pour des événements culturels ou sportifs internationaux, de sorte que les productions québécoises représentent une infime partie de notre offre.

Prenons justement l’exemple même de Louis-Josée Houde, l’un des artistes québécois dont les billets de spectacle sont les plus demandés. Sur les 600 000 billets et plus qui ont été vendus pour son dernier spectacle, seulement 1 228 [soit moins d’un quart de 1% (0,21%)] ont transité par Billets.ca au Québec. Il est donc clairement exagéré de prétendre que l’industrie de la revente de billets provoque une hausse généralisée des prix en créant une rareté artificielle.

Internet et les nouvelles habitudes de consommation

Il est indéniable qu’Internet évolue à une vitesse fulgurante. C’est d’ailleurs cette progression technologique qui fait en sorte que la revente de billets se fait désormais au grand jour, au vu et au su des autorités réglementaires et fiscales. Outre cette visibilité et cette transparence, les consommateurs apprécient particulièrement l’efficacité d’intermédiaires comme Billets.ca, avec qui ils sont de plus en plus nombreux à faire affaire, et ce, de plus en plus souvent. Les deux millions de visites annuelles que nous enregistrons sur notre site Internet en sont également une preuve éloquente.

D’ailleurs, dans le volet «Commerce électronique et services bancaires en ligne» de son enquête NETendances 2010, le Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (CEFRIO) confirme que les billets de spectacle, de cinéma ou de divertissement constituent la catégorie de produits la plus populaire auprès des cyberacheteurs (49% des internautes québécois en ont acheté en 2010).

En raison du rôle de plus en plus important qu’il joue – et jouera – dans la commercialisation des produits, Internet contraint l’ensemble des entreprises à revoir leurs pratiques. En plus d’éliminer les frontières et d’ouvrir l’accès aux marchés à de nouvelles clientèles, le réseau comble rapidement le vide laissé par la mise en marché traditionnelle. Il est dès lors contre-productif et inutile de s’employer à vilipender les entreprises innovantes qui ciblent et saisissent les occasions commerciales inhérentes à cette nouvelle réalité.

La revente en ligne répond à un besoin

Il y a 12 ans maintenant, j’ai constaté l’existence d’une demande que ni les producteurs ni les billetteries ne parvenaient à satisfaire et qu’à l’évidence, ils ne parviennent toujours pas à combler. Depuis lors, Billets.ca verse des salaires à une quinzaine d’employés, effectue des retenues à la source, achète des biens et des services, paye des taxes et en perçoit, et fait ses remises aux gouvernements, sans compter les impôts qu’elle verse. Ses activités sont parfaitement légitimes et licites.

Les personnes qui font appel à nous sont prêtes à payer pour la valeur ajoutée de nos services, qui vont bien au-delà d’un simple achat. En effet, nous mettons à la disposition du public un service simple et sécuritaire de revente de billets, sans compter une politique inégalable d’échange et de remboursement sans condition.

Il faut également rappeler que l’enquête susmentionnée du CEFRIO établit que «le gain de temps est la motivation derrière la réalisation des achats en ligne». En effet, ce type de transactions facilite la vie des gens, qui n’ont pas à faire la queue pendant de longues périodes de temps devant des guichets ni à se ruer littéralement sur les billetteries lors de la mise en vente de billets qui s’écoulent de plus en plus rapidement, comme l’a démontré la vitesse vertigineuse à laquelle les 20 000 places du Centre Bell ont trouvé preneur pour le spectacle Paul McCartney on the Run: 20 minutes!

Un encadrement nécessaire

Billets.ca a adopté des règles de conduite strictes qui ont permis à l’entreprise de se tailler une réputation solide et irréprochable. Nous reconnaissons néanmoins que le temps est venu de séparer le bon grain de l’ivraie au sein de l’industrie de la revente de billets, qui doit donc être encadrée, et non pas abolie. À cet effet, le projet de loi 25 s’avère un premier pas qui doit être impérativement bonifié, car il s’avère pour le moment un remède pire que le mal qu’il entend guérir. Le gouvernement se doit en effet d’assujettir ce marché en pleine expansion à un encadrement plutôt que de renoncer à tout contrôle réglementaire et fiscal, ce qui mènerait, par le fait même, à faire ressurgir un marché noir qui fonctionne au détriment des intérêts des consommateurs.

– Éric Bussières, président de Billets.ca