Censure d’une artiste environnementaliste par le gouvernement canadien? : La vérité choque?
Selon plusieurs, le ministère des Affaires étrangères aurait œuvré pour que soit annulée une tournée en Europe de la Torontoise Franke James, auteure d’illustrations très critiques à l’endroit du gouvernement Harper et de son action – ou plutôt inaction – en matière environnementale. Mais en cherchant à réduire l’artiste au silence, on lui a surtout donné envie de crier.
Cette lettre est une traduction du dernier billet du blogue de Franke James. La version originale peut être lue en suivant ce lien.
Muselée en Europe, Franke hurle à Ottawa!
Et voilà. Ma tournée artistique prévue en Europe a été annulée – un grand merci au gouvernement Harper pour son intervention. Cela me fâche au plus haut point. Mais je ne les laisserai pas me museler: aux grands maux les grands remèdes!
Je me suis donc alliée à LoudSauce pour que mon message environnemental se rende jusqu’à la capitale nationale sous la forme de panneaux d’affichage en bordure des routes et sur les abribus. Aucun gouvernement ne devrait être en mesure de réduire au silence des artistes et des écrivains pacifistes et respectueux de la loi, surtout dans un pays soi-disant démocratique. La liberté d’expression est à vos risques et périls, ici. On ne peut pas laisser Harper s’en tirer comme ça.
Encouragez ma campagne LoudSauce, présentée sur des panneaux d’affichage à Ottawa: «Stoppons la mise à l’index des artistes et scientifiques par Ottawa!»
LoudSauce n’utilise que des fonds amassés par le biais de dons publics pour acheter de l’espace publicitaire. Espace qui, pour une fois, est mis à profit pour une bonne cause. Peu importe ce que vous souhaitez dire au monde entier… Pour peu que ce soit fait avec respect, vous pouvez l’annoncer grâce à LoudSauce (si les gens appuient votre projet, bien entendu). C’est pas cool, ça? Imaginez un monde où les panneaux d’affichage nous aideraient à créer un meilleur avenir, à la hauteur de nos attentes, pour nous et pour les autres…
Vous vous demandez comment est née cette idée de panneaux d’affichage? Ma tournée devait, à l’origine, être lancée à Berlin le 30 août prochain et se promener de galerie d’art en galerie d’art dans 20 villes différentes. Mais tout cela est devenu caduc lorsque notre commanditaire corporatif a soudainement retiré son financement, le 11 juillet dernier. Si j’avais décidé d’abandonner, à ce moment-là, le gouvernement Harper aurait réussi son plan de «bannir Franke James».
Sérendipité, destin ou miracle ?
Le 25 juillet dernier, j’étais à San Francisco lorsque j’ai appris la nouvelle concernant ma «mise à l’index». Je devais rencontrer un ami environnementaliste connu sur Twitter, David Hogson. À peine quelques minutes après avoir commencé à discuter, il avait déjà partagé mes malheurs sur Twitter et Google Plus. Puis, il a sorti son Rolodex numérique et la magie a fait son œuvre. Il m’a ainsi mis en relation avec son réseau de contacts d’entrepreneurs sociaux qui incluait Colin Mutchler, cofondateur de LoudSauce.
Mon intérêt pour les panneaux d’affichage pourrait en surprendre plus d’un. En fait, ma première exposition a été dressée sur un panneau de 48 pieds de haut! Il y a environ 20 ans, j’ai regardé ces panneaux (peints à la main) et je me suis demandé pourquoi on n’y installait pas des œuvres d’art. Avec ce rêve en tête, je me suis mise à la recherche de commanditaires. Pour son 100e anniversaire, la compagnie Manufacturer’s Life a décidé de commanditer ce projet d’exposition mobile en guise de cadeau à la population canadienne. L’expo sur panneaux a été un succès. Elle présentait des artistes provenant d’un bout à l’autre du Canada, tels que Jack Shadbolt, Mary Pratt, Yves Gaucher, Louis de Niverville et moi-même.
Intimidée jusqu’à l’annulation de l’exposition
Le but premier de l’ONG croate Nektarina, qui collaborait à mon expo, était d’éduquer et favoriser le «débat parmi les jeunes concernant les questions liées aux changements climatiques et inspirer leur créativité». Toutefois, Nektarina a été mêlée aux feux croisés de la politique canadienne lorsqu’ils ont découvert que j’étais sur la liste noire du gouvernement canadien. Ils ne souhaitaient pas prendre part à une bataille politique, mais étaient d’accord pour protéger ma liberté d’expression.
J’ai été effrayée de constater le prix qu’était en train de payer Nektarina pour me défendre. Ils subissent des retombées politiques et économiques qui menacent leur existence même. J’ai passé quelques nuits blanches, récemment… Lorsque Nektarina et moi avons décidé d’annuler la tournée européenne, j’ai su que je devais me tourner vers mes réseaux de contacts pour mettre en place un plan d’action digne d’une guérilla. LoudSauce fait partie de ce plan. Et ce n’est pas tout. Peu importe où vous vous trouvez dans le monde, je vous invite à me faire part de vos suggestions.
La Liste Noire de Harper a créé de nouvelles avenues
C’est vraiment fascinant! Depuis que je suis membre du grandissant et inclusif Club de la Liste Noire de Harper, plusieurs nouvelles avenues demandent à être explorées. L’histoire de ma mise à l’index a fait les nouvelles au Canada et se répand à travers le monde. Voici un commentaire de blogue qui parle de ce qui arrive quand les instances au pouvoir décident de réprimer les artistes…
«Bonjour Franke,
Laissez-moi tout d’abord vous féliciter pour votre triomphe éventuel puisqu’il s’agit d’une lutte que notre Premier Grincheux perdra sans aucun doute. Je considère même remercier notre Harpon Supérieur d’avoir su attirer mon attention sur votre merveilleux travail. Dans son processus d’asséner des coups dérisoires de censure, Gros-Yeux-Grands-Fermés a honoré une drôle de tradition par laquelle des autocrates bornés font la promotion d’un art provocant et pro bono, en tentant de le supprimer. Nous aurons bien du plaisir à voir Sa Grande Raideur se déprendre de cette situation! Et cela me permettra aussi, avec une grande joie, d’attirer l’attention de mon réseau de contact sur votre travail. Votre touche légère et sincère permet d’illustrer avec brio ces sujets si tristes et permet de redonner du crédit à tous les bons Canadiens.» – Douglas Smith
Ironiquement, si le gouvernement canadien avait simplement laissé libre cours à ma tournée en Europe, vous n’en auriez probablement jamais entendu parler. C’est pourquoi le but éducatif de cette expo (inspirer les jeunes à créer leur propre illustration des changements climatiques) ne fait pas les nouvelles. Quand l’événement a été imaginé, il n’était pas politisé. Tout a changé maintenant. Alors j’ai décidé de rendre justice à ma réputation et d’ajouter Fat Cat Canada et notre Cher Premier Ministre dans le mélange, et ainsi montrer la gamme complète des questions et situations qui me tiennent à cœur, en tant que citoyenne canadienne.
La Liste Noire d’Ottawa touche une corde sensible
Merci à tous ceux qui ont «tweeté», «aimé» et «googlé», et qui ont permis de propager la nouvelle de ma mise à l’index. Votre aide a été incroyable!
Il clair qu’avec tout cet encouragement – 1600 votes sur Care2 (mille mercis à Cathryn Wellner pour la composition de la lettre) et des centaines de signataires d’une pétition sur Care2 -, les billets de blogues et les commentaires laissés sur mon propre site, cette tentative de censure a touché une corde sensible.
Ce n’est pas ce que nous souhaitons pour le Canada. Nos dirigeants n’ont-ils pas un devoir d’être au-dessus des politiques partisanes? Les ambassades canadiennes ne devraient-elles pas exister pour tous les Canadiens, peu importe leur couleur ou leurs rayures? Pas seulement pour ceux qui portent du Bleu Conservateur!
– Franke James
enfantillages!
Quand même, cette dame n’est ni à court d’argent, ni sans ressources publicitaires dans les réseaux sociaux pour faire la promotion de ses dessins primitifs .
Pourquoi ne pas nommer les choses par leur nom, monsieur Malavoy-Racine, vous qui bossez dans les lettres?
Le truc de madame James, c’est de la propagande, point à la ligne.
Personne au gouvernement Harper n’empêche cette dame d’aller répandre ses approximations scientifiques partout de par le monde ou sur le web. Si c’était le cas, alors oui, il faudrait parler de censure.Et de dictature!
je constate encore une fois le manque de recul de la planète écolo. Et je n’excuse pas Harper non plus, dont les silences le déservent gravement. Quand au Parti Libéral, laissez-moi rire! Sa protestation ostentatoire ne vise qu’à contrer le NPD en pleine montée, dans la population.
Madame James a des tas de vidéos sur Vimeo. Je conseille aux lecteurs de Voir d’aller y jeter un coup d’oeil, un entre autres, une sorte de préchi-précha devant un auditoire trié sur le volet, où son style et ses vignettes spectaculaires ressemblent fort aux preachers du Tea Party.
Enfin puis-je conseiller aux responsables de cette chronique de laisser la droite tranquille, fort habile à se ridiculiser toute seule, et aller se promener un peu du côté des dérapages inquiétants d’une certaine gauche universitaire au pouvoir, ici au Québec.
Les propos grotesques de l’économiste Léo-Paul Lauzon sur les jeunes, par exemple,dans un hebdo gratuit, ça vous tenterait pas d’aller y VOIR, pour faire changement???
correction: il s’agit bien sûr d’un « quotidien! gratuit, et non pas d’un « hebdo ». Mes excuses!
Oh là là Monsieur Bourbonnais. Je reconnais votre propension à mettre votre poing sur la table, mais sauf le respect que je vous dois peut-être, vous êtes à côté de la plaque.
Eh oui, certes, nous pourrions très bien publier une lettre dénonçant les propos de Lauzon. C’est une possibilité. Si d’aventure vous en écrivez une, il nous fera plaisir de la lire et éventuellement de la mettre en ligne.
Sachez par ailleurs que depuis la création de cet espace, nous avons aussi donné la parole, par exemple, à un animateur de CHOI connu désormais pour son « hey l’artiste, va donc chier ». Nous avons aussi publié Jean Sébastien Trudel connu pour son livre « le grand mensonge vert ». Et nous continuerons de faire de même. Cet espace n’est ni à droite, ni à gauche, ni climato-sceptique-machin-et-quoi-encore, c’est un espace ouvert à la prise de position et à la réflexion et nous sommes très heureux de publier cette semaine ce texte de Franke James. Que vous aimiez ou non ses œuvres et que vous doutiez de ses soupçons de censure ne change rien à l’affaire.
Bien à vous.
S.
Vivons-nous vraiment dans un pays démocratiques ou choisissons-nous simplement (et hypocritement) nos dictateurs? La liberté d’opinion n’existe-elle que pour ceux et celles qui détiennent les pouvoirs économiques, politiques et religieux ainsi qu’à leurs apôtres et disciples? À voir comment se comporte le Sérénissime Monarque du Royaume du Canada, son Altesse le Roi Stephen 1er, il semble bien que oui.
Je comprends maintenant pourquoi notre Guide Éclairé a décidé qu’il fallait construire plus de prisons: il faut y enfermer les méchants et dangereux intlellectuels et les méchants artistes qui osent contredire notre Bien-Aimé Monarque qui possède la Vérité Absolue.
Prosternons-nous devant notre Maître afin qu’il nous éclaire de Sa Vérité Lumineuse!
Vous trouvez que j’exagère? Moi, au moins, contrairement au Parti Conservateur du Canada, je ne me prends pas au sérieux.
@Bourbonnais: « Personne au gouvernement Harper n’empêche cette dame d’aller répandre ses approximations scientifiques partout de par le monde ou sur le web. Si c’était le cas, alors oui, il faudrait parler de censure.Et de dictature! »
Eh bien oui, en effet: non content de priver l’artiste du soutien de toutes les ambassades canadiennes, ce qui devrait pourtant être un droit civique inaliénable, le gouvernement Harper a fait pression avec succès sur les commanditaires *privés* de la dame pour qu’ils lui retirent les fonds qu’elle avait décrochés (elle n’est pas riche, juste débrouillarde). D’où censure et dictature selon vos propres termes, Monsieur Bourbonnais. Êtes-vous maintenant prêt à monter aux barricades?
Notons par ailleurs que, même en ce qui concerne le financement d’une peintre par l’État, les opinions de tout un chacun sur le style de l’artiste n’ont absolument aucune valeur — pas plus que, disons, le groz nez de ceux qui émettent ici un commentaire. Il y a des jurys formels pour ce genre de verdict, et si l’un d’entre eux, dûment mandaté à cette fin, croit opportun d’accorder des sous à Franke James, il n’appartient *pas* à un fonctionnaire ou à un ministre d’y substituer son jugement et d’annuler la décision, tout comme un citoyen ne peut refuser de payer la (minuscule) part de ses impôts qui va au Conseil des Arts.
N’en déplaise au cabinet Harper, l’argent des subventions n’est pas un trésor personnel réservé à son seul usage : c’est un fonds auquel la population entière contribue, et en tant que tel, il doit représenter toute la diversité de sa pensée. Si on laisse le gouvernement refuser des fonds publics aux gens qui lui déplaisent ou lui ont déplu par le passé pour une raison ou une autre, *personne* n’est à l’abri, incluant un festival comme Summerworks à Toronto (http://www.theglobeandmail.com/news/arts/theatre/ottawa-cancels-funding-for-toronto-theatre-festival-that-presented-terrorist-play/article2077044/). À qui le tour, ensuite? Les bénéficiaires de l’assurance chômage, santé ou vieillesse qui n’ont pas voté toute leur vie pour le parti au pouvoir?
Voilà pourquoi je suis fier de contribuer à la levée de fonds que Franke James organise pour riposter au gouvernement Harper (http://loudsauce.com/campaigns/40-stop-blacklisting-environmental-artists-and-scientists-in-canada). J’encourage tous ceux qui déplorent la censure et la dictature à en faire autant. Pour paraphraser un mot attribué à Voltaire, si l’on veut défendre la liberté d’expression, il faut le faire même pour les gens avec qui on est en désaccord!
Je suis bien heureux que c’est dessin n’est pas été exposer dans nos ambassade… comme disait un autre membre, c’est de la propagande.
Imaginer un peut la réaction si le gouvernement fédéral exposait des œuvres de propagande dénonçant les problèmes du socialisme?!? Serait-ce acceptable? Bien sure que non.