Le réveillon de la Saint-Sylvestre d'un indigné : Sur le pont du Titanic
Je pense que

Le réveillon de la Saint-Sylvestre d’un indigné : Sur le pont du Titanic

Au tournant de l’année, certains s’assuraient que l’indignation ne meure pas avec 2011. Un lecteur témoigne.

Ce 31 décembre à 22h, le cœur toujours habillé d’indignation, de rêves et d’espoir, je me suis joint aux indigné(e)s à la place Émilie-Gamelin pour une marche silencieuse aux chandelles d’une heure, rue Sainte-Catherine. On était 36 au départ à marcher avec la banderole «Occupons», nos pancartes et gros macarons. Mais bientôt y avait plein de monde, des jeunes, des jeunes, encore des jeunes. Des centaines en file à l’angle de Saint-Denis en attente d’entrer dans un grand club. Ils nous saluaient et on leur souhaitait la bonne année. Ils disaient: c’est Occupons Montréal. Des autos klaxonnaient. Vraiment spécial avec toutes ces lumières des Fêtes. Il faisait doux. On s’est arrêté au carré Phillips. En grand cercle, chandelles allumées, on a partagé fort nos vœux pour la nouvelle année: paix, justice, partage, solidarité, liberté, espoir, persévérance, de l’Amour pour nos sœurs et frères en humanité. Avec la sincérité et la simplicité des enfants. Mais la quarantaine de jeunes et autres rassemblés là ne font pas que rêver. Ils sont fermement engagés pour la plupart dans des groupes de défense des droits humains, de la démocratie, de l’environnement, de notre avenir commun. Certains ont déjà été arrêtés à cause de leurs engagements même s’ils sont pacifiques dans leurs moyens. Comme au temps d’Hérode le Grand… les rois d’aujourd’hui n’apprécient pas la dissidence-résistance à leur soif de pouvoir.

Je pensais à l’histoire insensée du Titanic. Les dirigeants du monde actuel, esclaves de l’argent, nous mentent, nous appauvrissent, nous méprisent et nous mènent à la catastrophe. Dans la grande salle de bal du paquebot, les riches, insouciants, fêtaient, riaient, buvaient et se couvraient de luxe, sans se soucier des autres passagers entassés aux «étages inférieurs»; alors qu’ils filaient sur un iceberg droit devant, désormais un iceberg écologique et social planétaire. Les ouvriers de la salle des machines seront les premières victimes. Mais aujourd’hui, le canot de sauvetage, c’est la planète. Il y a plein de gens sur le pont qui voient venir l’iceberg et sonnent l’alarme: des mouvements écologistes aux associations de scientifiques, en passant par des artistes, des économistes, des cinéastes, des sages, des prophètes, les indigné(e)s et autres citoyens allumés. On n’en sortira pas à moins d’un changement radical en profondeur de nos rapports entre nous et avec notre Maison la Terre. Ça presse!

– Gérard Laverdure