La semaine dernière, notre administration a pris soin de nous rappeler par un courriel le fait suivant : « L’Université de Montréal maintient toutes ses activités. Les cours, les évaluations et toutes les activité pédagogiques se donnent comme à l’habitude et au moment prévu, que vos associations aient voté ou non en faveur du boycottage des cours ». Elle aurait dû aussi mentionner qu’elle maintenait son recrutement dans l’armée que ce dernier soit complètement inapproprié ou non dans le cadre d’une université, que cela contrevienne ou non à l’idée d’une université comme haut lieu d’apprentissage, que cela empiète ou non sur l’indépendance du savoir diffusé. De fait, à la dixième page de son journal hebdomadaire « Forum » de la semaine du 27 février, l’Université de Montréal déploie sur l’ensemble de la page, une publicité haut en couleurs en faveur du recrutement au sein de l’armée canadienne.
Ainsi, lorsque dans le lien associé à ce même courriel, il est expliqué que nous devons, nous étudiants en grève, nous « montrer respectueux des droits des étudiants qui ont voté contre le boycottage », nous pouvons nous demander si l’administration de l’université est si respectueuse de l’ensemble de ses étudiants et de ses professeurs lorsque d’une part, par ce courriel même, elle ne se montre pas respectueuse des droits des étudiants qui ont voté pour la grève et des professeurs qui respectent ce vote et d’autre part, lorsqu’elle diffuse une publicité pour le recrutement au sein de l’armée canadienne dans son propre journal, lorsqu’elle affiche donc clairement son manque d’intérêt pour ce que devrait être l’ensemble de « ses activités », à savoir la diffusion de connaissances nous permettant de réfléchir sur le monde qui nous environne… telle que l’intervention de l’armée canadienne en Afghanistan par exemple.
« Engagez-vous » dit l’annonce ! Je m’engage alors ici même à dénoncer ce non-engagement en faveur de notre éducation au profit d’une mission de recrutement professionnel et qui plus est, dans l’armée.
Blandine Parchemal, doctorante en philosophie, Université de Montréal.