Madame Line Beauchamp,
Il y a dix ans, je suis arrivée au Québec. J’avais 14 ans à l’époque. Mon intégration et l’apprentissage du Français ont été très éprouvants, j’ai, donc, décidé de trouver refuge dans les livres. Et je suis restée pendant deux ans à lire en silence.
En 4e secondaire, mon professeur de français empruntait mes lectures à la bibliothèque, afin de mieux me comprendre. J’ai été invitée au Marathon intercollégial d’écriture en 2005. J’étais l’une des 5 étudiantes du niveau secondaire à être invitée.
En cinquième secondaire, une activité était organisée afin de nous permettre d’explorer notre futur milieu de travail. J’ai été le premier élève de mon école à faire un stage d’un jour avec un écrivain: Guillaume Vigneault. Mes résultats scolaires excellaient en chimie et physique. Par contre, mon français était médiocre. Lors de mon passage au niveau collégial, la décision logique à prendre aurait été celle d’étudier en sciences, car mes capacités cognitives se démarquaient dans ce domaine. Par contre, ma passion résidait dans les études littéraires.
J’ai été acceptée en Création littéraire au Cégep du Vieux Montréal à condition de suivre un cours de Français Mise à niveau. Tout au long de mes deux années d’études, j’ai côtoyé plus d’une cinquantaine d’écrivains dans le cadre d’ateliers, rencontres et conférences. J’ai plongé dans la culture québécoise, j’ai appris votre histoire et intégré votre culture avec autant d’ardeur qu’une pure souche. Je suis devenue Monitrice en Français langue seconde à l’Université du Québec à Montréal à l’âge de 21 ans. J’ai écrit et publié des poèmes dans la revue Estuaire. J’ai fait des traductions du Français à l’Espagnol des plus grands poètes contemporains québécois.
Aujourd’hui, je suis capable de dire à un nouvel arrivant qui est : Gaston Miron, Gerald Godin, Pauline Julien, Michel Tremblay, Rejean Ducharme, Richard Berdouillette, Denis Côté, Élise Turcotte, Gérald Leblanc, Michel Freitag, Fernand Dumont, Gabrielle Roy, etc.
Je travaille à la Commission d’immigration en tant qu’interprète et j’ai décidé de poursuivre mes études en lettres à l’Université du Québec à Montréal. Je dois avoir pris une mauvaise décision concernant mon orientation professionnelle. Car, j’ai décidé de devenir professeur de littérature et partager ma passion et mes connaissances avec des bancs vides. Tenant compte la position actuelle du gouvernement, l’accessibilité aux études supérieures des étudiants de la classe moyenne est sérieusement mise en péril.
Je vous demande une réponse concrète à mon cas particulier. En tant qu’étudiante qui ne bénéficie pas du programme de Prêts et bourses du Gouvernement, car mon père est trop riche. Il a un revenu moyen de 65,000 dollars par année, nous sommes trois enfants dans ma famille. Dites-moi, madame la ministre, comment devrais-je faire, afin de subvenir à mes besoins tout en étant étudiant à temps plein? J’occupe trois emplois gouvernementaux, je travaille jour et nuit sur appel et la hausse des frais de scolarité n’est même pas encore entrée en vigueur. En tant qu’étudiante-travailleuse, je dois être disponible à l’emploi 7 jours sur 7. J’accours à mes 3 cours et je remets mes travaux à temps. Les fins de semaine, le temps des fêtes et les vacances ne font pas partie de mon vocabulaire. Je travaille ou j’étudie.
Alors, tenant compte de la position du gouvernement que vous intégrez, devrais-je songer à une réorientation professionnelle? Ou bien, accepter l’endettement moyen de 30,000 dollars par étudiant à la fin de mes études?
Non, je n’abdique pas. Je suis contre le principe de marchandisation de notre éducation. Je suis contre la restriction de l’accessibilité aux citoyens moins nantis. Je suis contre la banalisation de l’endettement étudiant.
L’éducation n’est pas un investissement, elle est un droit fondamental et elle permet aux individus de mieux comprendre et de mieux intégrer la société qu’ils habitent.
Recevez, Madame Beauchamp, mes plus sincères salutations.
Lucia Carballo, Étudiante en Études littéraires.
Madame Line Beauchamp,
Il y a dix ans, je suis arrivée au Québec. J’avais 14 ans à l’époque. Mon intégration et l’apprentissage du Français ont été très éprouvants, j’ai, donc, décidé de trouver refuge dans les livres. Et je suis restée pendant deux ans à lire en silence.
En 4e secondaire, mon professeur de français empruntait mes lectures à la bibliothèque, afin de mieux me comprendre. J’ai été invitée au Marathon intercollégial d’écriture en 2005. J’étais l’une des 5 étudiantes du niveau secondaire à être invitée.
En cinquième secondaire, une activité était organisée afin de nous permettre d’explorer notre futur milieu de travail. J’ai été le premier élève de mon école à faire un stage d’un jour avec un écrivain: Guillaume Vigneault. Mes résultats scolaires excellaient en chimie et physique. Par contre, mon français était médiocre. Lors de mon passage au niveau collégial, la décision logique à prendre aurait été celle d’étudier en sciences, car mes capacités cognitives se démarquaient dans ce domaine. Par contre, ma passion résidait dans les études littéraires.
J’ai été acceptée en Création littéraire au Cégep du Vieux Montréal à condition de suivre un cours de Français Mise à niveau. Tout au long de mes deux années d’études, j’ai côtoyé plus d’une cinquantaine d’écrivains dans le cadre d’ateliers, rencontres et conférences. J’ai plongé dans la culture québécoise, j’ai appris votre histoire et intégré votre culture avec autant d’ardeur qu’une pure souche. Je suis devenue Monitrice en Français langue seconde à l’Université du Québec à Montréal à l’âge de 21 ans. J’ai écrit et publié des poèmes dans la revue Estuaire. J’ai fait des traductions du Français à l’Espagnol des plus grands poètes contemporains québécois.
Aujourd’hui, je suis capable de dire à un nouvel arrivant qui est : Gaston Miron, Gerald Godin, Pauline Julien, Michel Tremblay, Rejean Ducharme, Richard Berdouillette, Denis Côté, Élise Turcotte, Gérald Leblanc, Michel Freitag, Fernand Dumont, Gabrielle Roy, etc.
Je travaille à la Commission d’immigration en tant qu’interprète et j’ai décidé de poursuivre mes études en lettres à l’Université du Québec à Montréal. Je dois avoir pris une mauvaise décision concernant mon orientation professionnelle. Car, j’ai décidé de devenir professeur de littérature et partager ma passion et mes connaissances avec des bancs vides. Tenant compte la position actuelle du gouvernement, l’accessibilité aux études supérieures des étudiants de la classe moyenne est sérieusement mise en péril.
Je vous demande une réponse concrète à mon cas particulier. En tant qu’étudiante qui ne bénéficie pas du programme de Prêts et bourses du Gouvernement, car mon père est trop riche. Il a un revenu moyen de 65,000 dollars par année, nous sommes trois enfants dans ma famille. Dites-moi, madame la ministre, comment devrais-je faire, afin de subvenir à mes besoins tout en étant étudiant à temps plein? J’occupe trois emplois gouvernementaux, je travaille jour et nuit sur appel et la hausse des frais de scolarité n’est même pas encore entrée en vigueur. En tant qu’étudiante-travailleuse, je dois être disponible à l’emploi 7 jours sur 7. J’accours à mes 3 cours et je remets mes travaux à temps. Les fins de semaine, le temps des fêtes et les vacances ne font pas partie de mon vocabulaire. Je travaille ou j’étudie.
Alors, tenant compte de la position du gouvernement que vous intégrez, devrais-je songer à une réorientation professionnelle? Ou bien, accepter l’endettement moyen de 30,000 dollars par étudiant à la fin de mes études?
Non, je n’abdique pas. Je suis contre le principe de marchandisation de notre éducation. Je suis contre la restriction de l’accessibilité aux citoyens moins nantis. Je suis contre la banalisation de l’endettement étudiant.
L’éducation n’est pas un investissement, elle est un droit fondamental et elle permet aux individus de mieux comprendre et de mieux intégrer la société qu’ils habitent.
Recevez, Madame Beauchamp, mes plus sincères salutations.
Lucia Carballo, Étudiante en Études littéraires.