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Hausse des droits de scolarité : Oui, nous sommes des étudiants décorés de carrés rouges

La hausse des frais de scolarité touche, directement et indirectement, une grande partie des Québécois. D’ailleurs, le nombre de lettres que nous avons reçues en lien avec ladite hausse en témoigne. En voici quelques unes.

Non, nous ne sommes pas des étudiants puants et irresponsables.

Nous sommes les enseignants, les écrivains, les avocats, les médecins, les ingénieurs, les physiciens, les psychologues et les politiciens de demain. Nous sommes la jeunesse québécoise, et malgré une mauvaise couverture médiatique et une pression énorme de la part des gens qui n’appuient pas notre mouvement, nous nous battons pour construire la société dont nous rêvons. Nous nous battons pour vous tous, que vous le vouliez ou non.

Oui, nous voudrions la gratuité scolaire. Même si la partie de la population qui appuie le dégel des frais de scolarité parle de cette gratuité scolaire comme d’une idée loufoque et ridicule, comme d’une lubie absurde, nous nous battons pour que tous les étudiants, même les plus démunis, aient la chance d’accéder à une éducation supérieure. Pour qu’ils puissent réaliser leurs rêves.

Pardonnez notre volonté de changer le monde.

Pardonnez nos rêves d’un Québec plus égalitaire.

Pardonnez notre ardeur, notre courage.

Notre détermination à faire avancer les causes qui nous tiennent à cœur.

Devant un gouvernement sourd, devant une fraction de la population aux yeux fermés, que pouvons-nous faire? Nous ne pouvons que marcher. Dans les rues, dans vos rues, dans nos rues. Ou nous asseoir. Devant les pavillons universitaires, dans les parcs, sur les trottoirs. Et nous laisser asperger par le poivre de cayenne des officiers de la justice, le cœur gros mais les yeux sur l’horizon.

« On avance, on avance! On recule pas! »

Nous connaissons les dangers, les risques et les éventualités de ce boycott étudiant. Nous savons tout ce que nous risquons. Nous savons aussi que nous ne voulons pas perdre la face devant un gouvernement qui marchandise l’éducation et qui engendre les inégalités sociales. Nous savons que nous ne faisons pas que fantasmer. Il est possible de faire changer les choses.

La population applaudie l’étudiant qui va en justice pour avoir le droit de retourner à ses cours. La population ne comprend pas que nous voulons exactement la même chose. Nous voulons avoir le droit d’aller à l’Université l’année prochaine. Nous voulons avoir le droit de conserver notre santé mentale et physique en bon état en n’étant pas contraints à travailler des cinquantaines d’heures par semaines pour payer notre session, tout en étant aux études. Nous voulons étudier. Tout le mouvement tourne autour de cette volonté que nous avons de nous éduquer, d’apprendre, de connaître et de comprendre.  Nous voulons retourner à l’école, c’est le gouvernement qui nous en empêche.

«  Un peuple instruit jamais ne sera vaincu! »

Il est temps d’ouvrir les yeux à un peuple endormi par le confort. Comment ne voyez-vous pas que ce que nous faisons, nous le faisons pour le Québec en entier? Nous le faisons pour vos enfants, pour vos petits enfants, qui pourraient vouloir devenir astronautes, cardiologues, dramaturges ou dentistes, et qui n’auraient pas à être brimés dans leurs choix par une marchandisation du savoir, par un gouvernement aveuglé par le capital. Nous le faisons pour le Québec de demain. Et d’après-demain. Pour votre Québec, notre Québec commun qui pourrait devenir une perle de l’égalité des chances, un modèle de mobilité sociale, de pensée collective et de démocratie véritable.

Traitez-nous d’égoïstes, si cela vous rassure. Criez-nous de retourner dans nos classes, si cela vous fait du bien. Mais nous savons que nous nous battons pour une cause noble. Nous ne plierons pas.

Vous verrez, un jour, comme le Québec peut être fort. Et surtout beau.

Vous nous remercierez, plus tard. Ou non. Bien libre à vous.

Mais vous ne pourrez plus dire que nous sommes une bande d’étudiants désorganisés et irresponsables, vous ne pourrez plus dire que nous ne pensons qu’à nous, vous ne pourrez plus dire que nous sommes violents et dangereux.

Nous avons le potentiel d’être quelque chose de marquant dans l’histoire du Québec.

Nous utilisons notre voix, notre faible et simple voix humaine. Nous nous époumonons pour l’avenir.

Roxanne Côté
Entrera prochainement au BAC en Études Littéraires