Conflit étudiant : Nous sommes tous étudiants
Alors que le gouvernement et les étudiants s’étaient enfin réunis autour d’une même table en début de semaine et que le dialogue a subitement avorté après moins de 48 heures, l’écrivain Gabriel Anctil nous a fait parvenir cette lettre dans laquelle il appelle le Québec au changement.
« Ce que nous avons été importe moins, à mes yeux,
que ce que nous deviendrons, si nous le voulons. »
– Pierre Vallière, Nègres blancs d’Amérique
Quel bonheur je ressens de voir ces étudiants qui par milliers se lèvent et marchent dans les rues du Québec. Ces jeunes à qui on reproche sans cesse de ne pas être politisés, de ne pas s’impliquer, qui nous renvoient aujourd’hui notre regard méprisant dans un miroir. Qu’ils sont beaux à voir avec leur espoir, leurs idéaux, leur volonté de construire un monde meilleur. Est-ce vrai? Est-ce que le vent printanier souffle et viendra réveiller ce gros ours québécois qui hiberne depuis trop longtemps? Je l’espère de tout mon cœur!
La dernière fois que j’ai mis les pieds dans une université, c’était il y a près de 10 ans. Depuis, les petites concessions de la vie se sont accumulées et je me retrouve aujourd’hui obligé de payer le gros prix, avec intérêts, pour pouvoir offrir à mes deux enfants une certaine qualité de vie. Mon quotidien se déroule entre le bureau, la garderie, l’école, la maison, les factures qui s’accumulent et les soucis financiers. Bref, je suis un membre à part entière de cette merveilleuse classe moyenne!
Alors lorsque je vois la jeunesse se révolter contre le manque de vision du gouvernement et revendiquer son droit le plus essentiel: celui d’exister et d’incorporer la société avec les meilleurs outils possible pour l’enrichir, ça m’interpelle. Je me rallie à leur cause de tout mon être. Ils sont courageux et malgré les coups, ils avancent et m’inspirent à m’impliquer et à réfléchir. C’est déjà beaucoup!
Si nous désirons évoluer comme société, nous nous devons de tout miser sur l’éducation. C’est la base de la démocratie. Des citoyens mieux éduqués deviendront de meilleurs travailleurs, plus spécialisés, qui sauront se démarquer dans ce marché du travail mondialisé. De plus, ils deviendront des électeurs mieux avisés, qui exigeront plus et mieux de leurs dirigeants. Nous détestons-nous à ce point qu’on veuille risquer l’avenir de notre Québec, notre qualité de vie et nos possibilités de nous épanouir en augmentant les frais universitaires? Est-ce un risque qu’il faut prendre? Je me dis que si nous sommes assez riches collectivement pour nous payer un aréna de 400 millions dont l’utilité reste hypothétique, nous pourrions assurément renflouer les coffres des universités pour qu’elles puissent davantage répondre aux besoins des étudiants.
La société devrait toujours, mais vraiment toujours écouter sa jeunesse, celle qui est encore libre, qui a encore le loisir de réfléchir au monde qu’elle veut bâtir. C’est toujours elle qui provoque des changements positifs dans les sociétés (on n’a qu’à penser au récent printemps arabe ou au Québec des années 60 et 70). C’est elle qui s’oppose aux puissants parce qu’elle n’a rien à perdre, parce qu’elle n’est pas encore corrompue. Et si elle en vient à devoir bloquer des ponts pour se faire entendre, c’est peut-être parce que le gouvernement refuse de l’écouter, de lui parler. Ce refus de dialoguer qui a duré vraiment trop longtemps, est aussi une forme de violence. La plus méprisante qui soit.
Il faut prendre position. Et je prendrai toujours position avec ceux qui croient que nous pouvons être meilleurs et qui voient l’avenir comme un grand chantier de possibilités. Tous les créateurs de la société, les artistes, les enseignants, les bâtisseurs de demain, les étudiants d’aujourd’hui, les travailleurs essoufflés, les concernés, les découragés, tous devraient mettre l’épaule à la roue et placer leur espoir en cette belle jeunesse qui s’implique et se lève. Donnons-nous la main pour qu’un vent de fraîcheur emporte le Québec dans un printemps nouveau, pour qu’on puisse rêver d’un Québec qui appartiendra entièrement à nos enfants, un Québec où ils pourront s’épanouir et où ils auront la possibilité de construire une société à leur image. Enlevons nos œillères et misons sur l’avenir. Nous sommes tous étudiants!
Gabriel Anctil, écrivain
Photo : Raphaël Ouellet
LA DÉMOCRATIE ET LA LANGUE FRANÇAISE
J’ai toujours pensé que le mot démocratie devrait s’écrire avec une majuscule (tout comme liberté d’ailleurs) En effet, ce terme ne devrait-il pas idéalement être considéré comme un nom propre puisqu’il ne désigne, en principe et dans l’absolu, qu’une seule entité unique (ni plus ni moins que le terme Dieu dans les religions monothéistes d’ailleurs)?
Pourtant, contrairement au mot Dieu, le terme démocratie s’écrit lui de façon très semblable dans de multiples langues : demokraci, demokratie, democracy, demokratiya, demokrazia, democràcia, demokrasi, demokratija, demokrati, democracia, democratiaeth, etc. Comme s’il était d’une grande importance qu’un maximum d’humains puisse le reconnaitre et le comprendre, un peu comme une notice d’urgence dans un bateau de croisière ou dans une trousse de survie. On peut rêver.
Pourtant, si on comparait le nombre de fois qu’il est invoqué au quotidien sur la surface de la terre par rapport au nombre de fois ou le mot Dieu est lui-même invoqué, je ne serais pas surpris qu’il sorte grand gagnant. Alors est-ce cette absence de majuscule qui le rend malgré tout perdant? Peut-être qu’avec une majuscule il serait à défaut d’être vénéré au moins au minimum respecté? On peut rêver.
En effet, on peut rêver, car même dans un pays (j’ai bien dit un pays) parmi ceux qui se targuent d’être les plus démocratiques au monde, le Québec, ce terme est galvaudé, bousculé, malmené, ignoré, méprisé, bref ridiculisé par ceux-là même qui se l’approprient et s’en gargarisent lorsqu’ils veulent se faire élire. Les politiciens. Pour ceux-là, que le d soit minuscule ou majuscule n’est qu’une question d’opportunisme.
Quand le sens des mots fluctue constamment selon l’humeur des dirigeants, c’est à se demander parfois si nous parlons la même langue!
La question de la hausse des frais de scolarité n’est pas sans me rappeler l’histoire de la tour de Babel. C’est parce que les étudiants parlent la même langue (au sens figuré) qu’ils se reconnaissent, se regroupent, se comprennent, font corps ensemble et deviennent menaçant pour les opportunistes cités plus haut. C’est à ce moment là que Jean Charest (dieu avec un très petit « d » en ce qui me concerne) les voit, et estime que s’ils arrivent à leurs fins (contrer la hausse des frais de scolarité), rien ne leur sera inaccessible (la gratuité pourquoi pas?).
Alors pour ne pas perdre le Nord entre autre il tente de brouiller leur langue, de les diviser afin qu’ils ne se comprennent plus et qu’ils se dispersent sur toute la surface du Québec.
Heureusement, nous ne sommes pas en Mésopotamie au temps de la genèse Monsieur Charest, et vous n’êtes pas Dieu. Nos étudiants ne sont pas en train de construire une tour de Babel, et les langues que vous parlez leur sont totalement incompréhensibles car vides de sens et que eux, parlent français.
Vos langues à vous sont fourchues, bifides pour symboliser vos propos diaboliques et mensongers, elles sont si reptiliennes qu’elles ne peuvent tourner qu’une seule fois dans votre bouche.
Elles sont de bois, car elles visent à dissimuler votre incompétence et votre réticence à tenir compte de ce que vos électeurs veulent vraiment.
Elles sont mortes car il n’existe que quelques locuteurs de votre acabit tels que Francois Legault et Pauline Marois pour les utiliser encore comme outil de communication dans la vie courante.
Si votre langue avait été soutenue, vous auriez dit franchement et dès le début aux étudiants que vous vous moquiez d’eux, cela aurait été clair dès le départ. Si votre langue avait été familière, vous leur auriez dit que vous vous fichiez d’eux, ça aussi cela aurait été clair, mais force est de constater que votre langue est vulgaire, ce que vous leur dites dans le fond, c’est que vous n’en avez carrément rien à foutre, de leurs revendications.
Votre langage est obscur, grossier et condescendant, monsieur Charest. Vous ne parlez pas la même langue que les étudiants du Québec et de ceux qui les soutiennent et ils sont nombreux.
Au Québec, on parle français monsieur Charest! Va-t-il falloir vous le mimer qu’on veut que vous démissionniez?
Bruno Desbois, père de quatre étudiants et professeur de dizaines d’autres.
26 avril 2012
Franchement, quel ramassis de clichés et de phrases toutes faites! Si ce monsieur Gabriel Anctil est réellement un écrivain, ces romans ou ses nouvelles doivent toutes commencer par « c’était une nuit orageuse… » et se terminer par « et ils vécurent heureux ». Je pense que l’auteur a pioché dans le dictionnaire des lieux communs pour trouver toutes ses allusions à un monde meilleur, le courage et l’implication, le vent de fraicheur et le point d’exclamation final! Le dernier paragraphe est d’une platitude et d’une banalité admirables, de tels niveaux d’insignifiance ne sont d’habitude atteints que dans les hymnes nationaux.
Non seulement le texte n’a rien d’original, mais surtout il est plein de sophismes, de mensonges et de demi-vérités. L’auteur se plaint d’être passé par l’université, il nous avoue que ça l’a conduit à mener une vie médiocre. Il prétend que le gouvernement nie aux étudiants le droit d’exister, il utilise les 400 millions de l’amphithéâtre de la manière la plus mesquine possible, il mêle des mots pour parler de démocratie et de violence et en fin de compte, il se ridiculise avec l’énorme sourire de devoir accompli.
Bref, avec des amis comme ça, le mouvement des étudiants n’a pas besoin d’ennemis.
quand on est « père de quatre étudiants et professeur de dizaines d’autres, monsieur Desbois, on ne leur demande pas de « lever la main » quand ils pensent comme vous…on leur apprend à réfléchir par eux-mêmes, et aux élections, on leur intime l’ordre sans appel d’aller voter selon leur conscience, et non pas selon vos désirs…
Je ne comprends pas en quoi vos commentaires ont un rapport avec mon texte. Je ne demande à personne de lever la main. Je ne demande à personne de penser comme moi. J’admire la détermination des jeunes et j’approuve la cause pour laquelle ils revendiquent. Ceci dit, je ne partage jamais mon point de vue politique personnel avec mes étudiants dans le cadre de mes cours ni ailleurs en tant que professeur. Par contre, oui je leur apprend à réfléchir par eux-mêmes. Quant à mes fils, ils n’ont pas tous la même opinion que moi et j’en suis ravi car ils savent défendre leurs postions. Mais ne compter pas sur moi pour intimer l’ordre d’aller voter aux élections à qui que ce soit. Nous sommes encore en démocratie que je sache. De toute façon, je crois que cette fois-ci, les jeunes iront voter massivement avec enthousiasme et selon leur conscience (j’espère malgré tout que ce ne sera pas dans le même sens que vous…
Serait-ce donc à dire, Monsieur Desbois, que les étudiants et étudiantes arborant bien en vue un «carré rouge» ne pourront pas aller voter à mains levées lors de la prochaine élection? Qu’ils devront par conséquent se résigner à s’exprimer démocratiquement cette fois… dans des isoloirs?
Et sans empêcher non plus les autres étudiants de pouvoir également – enfin! – aller voter dans des isoloirs? Tout comme le reste de la population?
Assisterons-nous alors au retour de cette «Démocratie» nous ayant si cruellement fait faux bond ces derniers mois? Parce que ça, ce serait un vif soulagement!
Merci de nous redonner un peu d’espoir, Monsieur Desbois.
J’ajouterais que si j’ai précisé que j’étais père de quatre étudiants et professeur de dizaines d’autres, c’est uniquement pour que le lecteur me situe par rapport à eux et pour qu’il comprenne aussi pourquoi je suis particulièrement concerné et préoccupé par ce qu’ils revendiquent!
Et moi aussi je suis étudiante, pour la vie même à 52 ans parce que ça fait un p’tit boutte qu’on voulait faire quelque chose, on ne savait pas par où commencer ni comment réagir à nos frustrations, on en parlait pourtant, beaucoup de monde en parlait, c’était dans l’air et puis là ce sont les étudiants qui ont partis le bal ça fait que je ne leur dirait pas de retourner à l’école puis de se la fermer quand même. C’est vrai que c’est la jeunesse qui peut faire cela, elle a le temps, l’énergie, la solidarité que les plus vieux n’ont plus. Moi si j’ai tout cela par contre c’est que je me sens ÉTUDIANTE. Aujourd’hui nous sommes tous étudiants! merci pour votre texte
Quel que soit l’issue du conflit entre nos jeunes étudiants et le gouvernement de Jean Charest, nous aurons tôt ou tard à considérer que les étudiants ont fait ce que nous aurions dû faire, nous les plus vieux, ce depuis longtemps : protester en manifestant de jour en jour.
Voilà 9 ans que ce gouvernement patauge de scandale en scandale.
Voilà 9 ans que nous protestons mollement devant la corruption érigée en système par ce gouvernement. Voilà 9 ans que nous le laissons aller, en nous disant, à 76%, que nous le répudierons lors des prochaines élections.
Voilà ce qui a permis à ce gouvernement de devenir et de se maintenir à titre de gouvernent le plus corrompu de toute l’histoire du Québec.
Voilà ce qui a permis que nos corps policiers soient devenus à la solde de ce gouvernement, poivrant et matraquant tous ceux et celles qui n’acceptent pas cette soi-disant « démocratie » aux 4 ans.
Un corps de police (SQ) qui menace et qui arrête des journalistes, question de faire peur à l’ensemble de nos chiens de garde, afin qu’ils ne fouillent pas trop les faits et gestes de ce gouvernement. Un corps de police (Montréal) qui matraque notre jeunesse un peu trop récalcitrante, un peu trop « lucide ».
Mais voilà – enfin – un groupe important de notre société qui se lève et qui dit, « ça suffit ! » :
Les étudiants.
Pour cette importante faction de notre société, la démocratie ne s’applique pas qu’aux 4 ans. Pour elle, la démocratie est une affaire quasi quotidienne et directe.
Gabriel Nadeau-Dubois ne cesse de répéter qu’il n’est pas un « leader », mais bien un porte-parole des étudiants. Qu’il n’a pas à prendre des initiatives, sans tenir compte de ce qu’en disent ceux qu’il représente. Et voilà qu’on le démonise.
Heureusement, les deux représentants sont aussi solides et solidaires de M. Nadeau-Dubois.
Ce jeune homme intelligent, brillant, articulé fait face au pouvoir.
À toute la machine du pouvoir, incluant SQ et la police municipale. Un pouvoir démesuré, violent, policé : Un pouvoir aux 4 ans.
Un pouvoir qui matraque nos jeunes et qui les déclare « illégaux » parce qu’ils manifestent leur écœurement. Le même que le nôtre, pourtant.
Mais que nous, les plus vieux, n’osons plus affronter.
Alors, une majorité d’entre nous oublie toutes les manigances, toute la corruption de ce gouvernement et finit par se soumettre et par l’approuver. Parce les braves gens ont peur.
Peur du changement. Peur d’une autre démocratie.
Peur d’une démocratie directe et quotidienne qui n’accepte pas que le gouvernement abuse du pouvoir qu’on lui a donné.
Une démocratie active qui va manifester tant qu’il le faudra pour faire comprendre au pouvoir en place que même élu, cela ne lui permet pas les abus ! Fatiguant ? Oui ! Mais juste.
Le gouvernement crie à l’anarchie ! Sa police déclare les manifestations illégales. Elle poivre et matraque.
Mais qui est anarchique ? Qui est illégale ?
Celui qui usurpe son pouvoir pour corrompre et pour empêcher qu’on proteste contre ses abus ?
Ou ceux et celles qui veulent empêcher ces ignobles abus ?
À propos, en Droit, un abus de pouvoir n’est pas un droit.
Monsieur Desbois, vous ne comprenez pas mon texte parce que vous ne savez pas lire .Ou vous ne voulez pas le lire comme il faut. Et vous concluez votre réponse à mon texte sur une sottise en incitant vos étudiants virtuels à aller voter: »…et j’espère malgré tout que ce ne sera pas dans le même sens que vous ». Et cela devant toute la CLASSE des lecteurs de VOIR.
En lisant votre conclusion, je comprends mieux pourquoi je me suis fait crisser dehors de toutes les écoles. J’étais un mauvais élève.
Mais au moins, je ne fais pas de faute d’orthographe…
Peut-être que si je ne sais pas vous lire comme il le faut c’est peut-être que vous ne savez pas vous exprimer comme il le faut… Mais qu’importe, cette discussion est stérile, on ne se comprend ni l’un ni l’autre, c’est bien évident.
Et puis, si vous êtes à droite, j’espère en effet que les jeunes ne voteront pas dans le même sens que vous. Ce n’est qu’un vœu. Ils feront bien ce qu’ils jugeront bon de faire. Vous semblez me donner un pouvoir sur eux que je n’ai pas. Vous semblez également croire que les lecteurs de Voir sont incapables de penser par eux-mêmes, c’est beaucoup les sous-estimer je crois.
Quant à l’orthographe… malheureusement Voir ne permet pas de corriger un texte une fois qu’il est en ligne, mais j’attendais ce commentaire de votre part. Autant pour moi. Ça m’apprendra à être trop spontané. C’est sans excuse, mais tout de même, ce n’était pas le prof qui écrivait ce texte mais un citoyen un peu pressé. Mais bon, qu’importe, je vous laisse ce petit plaisir (on dirait bien que c’est vous qui jouez au prof là!)
En ce qui me concerne, j’ai trouvé que vos premiers commentaires n’avaient absolument aucun rapport avec ce que j’avais écrit et que vous étiez bien agressif. Vous vous êtes simplement arrêté sur le fait que j’étais prof pour me prêter des intentions que je n’avais pas.
Je m’en tiendrai là. Sur ce, je vous souhaite une excellente journée.