Hausse des droits de scolarité : Nous sommes avec vous !
Je pense que

Hausse des droits de scolarité : Nous sommes avec vous !

Alors que le conflit étudiant perdure depuis maintenant douze semaines, un collectif d’auteurs nous a fait parvenir aujourd’hui ce texte en appui aux quelque 180 000 étudiants encore en grève.

« Je suis sur la place publique avec les miens
la poésie n’a pas à rougir de moi
j’ai su qu’une espérance soulevait ce monde jusqu’ici »
– Gaston Miron

Nous sommes des écrivains, des auteurs, des gens de mots et nous utiliserons ces derniers pour dénoncer l’attaque sans merci que livre depuis des mois le gouvernement Charest aux étudiants du Québec. Ne tournons pas autour du pot : nous assistons actuellement à une tentative d’écrasement de tout un pan de la société québécoise qui a osé s’opposer, d’abord timidement, longuement pacifiquement, aux intentions des libéraux qui désiraient monnayer le savoir comme un produit de consommation. Il se trouve que ces empêcheurs de tourner en rond sont les fils et les filles du Québec, notre plus grande ressource naturelle, sur qui repose le sort de notre peuple.

D’abord, ce fut la sourde oreille, le mépris, la fin de non-recevoir devant ces étudiants, nombreux, qui ont refusé de payer l’impôt du roi, alors qu’ils peinent à survivre. Ils se sont tenus et ont organisé de nombreuses manifestations, dont l’une des plus grandes de l’histoire du Québec, le 22 mars dernier, alors qu’il y avait 200 000 personnes dans la rue. Mais ce n’était pas assez pour le gouvernement qui a répondu en encourageant les étudiants à franchir les piquets de grève. La tension a monté. La colère aussi. Alors les policiers ont sorti les gaz, le poivre et les matraques et ont frappé, blessé et emprisonné par centaines les étudiants, les professeurs et tous ceux qui osaient s’opposer à la parole du tout-puissant. Celui-ci a de plus ridiculisé, devant un parquet qui ne pouvait plus arrêter de rire, cette canaille qui voulait s’instruire convenablement. Combien de temps un enfant qui est ignoré par son père peut-il s’adresser à lui sans monter le ton ? Combien de temps peut-il ainsi être méprisé sans se fâcher ? Qui violente qui dans cette situation ?

Pour la suite du monde, nous vaincrons de la peur, des mensonges et des sophismes par milliers. Pour la suite du monde, nous vaincrons de ceux qui veulent nous garder petits, car ensemble, nous sommes grands. Pour la suite du monde, nous nous souviendrons longtemps de ces élites méprisantes que nos voix dérangent, que nos opinions empêchent de brasser des bonnes affaires et d’engranger des profits juteux. Pour la suite du monde, nous nous souviendrons longtemps de ces médias à la couverture médiatique variable, et de leurs chroniqueurs et éditorialistes malhonnêtes. Pour la suite du monde, nous nous souviendrons longtemps de ces étudiants courageux qui nous auront servi la plus grande leçon de démocratie et de solidarité de ce jeune siècle et qui par le courage de leurs convictions, auront pavé la voie à un Québec qui se réveille, à une rue qui hurle sa présence et qui exige qu’on l’écoute, pour que l’avenir soit plus lumineux que le passé, pour que cesse la liquidation pure et simple de son territoire, de ses ressources et de son savoir.

Mais le mépris n’aura qu’un temps ! De cette révolte est né l’espoir et de cet espoir naîtra un Nouveau Québec que construira avec créativité et liberté les réprimés d’aujourd’hui. Ne lâchez pas ! Votre parole vaincra !

Collectif d’auteurs

Gabriel Anctil, Normand Baillargeon, Jean Barbe, Mathieu Barrette, Jimmy Beaulieu, Jacques Bérubé, Nicolas Chalifour, Martine Delvaux, Nadia Gosselin, François Leblanc, Michel Leblond, Tristan Malavoy-Racine, Catherine Mavrikakis, Elsa Pépin, Christine Portelance, Pierre Szalowski, Jocelyn Pelletier, Simon Paquet, Patricia Posadas, Michel Vézina.